Qui aurait cru que l'une des images marquantes de la dernière finale de la Ligue des champions serait celle d'un homme connu pour saupoudrer du sel sur des steaks ? Vous avez peut-être entendu parler de Nusret Gokce. Vous avez peut-être vu les vidéos bizarres qui ont fait de lui une célébrité.
Pourtant il y a tout juste un an, Gokce était dans son élément. Il était à Kiev, prenant des photos avec Gareth Bale, Cristiano Ronaldo et Sergio Ramos. Le tout avec la Coupe aux Grandes Oreilles. Avant de demander une image à un Mohamed Salah dévasté.
Les larmes de l'Egyptien avaient à peine séché. Son bras gauche en écharpe, la douleur - aussi bien physique qu'émotionelle - se lisait sur son visage. Il semblait abattu. Cela ne devait pas se terminer comme ça. Cela devait être son jour, où son statut parmi les meilleur joueurs du monde devait être confirmé. Sa première saison à Liverpool devait s'achever de la plus belle des manières.
Au lieu de ça, sa grande soirée dura à peine une demi-heure, ses rêves étant écrasés par Sergio Ramos. Pas de gloire, seulement une épaule en lambeaux, un selfie non désiré et une valise remplie de regrets.
Douze mois plus tard, sa chance de rédemption est arrivée. Il n'y aura personne de plus motivé que lui ce samedi, alors que Liverpool tentera de remporter la sixième Ligue des champions de son histoire contre Tottenham au Wanda Metropolitano de Madrid.
"Je sais qu'il a hâte d'y retourner, a déclaré Jordan Henderson. Bien sûr, ce sera une grande motivation pour lui de montrer ce qu'il peut faire en finale de Ligue des champions et, touchons du bois, il peut le faire durant le match entier."
La première saison de Salah sur les bords de la Mersey a été remarquable avec 44 buts dont de nombreux mémorables et plusieurs récompenses individuelles. Une année laquelle il est passé de talent prometteur à star confirmée. Après cette finale, il a récupéré à tant pour participer à la Coupe du Monde avec l'Egypte, trois semaines seulement après. Mais il lui a fallu des mois pour retrouver la pleine possession de ses moyens.
En décembre, Klopp révélait l'ampleur de ses tourments : "Si vous travaillez dans un bureau et que votre épaule n'est pas à 100%, si ce n'est pas la main avec laquelle vous écrivez, ça devrait le faire. Mais si vous êtes un footballeur professionnel, cela vous enlève 10 ou 15%."
Salah lui-même s'était exprimé sur sa douleur post-Kiev, dans une interview récemment accordée à Bleacher Report. "Cette fois, mentalement, c'était très très dur. Quand j'ai été remplacé, je suis allé dans le vestiaire et je pleurais parce que j'avais l'impression que la Ligue des champions était terminée ainsi que la Coupe du Monde. C'était très dur pour moi à ce moment-là."
Salah admet que cette magnifique saison 2017-2018 a fait monter les attentes autour de ses performances, lui apportant de nouveaux défis. Il a notamment joué comme n°9 des Reds dans un système en 4-2-3-1 avant la trêve, mais si les débats concernant son état de forme ont persisté.
"En gros, vous avez marqué 40 et quelques buts la saison passée, maintenant ils veulent que vous en marquiez 60 et la saison prochaine 90 !, s'est-il exclamé. Cela ne marche pas comme ça. Si je marque 30 buts et que l'équipe est 3 ou 4e, allez-vous être contents ? Non."
Le fait qu'il ait réussi à surmonter toutes ces difficultés montre sa capacité de résilience et sa confiance dans ses capacités. Impitoyable, dévoué et déterminé, ce jeune homme de 26 ans a toujours fait preuve d'un haut niveau d'exigence et d'un désir constant d'amélioration personnelle depuis le jour où il a franchi la porte d'Anfield.
En 103 matches avec Liverpool, il compte 70 réalisations, deux titres de meilleur buteur de Premier League et un titre de meilleur joueur de la saison. Il a été désigné joueur africain de l'année lors de ces deux dernières saisons. Un an après, le voilà prêt à effacer le traumatisme de Kiev. Tottenham est prévenu.