Après presque dix ans d’une bataille judiciaire acharnée, le verdict est enfin tombé pour Michel Platini et Sepp Blatter. La décision de la justice suisse clôt-elle définitivement ce dossier qui a bouleversé le monde du football ?
AFP
AFPUne nouvelle victoire judiciaire pour les deux anciens dirigeants
Le long feuilleton judiciaire opposant Michel Platini et Sepp Blatter à la justice suisse a connu son épilogue ce mardi matin. À Muttenz, près de Bâle, les trois juges de la cour d’appel extraordinaire du Tribunal pénal fédéral (TPF) ont de nouveau acquitté les deux hommes, comme en première instance en 2022.
Ce verdict marque une nouvelle victoire pour l’ancien président de l’UEFA et l’ex-patron de la FIFA, qui étaient accusés dans l’affaire du paiement de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros). Pour le parquet, cette somme versée en 2011 représentait une fraude. Mais la justice suisse a, une fois de plus, estimé que les preuves d’escroquerie n’étaient pas suffisantes.
AFPUn procès qui remonte à l’affaire du FIFAgate
Tout commence en 2015, dans le sillage du scandale du FIFAgate. À cette époque, Sepp Blatter est contraint à la démission, et Michel Platini, qui semblait promis à lui succéder à la tête de la FIFA, se retrouve lui aussi emporté par la tempête. L’affaire qui leur vaut aujourd’hui un acquittement, porte sur le paiement tardif de 2 millions de francs suisses à Platini, alors que celui-ci avait conseillé Blatter entre 1998 et 2002.
Bien que ce versement ait été considéré comme une « fausse facture » par l’accusation, les deux anciens dirigeants ont toujours défendu la légitimité de cet argent. Selon eux, il s’agissait du règlement différé d’un salaire prévu dès l’origine dans un « accord de gentlemen », oral et sans témoins.
« Le motif de la présente procédure était uniquement d’empêcher Michel Platini de devenir président de la FIFA », avait dénoncé Me Dominic Nellen, avocat de Platini, dénonçant un coup monté contre son client.
AFPUne peine avec sursis requise, mais un nouvel acquittement prononcé
Lors de l’audience du début mars, le parquet suisse avait requis une peine de un an et huit mois de prison avec sursis, bien inférieure aux cinq ans encourus initialement. Finalement, comme en juillet 2022, la justice a estimé que la fraude ne pouvait être prouvée avec une certitude absolue et a opté pour l’acquittement.
Un ultime recours en cassation devant le Tribunal fédéral suisse reste possible, mais uniquement pour des motifs juridiques limités. Après près de dix ans de procédure, cette nouvelle décision pourrait bien marquer la fin définitive de cette affaire.
AFPUn accord oral difficile à prouver
Sur le plan juridique, l’affaire reposait sur une question essentielle : ce paiement était-il une escroquerie ou la conclusion d’un contrat tacite ?
D’un côté, la défense a toujours affirmé qu’un salaire annuel d’un million de francs suisses avait été convenu entre Platini et Blatter, mais que la FIFA n’avait pas les ressources à l’époque pour honorer cette rémunération. Blatter avait ainsi assuré que Platini « valait son million », et ce dernier avait raconté leur accord avec une anecdote marquante :
« J’ai voulu un peu plaisanter et j’ai dit ‘un million de ce que tu veux : des roubles, des pesetas, des lires’. Et M. Blatter a dit ‘1 million de francs suisses’ ».
Pour le procureur Thomas Hildbrand, cette version ne tenait pas, car le contrat signé en 1999 mentionnait une rémunération de 300 000 francs suisses par an, montant qui avait bien été réglé intégralement. Aucun document ne venait justifier un éventuel complément salarial.
AFPLe spectre du conflit d’intérêts
Si la justice a tranché en faveur des deux accusés, certaines zones d’ombre demeurent. Le parquet suisse avait mis en avant une possible corrélation entre ce paiement et la réélection de Blatter à la présidence de la FIFA en 2011, pointant un soupçon de corruption.
Toutefois, cette hypothèse a été balayée par le tribunal et par Me Lorenz Erni, avocat de Blatter, qui a souligné que le procureur lui-même « a considéré cette hypothèse comme non prouvée ».
De son côté, la défense de Platini a réclamé une réparation morale, estimant que cette affaire avait ruiné sa carrière et terni son image alors qu’il était pressenti pour devenir président de la FIFA.
AFPUne affaire qui laisse des traces
Si Michel Platini et Sepp Blatter ont remporté cette bataille judiciaire, ils n’ont jamais retrouvé leur place au sein du football mondial. Écartés de leurs fonctions et suspendus par la FIFA dès 2015, les deux hommes ont vu leurs ambitions anéanties.
Avec ce nouvel acquittement, l’histoire pourrait enfin être derrière eux. Mais l’ombre du scandale du FIFAgate et les conséquences de cette affaire sur leur réputation resteront, elles, bien présentes.