De retour en sélection française après cinq ans d’absence, Karim Benzema s’est présenté ce dimanche devant les journalistes à l’occasion d’une conférence de presse très attendue. L’attaquant du Real Madrid n’a éludé aucun sujet, même s’il a habilement préservé une part de mystère sur sa rencontre avec le sélectionneur. Il a évoqué sa longue mise au ban, l’émotion après son come-back, la relation avec Didier Deschamps, ses ambitions, son avis sur le groupe France et l’Euro qui se profile.
« L’adaptation est parfaite »
Est-ce un évènement pour toi, d’être face à nous aujourd’hui ? Es-tu stressé ?
Non, stressé non. Je suis super content d’être là. De revenir à nouveau en sélection. Ça se passe très bien. L’adaptation est parfaite et sur le terrain ça se passe super bien. Il y a du beau jeu comme j’aime. Dans le groupe, je connaissais pas mal de joueurs et j’ai fait la connaissance des autres. Je suis pressé de pouvoir commencer un match.
Qu’est ce qui a changé depuis 2015 ?
Franchement, je ne peux pas encore répondre à ça car je viens juste d’arriver, mais je sens un groupe très bien et posé. C’est quand même un groupe de gagnants. Ca se passe super bien. Je viens de débuter les entrainements et le niveau est haut. Je m’entends bien avec tout le monde. Au début, j’étais plus avec Varane, que je connais, mais je connais pas mal de joueurs contre lesquels j’ai pu jouer en club.
C’est vous qui avez fait la démarche pour revenir en sélection ?
Peu importe qui a cherché à contacter l’autre. L’essentiel c’est qu’on s’est parlé (avec Deschamps), on a discuté, du football et pas que. On a parlé longtemps et ça s’est bien passé. Le plus important c’est que je suis super content d’être ici.
Est-ce que depuis 2015 il y a eu des regrets sur l’affaire qui a provoqué votre exclusion ?
Ce qui s’est passé est passé. Il y a toujours des regrets. On ne peut pas faire marche arrière. Le plus important c’est ce qui se passe sur le terrain de football. Je suis concentré au maximum sur le jeu. Le reste il faut oublier petit à petit. En tous cas, moi c’est ce que j’ai dans ma tête et c’est mon ambition.
Qu’est ce qui a fait que vous êtes devant nous aujourd’hui ?
Je pense que ce sont mes prestations en club. C’est le football qui parle. Il faut toujours être bon en club et ne jamais baisser les bras.
Est-ce qu’il a fallu que vous vous excusiez ou que vous retiriez certains propos ?
En tous cas, on a parlé beaucoup de choses. Je ne suis pas ici pour répéter les discussions, c’était privé. Le plus important c’est que je vais pouvoir rejouer avec l’équipe de France.
« J’ai dû me remettre en question »
En cinq ans, où est-ce que tu t’es bonifié, en tant que jouer et homme ?
Le travail mental et physique. Le fait de ne rien lâcher. Il y a aussi l’âge, mes enfants et ma famille. Mais c’est surtout beaucoup de travail. Il fallait rester performant en club pour revenir en sélection.
Comment décrire aujourd’hui ta relation avec le coach ?
C’est une relation sélectionneur-joueur. On s’entend bien. Repartir il y a cinq ans, je n’ai pas envie. C’est du passé. Là, je suis dans le présent. En quoi Deschamps a changé ? Il a fait gagner l’équipe de France, voilà.
Y a-t-il eu une souffrance durant toutes ces années, une douleur ?
C’est sûr, quand on n’est pas en sélection, on est déçu. De ne pas avoir été sélectionné pour le Mondial et l’Euro, et c’est normal car j’aime la compétition. Mais je me suis remis en question et j’ai travaillé beaucoup plus là. Et au final, je suis là. A moi de continuer comme ça.
"Avec Griezmann et Mbappé, on ne se marchera pas dessus"
Avez-vous conscience que vous impressionnez vos coéquipiers ?
Non. Moi, sur le terrain, j’essaye de jouer mon football, comme je le fais en club. Hier, on s’est entrainé et il y avait beaucoup du rythme.
Pour parler du terrain, vous aimez toucher le ballon et décrocher. Comme Griezmann. Comment l’entente va se créer ? Et éviter de marcher sur les pieds les uns des autres ?
Non, on ne se marche pas sur les pieds parce qu’au haut niveau, j’essaye de m’adapter. A aucun moment on sera trois à gauche ou trois dans l’axe. C’est une question d’animation offensive, il faut bouger et varier. On répète ça à l’entrainement. Ce sont des joueurs tellement talentueux qu’ils peuvent s’adapter à n’importe quelle situation.
Y-a-t-il un travail particulier à faire avec Griezmann tactiquement ?
Nous sommes des joueurs de haut niveau, on n’a pas besoin de réfléchir. C’est automatique. Il n’y a pas besoin de se marcher dessus. Il aime avoir le ballon et jouer en une touche. Ce n’est pas compliqué de jouer avec Antoine. Ce sont des joueurs que j’apprécie énormément.
Dans quel schéma es-tu le plus à l’aise ?
J’ai déjà joué pratiquement dans tous les systèmes. A nous de nous adapter. C’est juste d’avoir une belle animation offensive.
En quoi Kylian Mbappé est phénoménal ? Est-il plus fort que Ronaldo ?
Je n’aime pas faire de comparaisons, mais c’est sûr que c’est un jeune joueur et un phénomène. On joue à une touche, il y a beaucoup de mouvement et de vitesse. Adroit devant la cage. De toute façon, je n’ai pas besoin de vous dire quel type de jouer il est.
Peut-on se permettre de dire qu’on est les meilleurs du monde, comme Tolisso et Coman l’ont fait ?
En tous cas vu les noms et l’effectif, sur le papier oui. On peut se permettre de le dire. Mais ça se passe sur le terrain. Et il faut le montrer avec beaucoup de confiance. Respecter l’adversaire et jouer avec nos forces. Je pense qu’on a une très belle équipe.
Getty« Les statuts, c’est vous (les journalistes) qui les faites »
Aujourd’hui, quelle place occupes tu dans le groupe en terme de statut ?
C’est vous qui mettez le statut. Moi, j’arrive, je ne dirais pas que je suis nouveau, mais j’arrive avec la même ambition qu’en club : aider l’équipe et gagner. Ce n’est pas que du personnel. Aidez l’équipe à aller le plus haut et si on peut gagner avec la manière ça serait encore plus beau.
On ne parle que de toi depuis ton retour, comment est-ce que tu gères ça ? Est-ce que cela stimule ?
La pression, je l’ai tous les jours. Apres, c’est sûr que je suis au courant qu’on me regarde. Je suis prêt mentalement et physiquement. Vu l’équipe qu’il y a, je ne me fais pas de souci. Je suis bien concentré et me prépare tous les jours pour être en forme.
On vous sent pragmatique, comment ça va se passer les retrouvailles avec Olivier Giroud ?
Je l’avais déjà croisé lors du match contre Chelsea. Il n’y avait rien eu de spécial. On a discuté 5 minutes tranquillement. Ce qui s’est dit s’est dit, c’est terminé. Le plus important c’est qu’on aide l’équipe de France à aller plus haut.
Reviens-tu comme un leader ?
Leader sur le terrain ou en dehors, c’est quelque chose de naturel. Avec l’expérience, j’ai réussi à prendre ce leadership. Mais je viens d’arriver, je ne veux pas montrer quelque chose de plus.
« Sur le plan humain, Zidane est parfait »
Quel a été le poids de Zinédine Zidane dans ton retour en équipe de France ?
Zizou a toujours été derrière moi, m'a soutenu, et aidé à atteindre ce niveau. Je le remercierai tous les jours.
Est-ce que c’est un vide que de le voir partir ?
Bien sûr, parce que c’est un grand entraineur et qui a gagné beaucoup de trophées. Sur le plan humain, c’est l’homme parfait. Je dirais le mot magnifique. Et déçu qu’il parte du Real. Mais c’est comme ça, et la vie continue.
« Merci Didier ! »
Avez-vous arrêté d’y croire à un moment pendant votre mise à l’écart ?
Jamais, sinon, je ne serai pas là aujourd’hui. Je n’ai jamais baissé les bras. Moralement, c’était dur. Mais ça fait partie de ma carrière et je me suis toujours battu. Et c’est ce qu’il faut pour espérer revenir. C’est ce que j’ai toujours fait et je suis récompensé aujourd’hui.
Vous en avez voulu à la France aux Francais ?
Non, si on n’est pas pris, il ne faut s’en prendre qu’à soi-même. Se regarder et voir ce qu’il faut faire pour revenir.
Avez-vous envie de remercier Didier Deschamps pour votre retour ?
Je lui ai déjà dit. Vous voulez que je le dise ici ? Merci Didier (rires). C’est comme ça, je suis super content. Et si je peux ajouter un truc « bonne fête maman ».
