Lorsque l'on est surnommé "le nouveau Zlatan Ibrahimovic", il y a une forme de logique à exploser aux Pays-Bas. Alexander Isak l'a bien compris lorsqu'il a fait le choix de rejoindre Willem II en prêt pour accumuler du temps de jeu cette saison. L'attaquant suédois a rallié le championnat néerlandais à 19 ans, comme son précédesseur, et son passage fait son effet. Il cumule déjà 13 buts en 14 apparitions pour Willem II, un club qui l'a recruté en janvier dernier, mais Isak n’a besoin que d’un but supplémentaire pour égaler le record du grand Ibra en Eredivisie, ce qui aurait tout de même de l'allure quand on connait la trace laissée par l'ancienne star du PSG.
Les Pays-Bas sont sous le charme
Ibrahimovic avait passé trois ans à l’Ajax avant de poursuivre sur sa lancée avec la carrière que l'on sait, remportant des titres à l’Inter, à Barcelone, à l'AC Milan et au Paris Saint-Germain donc, en plus de devenir le meilleur buteur de l'histoire de sa sélection. Isak n’aura pas la chance de remporter le championnat des Pays-Bas, Willem II ne jouant pas dans la même cour que l'Ajax, mais il pourrait répliquer en s'adjugeant la Coupe des Pays-Bas, dont la finale opposera Willem II à l'Ajax, justement.
Les similitudes ne s'arrêtent pas là, puisque le nom du prospect le plus prometteur du football suédois est revenu dans la presse catalane par rapport à un supposé intérêt du FC Barcelone. Rappelons au passage qu'avant de rejoindre Dortmund en 2017, Isak était dans le viseur du Real Madrid. Autre point de comparaison : leurs gabarits. Du haut de son mètre 90, Isak est un joueur dominant, même si son morphotype n'est pas aussi impressionnant que celui d'Ibra, qui culmine à 1,95m.

Bien que le jeune homme n'ait ni l'ego, ni le goût pour la provocation de son compatriote, son efficacité dans le dernier geste, son habileté dans la surface et sa relation technique ses compères d'attaque dans l'animation offensive de Willem II font des étincelles. Après être resté muet pendant trois matches, il a pris son envol en débloquant son compteur contre Vitesse pour amorcer une série qui l'a vu devenir le premier joueur en 50 ans à marquer 11 fois lors de ses 11 premiers matches en Eredivisie.
Parmi les buts les plus notables de cette série, ressortons un pion décisif contre Feyenoord, un triplé contre le Fortuna Sittard, deux beaux buts et deux passes décisives face à Heracles à l'extérieur, ou encore l'unique réalisation de son équipe dans un contexte plus difficile, lors d'une défaite lourde contre l'Ajax (4-1). Il a également joué un rôle crucial dans le parcours de son équipe en Coupe des Pays-Bas.
Koster : "je n'ai jamais travaillé avec un joueur aussi complet, il a tout"
Reste que la progression de ce jeune attaquant a quelque chose d'attendu au vu de sa cote depuis le début de sa carrière, d'abord. Et qu'elle doit être analysée avec des pincettes par rapport à la compétitivité de l'Euredivisie, aussi. L'Ajax est demi-finaliste de la Ligue des champions, mais le club de la capitale reste une institution à part. Dans son club formateur, l'AIK Fotboll, Alexander Isak avait attendu 29 matches pour atteindre ce total de 13 buts, tandis qu'en 13 matches pour le Borussia Dortmund, il n'avait inscrit qu'un petit pion contre une équipe de troisième division. Même avec la réserve du club allemand, le Suédois n'a totalisé que 5 petits buts en 12 apparitions.
Les prochains chapitres son histoire permettront de lever le voile sur ces relatives réserves. Alexander Isak a rejoint Willem II pour se révéler ailleurs que dans son pays, c'était l'idée. Et il remplit sa part du contrat. L'entraîneur de Willem II, Adrie Koster, qui a tout de même connu des références comme Luis Suarez et Klaas-Jan Huntelaar du côté de l'Ajax, est admiratif. "Je n'ai jamais travaillé avec un joueur aussi complet", a-t-il déclaré. "Il a tout: la vitesse, la vue d'ensemble, la technique et la capacité de marquer".
Et puis les chiffres sont une chose, mais le style en est une autre. Dans son mode opératoire, Isak, toujours en quête d'espace, a l'habitude d'amorcer ses courses de loin. C'est un joueur très mobile malgré son gabarit. Il frappe rarement en dehors de la surface, mais il est extrêmement dangeureux par son jeu de corps et ses déplacement dès qu'il y entre, bien que sa finition soit encore perfectible.
Le sélectionneur de la Suède Janne Andersson, qui l'a remis sur le devant de la scène après un l'essouflement qui a suivi son record de précocité - il était devenu le plus jeune buteur de l'histoire de la sélection devant Ibrahomovic - est ravi de le voir enfin décoller. "C’est génial que cela ait si bien fonctionné pour lui", a déclaré Andersson à SVT Sport. "Il a progressé dans la plupart des domaines. Il est impliqué sur de plus en plus de buts. Je l'ai convoqué lors du dernier rassemblement parce qu'il est assez bon, pas parce qu'il est jeune et prometteur. C’est super que les choses se passent si bien pour lui et qu’il obtienne le temps de jeu dont il a besoin. Il est également évident qu’il a choisi le environnement pour grandir". Si Alexander Isak franchit encore les paliers que son talent appelle, Dortmund aura peut-être plus de mal que prévu à profiter de son talent.
