Azzedine Ounahi et Youssef Youssef En-Nesyri, tous les deux formés à l'Académie Mohamed VI, célèbrent le but du Maroc en quart de finale de la Coupe du monde contre le Portugal.Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Maroc : Ounahi, En-Nesyri, Aguerd... comment l'académie Mohamed VI forme la nouvelle génération du football marocain

Le week-end dernier, le Maroc a remporté une première victoire. Pas du côté de Doha mais d’Agadir où les joueurs de l’Académie Mohamed VI ont remporté la deuxième édition de l’Africa’s Cup, qui réunissait le gratin des écoles de football africaine (JMG Mali et Côte d’Ivoire, Right to Dream au Ghana ou le Racing Club d’Abidjan, etc). 

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Sous les les yeux de nombreux recruteurs venus d’Europe et en particulier de France, les U19 marocains ont fait forte impression, confirmant au passage les résultats entrevues quelques jours plutôt lors d’une tournée de trois matchs dans l’Hexagone, où ils ont corrigé Strasbourg (3-0, le 14 novembre), avant de battre Troyes (1-0, le 16) et Valenciennes (2-1, le 22). 

Si ses résultats en jeune font parler d’elle, l’académie dispose aussi d’éminents représentants dans l’équipe nationale marocaine qui affrontera la France en demi-finale de la Coupe du monde mercredi. Youssef En-Nesyri, Nayef Aguerd, Azzedine Ounahi ou encore le troisième gardien Reda Tagnaouti ont tous été formés au sein de l’institution qui peut sous certains aspects faire penser à notre institut national du football (INF). 

Un maillage leur permettant de repérer les meilleurs talents du pays

Financé par le roi du Maroc et créé en 2008, à la suite des échecs successifs de la sélection marocaine lors des qualifications à la Coupe du monde ou dans les phases de poule de la Can mais aussi des résultats des catégories jeunes et des clubs sur le continent, le projet avait pour but de remettre la formation des joueurs marocains sur le devant de la scène. 

Entré en fonction en 2010, l’académie se compose de plusieurs structures dispatchés dans plusieurs villes du pays : de Tanger à Fès en passant par Oujda, Agadir et surtout Rabat. Dans leur fonctionnement, les créateurs du projet massivement financé par l'État Marocain et piloté à l’époque par Nasser Larguet ont souhaité créer un maillage leur permettant de repérer et d’accueillir les meilleurs jeunes joueurs des U7 au U13. 

"A l’âge de 12 ans, les meilleurs d’entre eux viennent ensuite dans notre centre de Rabat pour des stages qui se déroulent à chaque vacances scolaire. Ils sont près de deux cents au départ et à la fin il n’en reste plus que 12 à 13 joueurs", décrit Abdelouahed Zamrat, l’actuel directeur de la formation.

Dans la foulée, les heureux élus intègrent le centre de Rabat pour y disputer le championnat U15 nationaux, bénéficiant d’une politique de surclassement qui ressemble à ce que peut pratiquer le Benfica Lisbonne. Comme le club portugais, les jeunes joueurs sont formés pour être vendus et un jour rejoindre l’Europe. 

"Près 60% des joueurs actuellement dans les sélections nationales de jeunes au Maroc viennent de notre académie"

Ce qui peut notamment expliquer que les tournées en Europe sont assez régulières, comme en attestent les récents résultats ou que les participations ou l’accueil de tournois se font de manière régulière. Et où les recruteurs français, portugais et espagnols viennent souvent en nombre.

Strasbourg avait par exemple repéré Azzedine Ounahi lors d’une tournée en Bretagne en 2018. "A partir de ce moment-là, le RCSA est entré en contact avec nous et ils sont ensuite venus le voir sur un match de championnat au Maroc avant de le voir à nouveau lors de notre au tournoi", se souvient Abdelouahed Zamrat. Et c’est à partir de ce moment qu’ils ont décidé de le faire signer. 

D’autres ont depuis suivi sa voie. Si l’on aurait pu citer le nom d’Hamza Mendyl (passé par Lille et Schalke 04), Abdelwahed Wahib (Le Havre) ou Oussama Targhalline (prêté par Marseille à Alanyaspor), d’autres jeunes ont rejoint quelques formation européennes l’été dernier. Strasbourg, encore, a par exemple cité le gardien Walid Hasbi (2004) et le latéral droit Anass Nanah (2003).

L’Espagne a aussi jeté son dévolu sur les joueurs de l’académie dont le style de jeu et le gabarit peuvent correspondre aux caractéristiques du championnat ibérique. L’avant-centre Omar Saddik (2004) a, par exemple, rejoint l’Espanyol Barcelone (2004) et le défenseur central Ayoub Hammimi (2004) s’est engagé avec Gijon.

"Près de 60% des joueurs actuellement dans les sélections nationales de jeunes au Maroc viennent de notre académie", note Abdelouahed Zamrat. Un chiffre qui ne garantit pas forcément le succès du pays à long terme mais réveille l’espoir de voir l’actuel succès des hommes de Walid Regragui se poursuivre sur plusieurs années.

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