Il n’y avait qu’à voir le nombre de journalistes et de nationalités représentées lors de la présentation de Neymar Jr au Parc des Princes vendredi dernier pour comprendre l’ampleur de l’évènement. De l’Espagne en passant par le Brésil, la Colombie ou le Japon, tous s’étaient pressés pour assister à l’arrivée de celui qui est une véritable icône mondiale. Plus de 300 demandes d’accréditations pour une salle d’une capacité de 200 places. Une autre preuve de l’engouement suscité par l’évènement. Mais celui-ci ne devrait pas être un cas isolé puisque les prochaines sorties de la star devraient également attirer les médias de la planète entière. Une aubaine pour la Ligue 1 qui devrait profiter, au moins à court terme, de l’intérêt pour le Brésilien.
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Un coup de projecteur sur la Ligue 1 ?
Le Championnat de France est à la traîne par rapport aux quatre autres grands championnats européens. Lorsque la Ligue 1 encaisse 80 millions d’euros par saison à l'international pour la retransmission de ses matches, LaLiga, par exemple, récolte pas moins de 700 millions d’euros. C’est plus d’un milliard pour la Premier League qui est le champion incontesté. Un écart considérable qui ne pourra pas être comblé avec le seul Neymar, mais il pourrait bien être diminué. Car en France, on compte bien profiter de ce rôle d’ambassadeur qu’il devrait jouer, malgré lui, dès sa première sur les pelouses de L1 pour attirer la lumière et la curiosité à l’étranger. C’est en ce point que la notoriété de la star brésilienne est un enjeu capital. Le prochain appel d’offre pourrait être nettement plus conséquent que le dernier car les revenus liés devraient également l’être. En effet, le diffuseur beIN Sports commercialise seul les droits TV de la Ligue 1 à l’international et verse sous forme de garantie 80M€ à la Ligue de football professionnel. Si la chaîne qatarie voit ses recettes augmenter, la Ligue 1 grandira également et la LFP aussi, en encaissant 50% des recettes supplémentaires.
Si la perspective est alléchante, il faudra tout de même se montrer patient afin de réduire le gouffre qui existe avec la Premier League : "Les recettes vont croître, c’est certain, nous explique Jean-Pascal Gayant, professeur d'économie et spécialiste de l'économie du sport. La Ligue 1 va gagner en notoriété. Mais dans quelle mesure et à quel rythme, on ne peut pas le savoir. On peut espérer peut-être atteindre les 200-300 millions d’euros annuels lors de la vente des droits, ce serait une réussite. Mais ce ne sera pas avant 4 ou 5 ans. Il faut rester prudent. Il n’existe aucune certitude car le contexte ne repose que sur un seul joueur. Une individualité ne fait pas la notoriété d’une ligue entière. Les nouveaux diffuseurs pourraient être frileux à moins que le PSG n’offre un spectacle exceptionnel chaque semaine. Il faut aussi savoir que si en France, l’arrivée de Neymar est un évènement, on prend nettement plus de recul à l’étranger."
Un coup dur pour LaLiga ?
LaLiga entrera, de son côté, en négociations prochainement pour la vente de ses droits TV à l’étranger. L’accord actuel court jusqu’en 2019. Même si elle compte toujours dans ses rangs les deux fers de lance que sont Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, elle vient de perdre sa troisième figure phare. Neymar était, derrière les deux cités, le 3e joueur évoluant en Espagne ayant vendu le plus de maillots dans le monde la saison dernière*. La perte d’un élément aussi important aura forcément des répercussions, même si elles sont encore compliquées à définir. Javier Tebas, le patron de la Ligue espagnole, avait d’abord refusé le paiement des 222 millions d’euros de la clause libératoire de l’ancien barcelonais, sans doute conscient du manque à gagner. La saison dernière, 51% des revenus de LaLiga provenaient des droits TV**. Il faut dire qu’elle a consenti à des efforts pour s’exporter en proposant notamment, depuis quelques saisons, des affiches à 12h afin d’être diffusées aux heures de grande écoute en Asie. Lors de la dernière négociation, les prix avaient même explosé au point d’espérer, de l’autre côté des Pyrénées, se rapprocher de la Premier League. Neymar parti, le rapport de force pourrait ne pas être tout à fait le même.
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Les zones amsud et Asie déterminantes
L’enjeu majeur des renégociations de droits télévisuels dans les années futures – que ce soit en France ou en Espagne – résidera dans les zones où Neymar jouit d’une très forte popularité et dans lesquelles le Championnat de France – et le PSG – veut s’implanter. Il suffit de s’intéresser de plus près à sa portée sur les réseaux sociaux pour comprendre l’impact qu’il pourrait avoir sur la Ligue 1 et ses recettes. Sur le seul Facebook, le natif de Sao Paulo totalise plus de 60 millions de fans. Sa renommée n’est plus à faire en Amérique du sud où il compte presque 22 millions d’abonnés avec un pic dans son pays, le Brésil, avec plus de 16 millions*** de compatriotes qui le suivent au quotidien. Si on y ajoute l’Amérique du Nord, on atteint quasiment les 26 millions de fans. Des chiffres impressionnants. "Il est possible qu’en Amérique du sud et en Asie notamment, les diffuseurs aient envie de casser leur tirelire, ajoute Jean-Pascal Gayant. Il y en aura aussi de nouveaux qui permettront de faire monter les enchères. Mais il n’y aura pas d’effet immédiat."
En Asie aussi, il soulève les foules. Quasiment 10 millions de personnes le suivent au quotidien, et 2,5 millions rien qu’en Inde. Sa dernière tournée promotionnelle cet été en Chine témoigne un peu plus de sa notoriété mondiale. Cette dernière sera mise au service du club parisien qui y a déjà débuté son opération séduction depuis quelques années. Un créneau sur lequel s'est aussi positionnée la LFP. En février dernier, elle inaugurait son bureau FFF-LFP de développement et de coopération à Pékin. Un moyen, notamment, de valoriser les compétitions française et développer l'exposition audiovisuelle. "Trois ans après l’organisation du Trophée des Champions à Pékin, nous sommes très heureux de revenir en Chine avec l’ouverture de ce bureau, avouait Nathalie Boy de la Tour, Présidente de la LFP. C’est une démarche inédite dans l’histoire du football français, qui matérialise nos ambitions à l’international." Avec Neymaren chef de fil, c’est toute la Ligue 1 qui se frotte les mains.
*Total Sportek
**Deloitte
***Ecofoot.fr


