Luis Campos Christophe Galtier Chelsea Lille 2019Getty Images

PSG : Galtier-Campos, aux origines d'une relation de confiance

Il paraît qu’ « on ne connaît jamais une personne tant qu'on n'a pas travaillé avec ». Luis Campos et Christophe Galtier ont déjà mis à l’épreuve cette idée au LOSC et vont continuer à le faire au PSG. Pour comprendre comment cette relation s’est nouée puis consolidée, il faut remonter à l’automne 2017, lorsque les deux hommes se retrouvent à l’Hermitage Gantois.

Dans cet hôtel chic du centre-ville lillois situé à quelques pas de la gare, l’ex-conseiller sportif nordiste a pris ses habitudes pour effectuer ses rendez-vous et reçoit son futur technicien, sans club depuis plusieurs mois après son départ de Saint-Etienne, pour un entretien final. Pendant deux à trois heures, le futur duo échange de manière très directe.

Luis Campos, qui a toujours une idée très pointue de ce qu’il souhaite mettre en place, explique à son interlocuteur que le mercato et l’organisation du club ne sont pas son problème. « Moi, je vais t’aider à ne penser qu’au football », lui glisse en substance celui qui est passé par Monaco. Un premier acte qui pose les bases d’une relation fondée sur un respect mutuel et une franchise à toute épreuve.

Sur le papier, la complémentarité semble évidente

Connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, l’ancien recruteur de José Mourinho a mené son enquête sur le profil de son futur coach et demandé l’avis de différentes personnes dans le milieu. Quelques semaines avant cette rencontre, Campos se trouve à l’Allianz Riviera de Nice et y croise David Wantier, alors directeur sportif des Verts.

« Il est venu me voir en toute discrétion pour me demander mon avis sur Christophe. Je lui ai répondu que c’était un très bon coach et une bonne personne », lui explique Wantier qui a rejoint l’ASSE pour venir épauler et soulager le duo Galtier-Teissier (Stéphane, ancien directeur général des Verts), sans pour autant entrer dans les détails.

« Je connais le mode de fonctionnement des deux. D’un côté Galtier est un féru de football, un mec hyper ouvert, qui quand il ne connaît pas ne va pas dire « non, ça ne m’intéresse pas » comme beaucoup d’autres. Quand il te fait confiance parce que tu es compétent, il délègue et s’appuie sur toi. De l’autre côté, Campos maîtrise très bien le recrutement et l’identification des meilleurs joueurs dans différents championnats. »

Sur le papier, la complémentarité semble évidente. Le futur entraîneur du PSG aime pouvoir déléguer, tandis que le Portugais apprécie que son technicien puisse se focaliser uniquement sur le terrain. Pourtant, tout cela a nécessité un temps d’adaptation : à Saint-Etienne, Galtier avait l’habitude d’investir beaucoup de temps sur les questions extra-sportives. Faute de moyens humains.

« C’est sur la réussite des recrutements que s’est noué leur relation de confiance mais pas que »

Dans le Forez, il avait souvent pour habitude de regarder et valider les profils proposés par son directeur sportif. En arrivant à Lille, la donne a donc changé. « Christophe m’a confirmé que Luis connaissait très bien sa partie et qu’il n’avait qu’à déléguer en donnant les profils qu’il souhaite, relate l’ex-DS de l’ASSE. Il a une entière confiance car Campos lui amène toujours le profil qu’il recherche. Il n’y a pas de compromission. »

L’expérience niçoise de l’ancien joueur de l’OM le lui a appris : le mercato peut détruire une relation entre un technicien et son directeur sportif. Entre Campos et Galtier, les effets de cette période ont créé un ciment. « C’est sur la réussite des recrutements que s’est noué leur relation de confiance mais pas que », confie un ancien collaborateur.

Il y a d’abord les difficultés de la première fin de saison où Lille se maintient. Tout au long de son expérience lilloise, Galtier a pu s’appuyer sur son binôme comme une ressource, une solution à ses problèmes. Les deux hommes échangent sur tout, ont des désaccords mais finissent par trouver des solutions.

Dans le Nord, que ce soit pour la venue d’un nouveau membre dans le staff, l’arrivée d’une nutritionniste ou la création d’une cellule d’appui aux joueurs (pour favoriser l’intégration des nouveaux arrivants et de leur famille), « ils en parlaient en amont. Entre eux, pas besoin de réunion formelle, ils en parlent au déjeuner, au petit-déjeuner. C’est un échange perpétuel », note un autre de leur proche.

Changement de logiciel

Sur les questions de terrain, il arrive aussi au duo d’échanger. Campos qui a l’oreille de ses recrues fait aussi remonter des informations précieuses. Au LOSC, c’est ainsi qu’il a pu expliquer la nécessité de donner du temps de jeu à Gabriel (désormais à Arsenal), alors remplaçant. « Il commençait à monter en puissance à l’entraînement et Luis lui a dit de faire attention car il allait perdre le joueur qui était un actif pour le club », se souvient un proche. Et derrière, le Brésilien a enchaîné jusqu’à devenir l’un des meilleurs défenseurs de L1.

Cette confiance commune n’a fait que grandir au fil du temps et des preuves de réussite de l’organisation mise en place par le Portugais. A tel point que le technicien français en a fini par changer son propre logiciel et a composé avec des hommes qui étaient à l’origine ceux amenés par l’architecte du projet. João Sacramento (son adjoint au PSG) et Pedro Gomez (le nouveau préparateur physique) en sont la preuve.

« J'ai été formé d'une certaine manière à la DTN, je savais que je voulais pratiquer, pas encore exactement comment y parvenir, mais Luis Campos m'a dit de me laisser porter par des rencontres, notamment ici, à Lille, où j'ai fait la connaissance d'Espagnols, de Portugais », expliquait Galtier dans un entretien accordé à So Foot en décembre 2020.

Mais cette entente ne se limite pas à leur période chez les Dogues qui s’est terminée par un titre de champion de France. Lorsque Campos a quitté le navire, l’ex-entraîneur du LOSC a toujours eu des mots forts et élogieux à son endroit. Malgré une période d’accalmie, leur relation s’est perpétuée.

« Jamais, je ne prends une décision sans avoir son point de vue »

Entre le résident monégasque et celui qui occupait le banc niçois, les rencontres ont été régulières en Principauté tout au long de la saison écoulée. Et leurs retrouvailles auraient pu se faire ailleurs qu’à Paris puisque Galtier a émis le souhait de voir l’association se reformer à Nice alors que l’entente avec Julien Fournier était plus que fraîche. Question de recrutement oblige…

Mardi au PSG, le duo s’est donc officiellement reformé et le nouvel entraîneur parisien n’a pas manqué de rappeler que sa venue dans la capitale était en très grande partie due au projet présenté par… Luis Campos. Interrogé sur cette relation et leur mode de fonctionnement, Galtier a résumé la méthode pour ceux qui ne la connaissaient pas.

« Avec Luis, nous avons travaillé trois ans ensemble. On est en relation permanente. Luis sait ce que j’attends de mon équipe et avant de partir sur le recrutement, nous avons beaucoup échangé, avouait Galtier. Est-ce qu’il fait le recrutement : oui ! Nous avons fait beaucoup de mercatos ensemble mais jamais un joueur n’est venu sans mon accord. Quand il y a des choses qui ne me plaisent pas j’interviens mais j’en parle avec lui. Jamais, je ne prends une décision sans avoir son point de vue. »

En dix ans de QSI, une relation aussi forte entre un entraîneur et son directeur sportif (même s’il n’en a pas le titre) relève du jamais vu. C’est peut-être ça, le fondement d’une révolution.

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