Un vieil adage dit : "une fois, c'est un hasard. Deux fois, c'est une coïncidence. Trois fois, c'est une tendance."
Que se passe-t-il lorsque cette tendance va bien au-delà de trois ? Que se passe-t-il lorsque quelque chose se produit des dizaines et des dizaines de fois sans jamais s'arrêter ?
L'ascension continue des jeunes stars de la Bundesliga est bien au-delà de la tendance ou de la coïncidence. Cette ascension repose plutôt sur un état d'esprit, celui qui a fait de l'Allemagne le foyer des meilleurs talents du football mondial pendant près d'une décennie.
Les joueurs du monde entier continuent d'affluer vers le pays, et cela ne semble pas vouloir s'arrêter, puisque de nouvelles stars arrivent chaque année, dans l'espoir de devenir le prochain grand nom du football.
Certaines stars d'antan, comme Jadon Sancho, Christian Pulisic et Kai Havertz, ont rejoint d'autres championnats. Bientôt, nous verrons probablement certains d'entre eux, comme Erling Haaland, s'envoler vers d'autres cieux.
Mais le développement des talents est devenu un élément clé de la culture footballistique allemande, un pilier pour un championnat qui continue à faire les choses à sa manière.
Un coup d'œil à la liste NXGN 2022 des meilleurs espoirs du football montre l'influence de l'Allemagne.
Le lauréat de cette année, Jude Bellingham, a opté pour le Borussia Dortmund plutôt que pour la Premier League, sachant qu'un séjour en Allemagne lui permettrait d'atteindre un autre niveau.
Jamal Musiala, quatrième, a fait un choix similaire, quittant Chelsea, et l'Angleterre, pour l'Allemagne, rejoignant le Bayern Munich avec l'espoir de devenir un joueur de classe mondiale.
Enfin, Florian Wirtz, deuxième, est une star locale dont l'avenir s'annonce brillant. Grâce à son classement, la Bundesliga compte actuellement trois des quatre meilleurs espoirs au monde.
Au total, la Bundesliga abrite cinq des dix meilleures stars du NXGN de cette année, tandis que quatre autres joueurs appartenant à des clubs allemands figurent dans le Top 50.
Parmi les joueurs qui sont apparus dans les cinq grands championnats européens cette saison, cinq des six plus jeunes jouent en Bundesliga. Parmi les huit plus jeunes, seuls Mathys Tel (Rennes) et Luka Romero (Lazio) ne jouent pas en Allemagne.
L'âge moyen des joueurs de la Bundesliga cette saison est légèrement inférieur à 26 ans, la Ligue 1 étant le seul autre championnat à atteindre ce chiffre. L'âge moyen des joueurs de la Serie A est légèrement inférieur à 27 ans tandis que celui de la Premier League et de la Liga est à peu près le même.
Une fois encore, il ne s'agit pas d'une coïncidence ou d'une tendance. C'est le résultat d'un travail minutieux de la part des clubs allemands.
Actuellement, le meilleur exemple de cet effort est Dortmund. Au cours de la dernière décennie, aucun club n'a fait éclore autant de jeunes talents, ce qui lui a permis de devenir la véritable rampe de lancement des prochaines stars du football.
Bellingham, Haaland, Pulisic, Sancho, Ousmane Dembélé, Pierre-Emerick Aubameyang, Gio Reyna, Robert Lewandowski... la liste est longue. Tous ces joueurs ont été recrutés en dehors des frontières de l'Allemagne et tous sont devenus des stars.
Ce n'est pas un accident, mais plutôt un élément clé de la philosophie du club. Dortmund n'est pas financé par un propriétaire méga-riche comme Manchester City ou le Paris Saint-Germain, et il n'a pas non plus l'argent ou l'héritage de clubs comme Barcelone, le Real Madrid ou le Bayern.
C'est donc en partie par nécessité que le club s'est tourné vers les jeunes il y a plus de dix ans, afin de s'adapter à l'évolution constante du paysage du football européen.
Mais il ne s'agissait pas seulement d'une nécessité, mais aussi d'une culture, car Dortmund est fier d'être un club qui fait progresser ses joueurs.
"Cela fait partie de notre ADN. Comme nous ne pouvons pas recruter des grandes stars, nous les formons", explique à GOAL le directeur général de Dortmund, Carsten Cramer.
"Et si vous faites cela d'une manière aussi durable et crédible pendant 10-15 ans, et si tout le monde sait que c'est la seule alternative pour être compétitif, je suis très sûr que les joueurs pensent que Dortmund est le bon endroit pour progresser.
"Une autre raison pourrait être que nous ne sommes pas dans une capitale comme Londres ou Paris. Dortmund est un endroit calme et idéal pour s'y épanouir. Nous avons aussi une équipe réserve performante ainsi qu'un encadrement parfait pour les jeunes.
"Même si les joueurs n'arrivent pas à atteindre l'équipe première, ils savent qu'ils seront observés avec notre équipe réserve ou nos équipes de jeunes."
"C'est là notre principale réputation : Dortmund est un club où les jeunes joueurs peuvent progresser", ajout-t-il en conclusion.