Arne Slot sore loser GFXGetty/GOAL

Accusations, excuses et crise de confiance : Arne Slot, la face cachée du successeur de Klopp

Après trois revers consécutifs contre Crystal Palace, Galatasaray et Chelsea, la défaite à domicile dimanche face à l'ennemi juré, Manchester United - la première des Red Devils à Anfield depuis neuf ans -, semble avoir poussé Slot au bord de la rupture.

Personne n'aime perdre contre un rival, surtout chez soi. Mais la réaction du coach néerlandais a des allures de fuite en avant. Face aux caméras, il aurait pu endosser une part de responsabilité et analyser les maux de son équipe. Au lieu de cela, il a multiplié les piques à l'encontre de United et de la tactique de Ruben Amorim.

Malgré son calme apparent, son discours trahissait une frustration très "Klopp-esque", son prédécesseur étant lui-même un célèbre mauvais perdant. Mais dans la tempête, l'Allemand savait prendre ses responsabilités. Une leçon que Slot va devoir vite apprendre s'il veut éviter que la crise ne s'installe durablement.

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    Quand le masque se fissure

    Toujours maître de lui depuis son arrivée, Arne Slot a vu sa patience mise à rude épreuve dimanche. Si la façade est restée intacte, ses mots, soigneusement choisis, trahissaient sa véritable humeur. Entre le but victorieux de Harry Maguire à la 84e minute et ses interviews, le coach avait visiblement préparé sa ligne de défense.

    Plutôt que d'assumer ou d'incriminer ses joueurs, il a préféré truffer son analyse de critiques à peine voilées contre United, répétant en boucle sa complainte sur le « bloc bas » et les « longs ballons » à tous les micros qui se tendaient. Une critique qu'il avait déjà formulée après un match nul en janvier.

    « C'est toujours difficile de jouer contre une équipe qui défend en bloc bas avec de longs ballons, a-t-il déclaré sur Match of the Day. Si vous m'aviez dit avant le match qu'on se créerait autant d'occasions contre une telle équipe, vous n'auriez jamais pensé qu'on perdrait. Mais c'est arrivé. »

    Ironiquement, les statistiques contredisent son discours. Liverpool a tenté 27 longs ballons, contre 18 pour United. Bien que les Reds aient eu la possession, ce sont eux qui ont le plus usé de ce stratagème, sans l'efficacité de leur adversaire.

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  • Sous le feu des critiques

    Alors que Liverpool a désespérément besoin de faire son autocritique, les commentaires de Slot n'ont fait qu'attiser le feu médiatique, lui valant les qualificatifs de « mauvais perdant » et d'« aigri ».

    Même avant le coup d'envoi, il avait surpris en se plaignant du choix d'Amorim de laisser Benjamin Šeško sur le banc. « On s'attendait à voir Šeško, mais ils viennent à Liverpool et changent leur composition. Ce n'est pas la première fois que ça nous arrive », avait-il glissé, comme pour se préparer une excuse préventive. Une sortie jugée « pathétique » par de nombreux supporters rivaux.

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    L'heure d'assumer ses responsabilités

    Certes, Slot a bien évoqué les occasions manquées par son équipe. Mais sa tendance à pointer du doigt l'arbitrage, qui n'a pas arrêté le jeu sur la blessure à la tête d'Alexis Mac Allister juste avant le premier but de United, sonne comme un aveu de désespoir.

    « La raison de notre défaite, c'est que nous avons raté beaucoup trop d'occasions », a-t-il finalement concédé. C'est un début, mais après une quatrième défaite de rang — une première depuis plus de dix ans —, le coach doit creuser plus profond.

    Le contraste avec Klopp est saisissant. En avril 2024, alors que le titre s'envolait après une défaite contre Everton, l'Allemand avait déclaré : « Ce n'était pas notre premier mauvais match, mais c'était le pire. Qui puis-je tenir pour responsable de ça ? C'est mon travail, jusqu'au dernier jour, de m'assurer que les garçons le ressentent. » Une introspection dont Slot ferait bien de s'inspirer.

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    Des choix forts à l'horizon

    Cette prise de responsabilité devra se traduire par des décisions courageuses. Contre United, Slot s'est obstiné à aligner des joueurs en méforme, du défenseur Miloš Kerkez au buteur Alexander Isak, recruté pour près de 150 millions d'euros, en passant par le talisman Mohamed Salah.

    Pendant ce temps, Hugo Ekitike, Florian Wirtz, Jeremie Frimpong, Andrew Robertson, Federico Chiesa ou encore Joe Gomez prenaient leur mal en patience sur le banc. L'heure est venue de faire tourner et de sortir certains cadres de la ligne de mire. Ekitike est sans doute le meilleur joueur de Liverpool cette saison, Chiesa a prouvé son impact en quelques minutes de jeu, et Wirtz, l'avenir du club, doit jouer.

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    Le cas Mohamed Salah

    La décision la plus courageuse concernera Mohamed Salah. Brillant la saison passée, l'Égyptien n'a plus marqué dans le jeu depuis la première journée de championnat. Sa dernière réalisation, sur penalty, remonte au 14 septembre. Sa crise de confiance était palpable sur cette énorme occasion manquée dimanche, juste avant que Slot ne le remplace, comme un aveu d'impuissance.

    La légende du club, Jamie Carragher, a été très clair : « Nous en sommes au point où Mo Salah ne devrait plus être un titulaire indiscutable. Surtout à l'extérieur, où il faut défendre. A-t-il encore les arguments pour contester ? »

    Interrogé sur le sujet, Slot a préféré botter en touche : « Je ne pense pas que ce soit le moment de parler des performances individuelles. »

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    « Nous allons de nouveau gagner des matchs »

    Malgré son amertume, Slot a au moins reconnu l'ampleur du défi. « La vie d'un entraîneur est un défi permanent, a-t-il admis. Mais perdons-nous confiance ? Je ne le crois pas, car à chaque match, nous nous sommes créé un nombre incroyable d'occasions. Si nous continuons sur cette voie, nous allons de nouveau gagner des matchs. »

    Pour surmonter ces défis, Slot doit abandonner les piques d'après-match, assumer ses responsabilités et analyser lucidement ce qui ne va pas. La saison de Liverpool n'est pas encore perdue, mais le Néerlandais fait face au plus grand test de sa carrière.

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