Depuis le vendredi 1er avril, la France connaît ses adversaires pour la phase de groupes du Mondial 2022. Ainsi, le samedi 26 novembre prochain, la France affrontera le Danemark lors de la deuxième journée de la phase de groupes. Une équipe que la France a déjà croisée à trois reprises en Coupe du monde : en 1998, 2002 et 2018.
Et à chaque fois, ces matches ont donné lieu à de confrontations qui ont marqué, pour le meilleur ou pour le pire, l'histoire des Bleus.
1998 : Un grand Petit et la prophétie de Thuram
C'est sous un beau soleil que l'équipe de France affronte le Danemark au stade Gerland de Lyon le 24 juin 1998.
Après deux larges succès (3-0 contre l'Afrique du Sud puis 4-0 face à l'Arabie saoudite), la France est déjà qualifiée pour les huitièmes de finale et Aimé Jacquet, le sélectionneur des Bleus, décide de faire reposer ses cadres (Deschamps, Henry, Thuram, Lizarazu et Blanc sont sur le banc) sachant qu'il est également privé de Zinédine Zidane, suspendu. Le meneur de jeu a en effet écopé d'un carton rouge après avoir piétiné le saoudien Fouad Amin lors du précédent match.
Malgré ce turn-over, Aimé Jacquet annonce que son équipe vient pour gagner : « On veut réaliser un grand match, pour que l'enthousiasme ne retombe pas et pour finir premiers. »
Jacquet se paye même le luxe d'aligner Emmanuel Petit, pourtant sous la menace d'une suspension pour les huitièmes de finale en cas de nouveau carton jaune : « J'ai demandé Manu s'il souhaitait jouer ce match et il m'a répondu que oui, qu'il en était capable. En grand professionnel, il prend ses responsabilités. »
De son côté, le Danemark, avec 4 points en deux matches, ne sait pas sur quel pied danser : « D'un côté, nous avons besoin d'un point pour nous qualifier, de l'autre, nous pouvons aussi perdre et passer, car tout dépendra du résultat de l'Afrique du Sud face à l'Arabie Saoudite », explique Bo Johannson, le sélectionneur suédois du Danemark, avant la rencontre.
« On pourrait en parler avec les Français avant, leur dire qu'un nul nous conviendrait tout à fait », ajoute en rigolant Johansson.
Mais sur le terrain, ça ne rigole pas ! Dans un match engagé, les Bleus ouvrent le score dès la douzième minute sur un penalty de Djorkaeff après une faute de Høgh sur Trezeguet.
Le Danemark égalise juste à trois minutes de la pause : après un coup franc rapidement joué, Vincent Candela plaque Martin Jørgensen dans la surface de réparation. Michael Laudrup prend Barthez à contre-pied sur le penalty.
Alors que ce résultat convient aux deux équipes, les Bleus poussés par leurs supporters, inscrivent le but de la victoire en deuxième mi-temps par… Emmanuel Petit, d'une belle frappe aux vingt mètres (56e). Comme annoncé par Aimé Jacquet, il a pris ses responsabilités.
Getty Images« Je n'y crois plus au football, même Manu Petit il marque en équipe de France. Alors moi aussi je peux marquer », lâche Thuram après la rencontre. Le défenseur ne le sait pas encore mais il inscrira un doublé historique en demi-finale contre la Croatie.
Quant au Danemark, sa défaite est sans conséquence après le nul entre l'Afrique du Sud et l'Arabie saoudite. Se qualifier en perdant, voilà qui doit encore bien faire rigoler Bo Johannson.
2002 : Blessé, Zidane ne peut changer le destin des Bleus
Le 11 juin 2002, toute la France retient son souffle. Les Bleus, qui ont tout gagné pendant quatre ans (Coupe du monde 1998, Euro 2000, Coupe des Confédérations 2001) sont au bord du précipice. Battus 1-0 lors du match d'ouverture par le Sénégal, les hommes de Roger Lemerre ont ensuite fait match nul 0-0 contre l'Uruguay.
Pour se qualifier pour les huitièmes du Mondial, co-organisé par le Japon et la Corée du Sud, la France doit battre lors de son dernier match, le Danemark, sur le score de 2 buts à 0. Alors que Thierry Henry, expulsé contre l'Uruguay, est suspendu, la France ne sait pas si elle pourra compter sur Zinédine Zidane.
Forfait lors des deux premiers matches en raison d'une déchirure au quadriceps, contractée lors du dernier match de préparation, contre la Corée du Sud, le n°10 des Bleus est incertain.
A trois jours du choc, Jean-Marcel Ferret, le médecin des Bleus, annonce une bonne nouvelle : « Zinédine Zidane est guéri. Sa blessure est totalement cicatrisée. Il est apte à jouer France - Danemark ».
Mais en réalité, Zidane est beaucoup trop diminué pour jouer… Il porte un bandage à la cuisse et ne peut aider pleinement ses coéquipiers. Zizou est d'ailleurs muselé par les rugueux Gravesen et Tøfting. Ce dernier délivre même un caviar pour Rommedahl qui assomme les Bleus dès la 22e minute. En deuxième mi-temps, Tomasson achève les derniers espoirs des Bleus (67e) même s'il semble faire faute sur Desailly lors de l'action amenant son but.
Getty ImagesAu lieu de gagner 2-0, les Bleus s'inclinent sur ce score et sont éliminés dès le premier tour !
Cette élimination est un véritable tremblement de terre. Pour la première fois depuis le Mondial 1966, le champion en titre ne passe pas le premier tour.
Pis, la France quitte la compétition sans avoir inscrit le moindre but alors qu'elle possédait dans ses rangs le meilleur buteur de la Premier League (Henry), de la Serie A (Trezeguet) et de la Ligue 1 (Cissé)...
« On s'est vus trop beaux », lâchera Lilian Thuram après cet incroyable fiasco.
2018 : la honte de Moscou
Comme en 1998 et comme en 2002, la France affronte le Danemark lors du dernier match de la phase de groupes du Mondial 2018 joué en Russie.
Et comme en 1998, la France aborde son match face au Danemark en étant déjà qualifiée après avoir gagné ses deux premiers matches (2-1 contre l'Australie, 1-0 contre le Pérou).
Et comme en 1998, Didier Deschamps s'inspire de Jacquet en faisant tourner son effectif : « c'est le dernier moment pour le faire », explique le coach des Bleus qui procède à six changements avec notamment la titularisation de Steve Mandanda dans les buts à la place d'Hugo Lloris.
Et comme en 1998, le Danemark n'est pas obligé de gagner pour se qualifier, un match nul lui étant suffisant.
Mais contrairement à 1998, les Bleus ne vont pas l'emporter. Les spectateurs du stade Loujniki de Moscou assistent à un triste 0-0 et, au coup de sifflet final, ils conspuent copieusement les deux sélections qui ont refusé de se livrer : « le résultat convient aux deux équipes. On ne va pas non plus aller les chercher s'ils ne veulent qu'un point. Il n'y avait pas de risque outre mesure à prendre non plus », expliquera Didier Deschamps à l'issue de la rencontre, heureux de voir la France finir en tête de son groupe, comme en 1998.
Getty ImagesMais après ce match nul, dans tous les sens du terme, les Bleus se font massacrer par la presse du monde entier. « La honte de Moscou », titre le quotidien allemand Die Zeit, qui regrette ces « 90 minutes où la France et le Danemark ont gentiment poussé la balle d'avant en arrière ». Au Brésil, Globo Esportivo demande sur Twitter à ses lecteurs comment ils ont enduré cette « torture ».
De son côté, le tabloïd Daily Mail parle d'un « match terrible ». « Le perdant, c'est le football », assène le journal sportif madrilène Marca. « Il vaudrait mieux ne pas parler du jeu », peut-on lire dans As, autre quotidien sportif espagnol.
Mais après ce match de la honte, les Bleus vont se réveiller, éliminant l'Argentine à l'issue d'un match spectaculaire (4-3) avant d'écarter l'Uruguay (2-0), la Belgique (1-0) et de battre la Croatie en finale et de remporter Coupe du monde. Comme en 1998.
