L'histoire devait s'écrire ainsi. 15 ans après son départ de Rennes pour Chelsea, Petr Cech va retrouver la Bretagne jeudi à l'occasion des huitièmes de finale de la Ligue Europa. Un retour aux sources pour celui qui a gardé les cages rennaises pendant deux saisons, de 2002 à 2004. Suffisamment longtemps pour laisser une trace indélébile dans l'histoire du club. "On a échangé dans l'heure qui a suivi le tirage. C'est magnifique , raconte pour Goal Christophe Lollichon, qui a été son entraîneur pendant neuf ans, de Rennes à Chelsea. Il souhaitait retrouver Rennes, d'autant qu'il compte les jours en ce moment. Une période de sa vie va s'arrêter. Il est super heureux et la seule chose que je lui ai dite c'est que le football, parfois, savait remercier ses serviteurs." Pourtant, ce ne sera pas un jubilé. "Il va falloir se qualifier, précise Lollichon. Mais c'est tout simplement génial. Petr va retourner sur des terres qu'il a appréciées et qu'ils l'ont particulièrement apprécié. L'accueil va être grandiose."
Les supporters ne l'ont pas oublié. Fabrice Pinel du site Rouge Mémoire nous livre ses souvenirs du gardien tchèque, arrivé du Sparta Prague pour 30 millions de francs (4,5 M€) et parti deux ans plus tard pour 14,3 millions d'euros. "Il a laissé une grosse empreinte ici. C'est sans aucun doute le meilleur gardien passé par Rennes au 21e siècle. Il arrivait avec un a priori positif après l'Euro Espoirs que beaucoup de gens avaient vu, avec cette séance de tirs au but remportée face à l'équipe de France. Il n'a pas déçu, et pourtant sa première saison était galère avec Loeschbor, Fleurquin et Ivanov qui ont déçu alors qu'ils arrivaient comme les têtes de gondole du recrutement." Après seulement quelques matches, Philippe Bergeroo est limogé, remplacé par Vahid Halilhodzic qui parvient à maintenir le club, non sans l'aide de Petr Cech. "Il a rapporté beaucoup de points , reprend Fabrice Pinel. Dans ce maintien, la première année, pour moi il a été aussi important que le but de Kaba Diawara en 98."
"On n'avait jamais vu un gardien comme ça à Rennes"
La seconde année est déjà plus rayonnante. Avec Laszlo Bölöni, qui a coaché de grands noms comme "CR7", la formation bretonne termine neuvième malgré une équipe quelque peu déséquilibrée. "C'est vrai que défensivement, on avait un peu moins de qualités, confirme à Goal l'ancien coach rennais. Mais on ne pouvait rien reprocher à Petr. C'est le meilleur gardien que j'ai eu à entraîner de toute ma carrière. Dans ses 16 mètres, il faisait la même chose que Ronaldo dans la surface adverse. C'était du top niveau." Cette année-là, le duo Cech-Lollichon lance son aventure commune. "Il s'est passé tout de suite quelque chose, note Christophe Lollichon. Il y avait une complémentarité professionnelle et humaine, qui s'est confirmée au fil des années puisqu'on est encore au téléphone toutes les semaines. On pouvait parler de football, bien sûr, mais aussi d'histoire, de géographie, avec un humour particulier qu'on partage. Il m'a beaucoup fait progresser en tant qu'entraîneur des gardiens."
"De 20 à 22 ans, il a marqué non seulement le club par ses performances, mais aussi par sa gentillesse et sa capacité à s'adapter. Au bout de six mois, il parlait un français fluide. On n'avait jamais vu un gardien comme ça à Rennes et les gens s'en sont rendus compte" , conclut Christophe Lollichon. Pour preuve, la haie d'honneur qui lui a été réservée lors de son dernier match Route de Lorient contre Montpellier (4-0), le 23 mai 2004, remplacé par Simon Pouplin à quelques minutes de la fin. "Il a eu une standing-ovation comme je n'en ai jamais vue à Rennes. Ça reste aujourd'hui le gardien le plus cher de l'histoire du club et tous les supporters ont suivi son parcours avec fierté", indique Fabrice Pinel. Arrivé en Bretagne avec le costume de grand espoir du poste, Petr Cech va revenir avec une Ligue des champions, une Ligue Europa, quatre titres de Champion d'Angleterre, quatre Coupes d'Angleterre, trois Coupes de la Ligue anglaise et quatre Community Shield. Un palmarès de légende.