Il est des situations où l’on aimerait croire que le football peut encore échapper aux divisions du monde. Mais la récente polémique autour de Matvey Safonov nous rappelle que même sur le terrain, les logiques sportives s’effacent parfois devant des considérations qui n’y ont pas leur place. Laisser entendre que la simple présence d’un joueur russe dans un effectif puisse bloquer le transfert d’un défenseur ukrainien, aussi prometteur soit-il, est une erreur que l’on croyait indigne d’un club comme le Paris Saint-Germain.
Safonov : bouc émissaire d’une situation qui le dépasse
Safonov n’est qu’un gardien de but. Il n’est pas diplomate, encore moins stratège géopolitique. Depuis son arrivée l’été dernier, ce jeune joueur s’efforce simplement de défendre son poste dans un contexte déjà difficile. Placé dans l’ombre de Gianluigi Donnarumma, il a connu des apparitions houleuses marquées par une erreur malheureuse contre le Bayern, erreur qui lui a presque coûté sa carrière parisienne avant même qu’elle ne commence. Et voilà qu’il se retrouve désigné, à demi-mot, comme un frein à la signature d’Ilya Zabarnyi. Le message est clair : Safonov est devenu un symbole encombrant, une pièce maladroitement insérée dans une mécanique déjà grippée.
Quand le PSG mélange politique et sport
Mais Safonov n’est pas le problème. Le problème, c’est ce PSG qui, à force de se rêver comme une vitrine mondiale, se retrouve paralysé par les dynamiques qu’il prétend dominer. L’idée même de laisser une dimension politique influencer une décision sportive est non seulement maladroite, mais surtout dangereuse. Car à ce jeu-là, où s’arrête-t-on ? Devrait-on revoir la composition des équipes en fonction des affinités géopolitiques de leurs joueurs ? Renoncer aux transferts pour ne pas froisser des sensibilités ?
Getty ImagesLes supporters, eux, ne s’y trompent pas. A en croire leurs réactions sur les réseaux sociaux, ils dénoncent cette gestion incohérente, non sans raison. Refuser de recruter un joueur de talent comme Zabarnyi pour protéger un équilibre fictif, c’est admettre que le PSG se prive de sa propre ambition. Mais faire de Safonov un bouc émissaire dans cette affaire, c’est franchir une ligne qu’aucun club ne devrait tolérer.
Le football, comme le disait Nelson Mandela, a le pouvoir de rassembler là où tout semble divisé. Si le PSG aspire réellement à être un géant mondial, il doit prouver qu’il est capable de placer les principes du sport au-dessus des tensions du monde. Et, surtout, cesser d’infliger à des joueurs comme Safonov le poids de responsabilités qu’ils n’ont jamais voulu porter.


