Emmanuel Kouadio Koné, dit 'Manu' Koné, c'est d'abord l'histoire d'un passionné. Un amoureux de football qui met toutes les chances de son côté pour atteindre son rêve. Un jeune milieu de terrain pour qui tout n'a pas été simple, mais qui s'est arraché jusqu'à signer son premier contrat professionnel avec Toulouse en décembre dernier. International U18 (cinq sélections), titulaire devant la défense avec Jean-Luc Vannuchi, il foulera samedi la pelouse du Stade de France pour la finale de la Coupe Gambardella. Une trajectoire ascendante, toujours, pour ce joueur pétri de qualités passé plus jeune par le Paris FC où Alain Bornand, responsable du recrutement toulousain sur la région parisienne, est tout de suite tombé sous son charme. "La première fois que j'ai vu Manu, il devait avoir 12 ans. Je me vois encore au bord du terrain au Parc du Tremblay. Je ne voyais que lui. Dès qu'il touchait le ballon, il se passait quelque chose, il créait un truc et il était déjà très difficile de venir lui prendre", se remémore pour Goal le recruteur.
Parti ensuite à l'AC Boulogne-Billancourt, pour une saison, Manu Koné a évolué sous les ordres d'Olivier Alberola. L'entraîneur se souvient très bien de ce "joueur atypique" qui partageait alors le même vestiaire que Khéphren Thuram, parti depuis à l'AS Monaco : "Ce sont mes joueurs qui m'ont dit de le prendre, ça s'est fait très vite. Il s'entraînait la semaine à Clairefontaine et jouait le week-end avec nous. On est allé loin un peu partout cette saison-là, on a fait pas mal de matches. Je l'avais mis dans une position hybride sur le côté où il pouvait rentrer. Il n'était pas très grand, pas très rapide, pas très tonique. Il était surtout en retard d'un point de vue athlétique, mais il puait le foot."
"Un garçon qui ne lâche rien"
Son entraîneur à l'INF, Philippe Bretaud, confirme. "Manu a laissé une superbe image ici. Je l'ai eu pendant deux ans. C'est un garçon qui ne lâche rien. Il fallait toujours le suivre, toujours l'encourager, lui donner des pistes de travail, mais il était toujours réfléchi et vous le rendait bien. C'est d'ailleurs le joueur qui a fait le plus d'entraînements sur les deux années qu'on a faites ensemble. Il n'a pratiquement pas été blessé, n'a pratiquement jamais été malade." Et pourtant, un an plus tard, c'est le coup dur...
Touché au pied à l'entraînement, Manu Koné se voit contraint de rester éloigné des terrains pendant plusieurs mois. Et ce dès sa première année chez les Violets. Dans ces moments difficiles, sa famille, ses amis, le club et son agent Johan Chrétien, s'efforcent de le soutenir. "Il a fallu repartir, ça n'a pas été facile, mais c'est un gamin qui a un super entourage, explique Anthony Bancarel, son coach à l'époque. On dû revoir sa posture. Il fallait qu'il retrouve une course dans l'axe. Moralement, ce n'était pas évident non plus, mais il a fait du Manu. Et encore une fois, il a répété les efforts. Il a franchi les étapes en étant toujours volontaire aux entraînements. Il s'est mis dans la peau d'un gamin qui devait travailler au quotidien pour combler la distance qu'il avait perdu vis à vis de ses partenaires, et c'est ce qui a fait la différence."

Son état d'esprit et son investissement sont loués par ses anciens coaches. Ses qualités techniques également. Il n'est donc pas surprenant de le voir aujourd'hui aux portes de l'équipe professionnelle. "Il récolte un petit peu les fruits de son travail, reprend Olivier Alberola, soutenu par Alain Bornand, qui décrit un joueur déterminé chez lequel on sent aussi une certaine sérénité. "C'est un véritable espoir de notre club, insiste-t-il. Il s'entraîne régulièrement avec les pros et mettra son grain de sel dans les compos d'équipe, peut-être dès la saison prochaine voire en fin de saison." Pour l'instant, Manu Koné n'a pas encore goûté à ses premières minutes en professionnel. Mais l'avenir lui appartient, et samedi il n'aura qu'une chose en tête : s'imposer pour ainsi effacer l'amertume de la défaite en finale du Championnat U17 un an plus tôt.


