L'équipe de France U17 se rend à Belgrade (Serbie) pour participer au tour Élite des éliminatoires du championnat d'Europe 2019 qui se jouera du 3 au 19 mai en République d'Irlande. Dans le groupe 8, les Bleuets seront opposés à la Suède mardi (12h), la Serbie vendredi (17h) et la Slovaquie le lundi 1er avril (14h). Ils auront l'ambition de se qualifier en sachant que seuls les vainqueurs de chaque groupe et les sept meilleurs deuxièmes valideront leur billet pour l'Euro. Le sélectionneur Jean-Claude Giuntini parle des enjeux de ce rendez-vous à Goal et présente cette génération uniquement composée de joueurs nés en 2002.
Quelles sont les qualités de l'équipe de France U17 et dans quel état d'esprit abordez-vous le tour Élite en Serbie ?
Jean-Claude Giuntini : On a une belle complémentarité avec des joueurs qui commencent à grimper dans les catégories. Il y a de la fluidité, de l'aisance technique et beaucoup d'impact athlétique. Je ressens beaucoup de plaisir et d'envie. Les garçons sont très généreux, ils ont envie de faire les choses ensemble. Cette semaine, on a démarré par des entraînements intensifs et on s'est lancé dans une phase de récupération pour pouvoir être dans un état de fraîcheur intéressant parce qu'il ne faut pas oublier qu'ils sont dans un âge où les sollicitations sont nombreuses. Certains joueurs peuvent déjà être amenés à jouer la Gambardella, la Youth League, le championnat U19 voire même en N2 ou en N3 face à des adultes. On a fait des tests physiques jeudi et de ce côté là les voyants sont plutôt au vert.
Que pouvez-vous nous dire sur la Suède, la Slovaquie et la Serbie, qui seront vos adversaires ?
Ces équipes s'inscrivent dans la lignée du football pratiqué par les A. Il y aura beaucoup de rigueur et d'intensité. On va commencer par les Suédois. On s'attend à affronter des joueurs athlétiques et véloces, avec une bonne organisation et beaucoup de discipline. Les Slovaques ont les mêmes caractéristiques, avec certainement des joueurs talentueux. Et les Serbes ont aussi des joueurs brillants. Ils seront déterminés sachant qu'ils jouent à domicile.
>> Les joueurs convoqués en équipe de France U17Lors des derniers matches remportés face au Danemark (2-1, 4-1), Lucien Agoume et Georginio Rutter ont hérité du brassard. Qu'est-ce qu'un bon capitaine dans cette catégorie d'âge et le brassard sera-t-il changeant lors du tour Élite ?
Un bon capitaine doit avoir une certaine maturité. Il doit avoir une influence positive sur le groupe en apportant de la sérénité et de la confiance. C'est valable chez les jeunes comme en séniors. Les brassards pourront évoluer durant le tournoi parce que les matches seront rapprochés et intenses. Il faudra aussi gérer les états de forme, les éventuels cartons et les sanctions. Tout le monde devra être concerné et le choix du capitaine va avec tout ça.
En équipe de France A, par exemple, Hugo Lloris a clairement été désigné capitaine par le sélectionneur. En Espoirs, c'est le cas aussi pour Abdou Diallo. La logique n'est donc pas la même pour les U17.
Effectivement, la logique n'est pas la même. Le capitanat change très souvent en fonction des compositions d'équipe. Aujourd'hui, il y a un petit conseil des sages qui s'est formé avec Agoume (Sochaux), Kouassi (PSG) et Rutter (Rennes). Agoume est un garçon mature, paisible et qui donne de la confiance autour de lui, donc c'est lui qui est plutôt en priorité. Mais on sait qu'à cet âge-là, tout n'est pas figé. Beaucoup de choses peuvent se passer d'un match ou d'un rassemblement à l'autre.
"Une génération en construction, qui avance et qui progresse"
Vous avez remporté l'Euro U17 en 2015. Cette semaine, avec les Espoirs, on ne retrouvait que deux joueurs champions d'Europe avec vous (Ikoné, Reine-Adélaïde). Ce qui prouve que la réalité d'un jour n'est pas toujours celle du lendemain. Est-ce votre rôle d'alerter les joueurs sur le fait que rien n'est acquis ?
C'est une de nos missions. Les statistiques, les titularisations et les sélections parlent d'elles-même. Il y a un certain phénomène d'entonnoir au fil des années. Si en A, on arrive à placer un à trois joueurs d'une même génération, c'est déjà extraordinaire. En Espoirs aussi, la marche est haute. C'est normal que ça se réduise. Des garçons arrivent aussi plus tardivement et c'est important de leur laisser du temps.
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L'attaquant du Stade Rennais Georginio Rutter (16 ans) a signé son premier contrat professionnel au mois d'août 2018.
Sentez-vous les joueurs réceptifs par rapport au travail qu'il leur reste à faire ?
Ils le sont, oui... Même si c'est vrai que la signature de plus en plus précoce des premiers contrats professionnels pour protéger les clubs et la formation dans son ensemble fait qu'ils sont sécurisés par un contrat de plus en plus tôt. Il est important de les sensibiliser pour se remettre en question constamment. Notre rôle est très important à travers les travaux d'analyse et de vidéo pour leur montrer qu'il y a encore des étapes à franchir.
Comparée à la génération 98 championne d'Europe U17, où se situe la génération 2002 ?
C'est difficile d'apporter un jugement parce qu'il y a eu un aboutissement pour la génération 98. Les rassemblements se multiplient et ça bonifie le collectif. C'est une génération en construction, qui avance et qui progresse, avec un bon état d'esprit, des garçons qui se révèlent, certaines bonnes trouvailles, d'autres qui étaient là au début et qui n'y sont plus. Un groupe est en train de se mettre en place. C'est intéressant, mais on pourra surtout juger la marge de progression sur des tours Élite et au championnat d'Europe.
Êtes-vous confiant avant de vous envoler pour la Serbie ?
Je suis confiant, mais je sais aussi que ce ne sera pas facile. Les conditions en Serbie peuvent être un petit peu surprenantes. On a un statut à justifier et honorer. On est attendu partout et les garçons doivent en être conscients. Il y aura beaucoup d'engagement, on devra répondre présent.
Propos recueillis par Benjamin Quarez
