Han-Noah Massengo

PORTRAIT - Han-Noah Massengo, le football chevillé au corps

Le 6 novembre dernier face au Club Bruges, Han-Noah Massengo, 17 ans et 3 mois, devenait le plus jeune joueur français de l'histoire de la Ligue des champions. Trois semaines plus tard à Madrid, le jeune milieu de terrain fêtait sa première titularisation sous le maillot de l'AS Monaco et devenait, en compagnie de Benoît Badiashile, le premier joueur né au 21ème siècle à démarrer une rencontre dans la compétition. Difficile d'imaginer donc, au vu des records de précocité qu'il s'est récemment adjugé, que le parcours du natif de Villepinte n'est pas celui d'un surdoué du foot. Pourtant, sa trajectoire est davantage celle d'un talent qui a forcé la reconnaissance pour s'ouvrir toutes les portes. 

Recalé de l'INF Clairefontaine avant de tracer sa voie

Aussi loin que ses souvenirs le permettent, la vie d'Han-Noah Massengo est liée au football. "Il est issu d'une lignée de footballeurs, témoigne son père Auguste-Bernard Massengo. C'est comme dans une famille de musiciens, les enfants ne le deviennent pas forcément mais ils savent au moins gratter quelque chose. Han-Noah savait taper dans un ballon avant d'appprendre à marcher". Véridique. À la maison, il était établi que les ballons étaient les seuls objets autorisés à ne pas être rangés. "Il ne marchait pas encore seul et dès qu'il arrivait près d'un ballon qui traînait, il se mettait sur ses appuis, frappait dedans avant de ramper de nouveau jusqu'à lui pour recommencer", reprend son père. "Auber", comme il est surnommé, est un ancien joueur champion de CFA 2 avec Villemomble, lui-même fils de l'ancien international congolais Boniface Massengo. Une famille entièrement liée par le football puisque l'autre grand-père d'Han-Noah, Thierry-Pierre Coelembier, lui aussi footballeur professionnel à Roubaix où il était gardien de but, a beaucoup compté dans son histoire.

Biberonné au ballon rond depuis ses tout premiers pas, le jeune Han-Noah débute à Tremblay puis Villepinte avant de jouer pour Sevran et Aulnay en passant par les Artistes Futsal... jusqu'à ses 13 ans. Alors qu'il est recalé à l'INF Clairefontaine, son souhait de devenir footballeur professionnel va l'amener à emprunter un chemin d'autodidacte. "Je l'ai croisé la première fois sur un terrain du 93, se souvient Jérémy Maytraud qui deviendra son entraîneur au Blanc-Mesnil. Je l’avais un peu charrié sur sa coupe de cheveux, on avait rigolé et c’est ce qui nous a permis de travailler ensemble plus tard". Han-Noah Massengo rejoint les rangs du Blanc-Mesnil en U14, un club qui lui permet de s'entraîner tous les jours de la semaine, trois fois au club plus deux autres jours avec la section sportive de son collège.

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Han-Noah MassengoHan-Noah Massengo en décembre 2016 sous les couleurs de l'AS Monaco (source : instagram du joueur @hnmassengo)

Surclassé avec des joueurs qui avaient parfois deux ans de plus que lui, Han-Noah Massengo apprend à se faire respecter dans un environnement parfois hostile. "Ça n'a pas été facile pour lui, reprend Jérémy Maytraud. Il faut du cran pour s'imposer dans un club du 93 quand on vient de l'extérieur". Mais le jeune talent est habitué à casser les murs. "Il a un père et deux grands frères footballeurs, explique son père. Il a toujours joué avec nous et on ne lui a jamais fait de cadeau. Donc il devait s'adapter tout le temps, quand il allait jouer en bas ou même en club. Il allait au duel en sachant pertinemment qu'il ne le gagnerait pas. Mais c'est pour ça que se battre coûte que coûte pour obtenir ce qu'il veut fait partie de son ADN". Han-Noah Massengo va s'imposer naturellement chez les Blanc-Mesnilois et récolter le fruit de tout ce qu'il a su mettre en oeuvre pour atteindre ses objectifs.

Vision et générosité 

Les sessions d'entraînement avec le Blanc-Mesnil n'auront pas duré bien longtemps. Repéré pour ses performances dans les catégories de dessus, il rejoint le Pôle Espoirs de Reims où il s'entraîne toute la semaine avant de revenir disputer les matches le week end. "Cela nous faisait tellement de bien de l'avoir, renchérit Jérémy Maytraud. Il avait une première touche très intéressante parce qu'elle ne servait pas qu'à contrôler le ballon. Là où il était meilleur que tous les autres c’était dans la lecture du jeu, des trajectoires de balle, il gagnait du temps par anticipation. En plus de cette intelligence dans le jeu, il y ajoutait beaucoup de volume et d'activité". Un alliage réfléchit pour un joueur qui a su trouver très tôt les réponses aux problèmes qui se posaient à lui et qui le portent aujourd'hui au plus haut niveau. Recruté par l'AS Monaco qu'il rejoint en 2016, Han-Noah Massengo va s'y imposer comme partout, avec calme et sérénité, jusqu'à la signature de son premier contrat professionnel au mois de juin dernier et ses premiers pas avec l'équipe première début novembre.

Totalement désinhibé, le jeune milieu de terrain a tout de suite montré ses qualités de meneur de jeu, sa fraîcheur dans les intentions et sa générosité à l'effort. Un ensemble qui contraste avec une personnalité discrète et simple à la ville mais qui se transforme dans les limites du terrain. "Cette détermination lui vient de son histoire, résume son père. Il n'a jamais été le plus grand ni le plus rapide et il a dû trouver le moyen de s'en sortir dans un environnement difficile en apprenant à voir plus vite que les autres". Alors qu'il n'y était pas forcémment programmé, Han-Noah Massengo fait désormais les choses plus vite que tout le monde. 

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