Luis CamposGetty

Recrutement, management, goût pour la performance… plongée dans la méthode Luis Campos (1/2)

Luis Campos n’a pas attendu d’être officialisé pour se mettre au travail. Nommé officiellement conseiller sportif du PSG depuis vendredi dernier, le Portugais (57 ans) s’active déjà en coulisses depuis plusieurs semaines pour mener à bien ses premiers travaux parisiens.

Outre le chantier très médiatique de l’arrivée (en très bonne voie) de Christophe Galtier au poste d’entraîneur, l’ancien dirigeant de Lille et Monaco s’active évidemment sur le mercato et sur des aspects peu palpables du grand public, liés à la performance. Avec une méthodologie et des principes identiques dans tous les clubs où il passe. Et un mot qui le caractérise et revient dans la bouche des proches et connaissances que nous avons interrogés : « l’exigence ». Dans ce premier épisode, Goal décrypte la méthode de recrutement et le discours de Luis Campos.

1. LE RECRUTEMENT, LA FACE VISIBLE DE L’ICEBERG

Aux yeux du public français et pas que, Luis Campos a bâti sa réputation par sa capacité à dénicher des talents qui ont éclos au plus haut niveau. De Lemar à Bernardo Silva en passant par Osimhen ou Jonathan David, la liste est beaucoup trop longue pour être donnée de manière exhaustive. Même s’il a aussi connu quelques ratés, surtout lors de sa période sur le Rocher (2013-2016).

Pour repérer les joueurs, le nouveau conseiller sportif du PSG s’appuie sur une société de data basée au Portugal dont il est actionnaire et sur un réseau de scouts qui alternent chacun leur tour sur zone entre deux et trois mois. L’objectif : balayer toutes les catégories d’âge, les divisions et confronter les avis.

Si les avis des recruteurs ne sont pas toujours écoutés par leur hiérarchie, le Portugais est lui toujours attentif aux opinions de chacun et demande à ses équipes de lui présenter les profils intéressants qu’ils ont observés. Toujours avide d’informations, il n’hésite pas à se déplacer pour voir les matchs (plus qu’un directeur sportif moyen), ce que la période Covid qui l’a frustrée de ce point de vue, n’a pas changé.

Campos n’hésite pas à faire des milliers de kilomètres pour rencontrer un joueur. Avant le début de la pandémie, il avait par exemple pris l’avion pour se rendre au Mexique afin de rencontrer et valider l’arrivée d’Eugenio Pizzuto à Lille. Près de 14 heures pour un rendez-vous à l’aéroport. « Pour lui, le contact humain est essentiel. Quand il analyse un joueur, il ne le fait pas uniquement sur ses performances sur le terrain mais aussi sur la manière dont il souhaite l’intégrer dans le projet de jeu du club », témoigne un membre de son entourage.

L'exemple du puzzle

Sa réussite réside aussi dans sa capacité à associer des joueurs entre eux, qui n’étaient pas forcément des cadors là où ils sont passés. Au Losc, Benjamin André a notamment été l’un des moteurs de l’équipe lors de la saison du titre (2020-2021), tout comme Kamil Glik à Monaco avant (2016-2017).

Pour résumer sa pensée, Campos a d’ailleurs cette phrase qu’il confie à ses interlocuteurs : « un collectif c’est un puzzle dans lequel il ne faut pas associer les 24 plus belles pièces mais les 24 qui s’emboîtent » « Sa vraie force est de constituer un groupe de 24 ou 26 joueurs avec une complémentarité aussi dans le caractère et de compatibilité sur le terrain », résume un connaisseur. Tout le contraire de ce qu’a récemment fait le PSG en matière de recrutement.

Dans cette logique, l’ancien recruteur de José Mourinho est capable d’expliquer avec un sens du détail exacerbé ce qu’il attend de ses futures recrues. « Si Sven Botman veut venir à Lille, c’est parce que Luis lui a tout expliqué et qu’il comprend exactement le projet, la manière dont il va jouer et sa progression. Il vient à Lille pour Luis alors qu’il a d’autres propositions ».

2. UN DISCOURS SANS DÉTOUR

A l’été 2020, Luis Campos se rend à la Villa Nova, un petit restaurant de Tourcoing qu’il affectionne particulièrement. Alors qu’il y mange avec le staff, il est interpellé par un jeune supporter du Losc accompagné de son papa.

« Est-ce que Victor Osimhen va partir ? », lui lance le garçon. Embarrassée, l’assistance se demande comment il va éviter de décevoir ce supporter. « Oui, il va partir, répond sans hésiter l’ex-conseiller sportif de Lille avant de poursuivre : mais ne t’inquiète pas, je travaille pour trouver un joueur encore meilleur et je vais donner toute mon énergie pour que ce joueur-là arrive. » Moins de deux semaines plus tard, Burak Yilmaz signait chez les Dogues. Et Jonathan David le rejoignait peu après.

Le conseiller sportif du PSG a l’habitude de dire les choses comme il les pense, comme elles le sont, sans s’embarrasser avec le timing et les formes. La réputation de son franc parler le précède et ses colères aussi.

Il déteste le non respect des règles

Il n’y a qu’à se souvenir de ses mots très durs envers l’arbitre de la rencontre Lille-PSG en février. Dans le couloir du stade Pierre-Mauroy, le Portugais était sorti de ses gonds pour fustiger les décisions de monsieur Hamel. Ce qui lui avait valu une suspension d’un mois. « Luis est tellement exigeant que c'est parfois difficile pour certains de travailler avec lui mais tu peux être sûr qu’avec Luis, les choses sont dîtes », rappelle un ancien collaborateur. Ses coups de gueule ou ses propos sont selon ses proches le reflet d’une exigence quotidienne et sans limite.

Si un joueur baisse le pied, Campos n’hésitera pas à le lui faire remarquer en accord avec son entraîneur. « Il ne va pas prendre une décision ou faire un entretien avec un membre de l'effectif sans avoir demandé l’avis de son coach Ce n’est pas quelqu’un qui fait les choses de son côté, explique-t-on. Luis est quelqu’un qui met une organisation en place et ce qu’il déteste le plus c’est que tu ne la respectes pas et les règles qui vont avec. »

Et comment l’intéressé compte-t-il faire savoir à certains joueurs qu’ils devront quitter le PSG ? « Quel que soit le projet dans lequel il travaille, il communique toujours en tête à tête avec les joueurs. Il les informe sur son envie de les avoir dans le nouveau projet ou non ». Début juillet, la liste des entretiens individuels risque d’être longue.

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