Mercredi soir, Achraf Hakimi recevra-t-il le même accueil à Haïfa qu’à Tel-Aviv à l’été 2021 et 2022 ? Au Bloomfield stadium, qui a accueilli les dernières éditions du Trophée des champions, le latéral marocain avait été conspué par le public israélien pendant près de 90 minutes. Si bien que lorsqu’il touchait le ballon avant de le transmettre à Lionel Messi, les tribunes alternaient entre sifflets et ovations.
Mais pourquoi est-il le seul parisien à avoir subi ce traitement de faveur quand Sergio Ramos ou Neymar faisaient vibrer les fans venus les apercevoir ? Pour le comprendre, il faut remonter au printemps 2021, alors qu’il était encore un joueur de l’Inter Milan. Sur ses réseaux sociaux, l’ex du Real Madrid avait affiché son soutien à la Palestine par un tweet qui est visiblement resté en travers de la gorge d’une grande partie des amateurs de foot locaux.
Cette drôle d’ambiance, Hakimi risque de la retrouver dès mercredi soir au stade Samy-Offer : 50 000 places et une des atmosphères les plus bouillantes de tout le pays, avec un public investi, passionné avec une « exigence forte », se souvient Ludovic Obraniak, consultant Prime Video sur la Ligue 1 et qui a évolué à Haïfa de 2015 à 2016.
« Quand je suis arrivé, ils avaient enchaîné cinq ou six matches sans gagner et les supporters étaient venus à l’entraînement pour mettre la pression. Si on devait prendre un point de référence, cela ressemble beaucoup aux ambiances turques. Le stade est une vraie bonbonnière et quand ça chauffe, ça chauffe. Même si les gens restent civilisés ».
Sur l’accueil qui lui sera réservé mercredi soir, les avis divergent et sur place on ne fait pas attention particulièrement à la venue de de Hakimi. Ce qui était déjà le cas à Tel-Aviv, le 31 juillet lors du match contre Nantes et pourtant les décibels étaient montés à chaque ballon touché. Interrogé par Le Parisien, Jonathan Serero, journaliste français basé en Israël et spécialiste de la politique parie sur « des sifflets mais je pense que ce sera dirigé contre l’équipe adverse en général. »
Pourquoi les supporters de Haïfa, traiteraient-ils différemment le latéral parisien que leurs homologues de Tel-Aviv ? « La ville est réputée pour le bien vivre ensemble des différentes communautés. Et il y a des joueurs arabes et musulmans dans l’équipe qui sont parfaitement intégrés mais si Hakimi a pris partie, il risque tout de même de s’attirer quelques foudres », rappelle Ludovic Obraniak. « Beaucoup de fans soutiennent aussi la cause palestinienne et, donc, ne siffleront pas Hakimi », parie de son côté le journaliste français.
Le principal intéressé lui a l’air de s’en moquer royalement. De passage en zone mixte après la victoire contre Brest samedi, il a fait preuve d’un détachement étonnant. « Je serai avec l’équipe, ce n’est pas un problème pour moi. Je vais jouer et après, je vais rentrer à la maison (rires) ».