C’était une description simple mais efficace de ce que l’entraîneur des Bulls, Doug Collins, avait expliqué par la suite, à savoir une stratégie simple mais efficace : "donner le ballon à Michael et tout le monde dans l'équipe devait se dégager de sa route."
Barcelone a une approche similaire avec Lionel Messi. "L'équipe ne peut pas se permettre de passer même 10 minutes du match avec lui sans avoir la possession du ballon", a déclaré Xavi à Mundo Leo en 2017. "Il doit être où que ce soit et, s'il n'est pas là, apportez-le-lui. [Sinon], il sera mis hors de combat. Messi est celui qui fera bouger les choses pour l'équipe."
Par conséquent, les joueurs du Barca ont pour instruction de placer le ballon sous les pieds de Messi aussi rapidement et aussi souvent que possible. La Juve a toutefois adopté une approche légèrement plus variée depuis qu'elle a surpris le monde du football en recrutant Cristiano Ronaldo du Real Madrid l'été dernier.
Leur objectif n'est pas seulement de trouver les pieds de l'attaquant portugais, mais aussi sa tête. La saison dernière, la Juve se focalisait parfois dans l'axe et cherchait des petits expaces. Maintenant, les Bianconeri cherchent aussi à écarter sur les côtés à chaque occasion et à le faire entrer dans la surface.
GettyUne hausse conséquente du nombre de centres tentés
En effet, la Juve ne figurait même pas dans le top 20 des centres tentés toutes compétitions confondues en 2017-18. Cette saison, avant les matches du week-end dernier, ils se sont retrouvés au cinquième rang du classement général, avec 692 centres. La Juve compte en moyenne 16,9 centres par match ; en hausse par rapport aux 12,6 en 2017-18 - et tout cela tient à Ronaldo.
L'arrivée du quintuple Ballon d'Or a eu plusieurs répercussions sur la formation turinoise. Premièrement, Mario Mandzukic est maintenant plus important que jamais car il fournit à Ronaldo un point d'appui à l’avant, un joueur qui sert de repère qui se montre aussi adroit dans le domaine aérien. Deuxièmement, Paulo Dybala n’est plus un titualire certain et quand il joue, il sert de relai entre le milieu de terrain et Ronaldo en attaque.
Les deux attaquants sont essentiellement là pour servir CR7, de même que les défenseurs latéraux à qui on demande de la largeur et des dédoublements. Le contraste frappant entre les différentes stratégies de la Juve - de cette saison et de la dernière - était mieux illustré dans le match de la Ligue des champions de la Juve avec les 16 dernières rencontres contre Atletico.
Lors du match aller, Massimiliano Allegri a repris la forme et a adopté une approche conservatrice. Il a commis l'erreur de laisser Joao Cancelo hors de son onze de départ, tout en persistant avec un Dybala inconfortable entre les lignes. La Juve était beaucoup trop passive face aux Madrilènes et a payé le prix, perdant 2-0 au Wanda Metropolitano.
Les Bianconeri jouissaient d’une possession importante (63,1%) mais sans aucune pénétration. L'Atletico était beaucoup plus direct et a donc prouvé qu'il était beaucoup plus dangereux, avec cinq tirs cadrés contre deux seulement des visiteurs. Lors du match retour, la Juve a eu à peu près la même possession (62,1%), mais cette fois, elle a su en faire quelque chose.
La Vieille Dame a bien décidé d'écarter le jeu et a effectué 30 centres au total, soit près de deux fois le total habituel. Bien sûr, avec José Gimenez et Diego Godin, l'Atleti possède deux des meilleurs défenseurs dans le domaine aérien mais même eux n'avaient aucune réponse à ce qui était une attaque aérienne totale.
Le résultat final ? Ronaldo a dominé, marquant deux fois de la tête alors que la Juve réalisait l'un des grands retours européens, remportant la rencontre 3-0, ce qui signifiait une qualification pour les quarts de finale et un choc à venir contre l'Ajax Amsterdam.
Getty/GoalLe quintuple vainqueur du Ballon d'Or est apte à marquer tous les types de buts mais ses prouesses aériennes sont sans doute la facette la plus remarquable de son jeu. Certains de ses succès les plus emblématiques ont été par cette faculté.
Il y a eu les efforts acharnés contre Rome et Chelsea lors du triomphe de la Ligue des champions en 2007-2008 avec Manchester United, Sir Alex Ferguson décrivant le premier but comme étant "la tête parfaite".
"C'est comme regarder un concours de dunk"
L'entraîneur emblématique des Red Devils avait été également bluffé en 2013 lorsque Ronaldo avait donné l'avantage au Real Madrid lors d'un affrontement en Ligue des champions et l'ancien club de l'attaquant portugais. "La rotule de Ronaldo était à la hauteur de la tête de [Patrice] Evra, même Lionel Messi ne peut pas faire ça !" avait dit Ferguson, sidéré.
L'ancien défenseur d'Arsenal, Martin Keown, a comparé les sauts de Ronaldo à "regarder un basketteur se lancer dans un concours de dunk". Ce n'est pas exagéré non plus.
Cristiano Ronaldo n'est donc pas seulement un joueur « clutch », il glisse également dans les airs, ce qui signifie qu'il est essentiellement le Michael Jordan du football. Et, tout comme Jordan à son époque de gloire, il y a très peu de choses que l'on puisse faire pour l'arrêter quand on lui fournit un centre de qualité.
Même s'il est toujours extrêmement difficile de comparer des joueurs de différentes époques - compte tenu de l'évolution du football au fil des décennies -, il ne fait aucun doute que Ronaldo a toujours été parmi les meilleurs attaquants dans les airs ; comme Carlos Santillana, Oliver Bierhoff et Horst Hrubesch à leurs époques
En effet, depuis 2008, il a marqué 82 têtes dans toutes les compétitions de clubs. C'est 20 buts de plus que quiconque. Fernando Llorente est distancé à la seconde place avec tout de même 62 réalisations dans cet exercice.
Et ce sera la principale préoccupation de l'Ajax avant le match aller de mercredi en quart de finale à Amsterdam. L'objectif principal des Bianconeri sera encore une fois de faire passer le ballon à Ronaldo. La tâche d'Ajax s'annonce compliquée car rien ne peut arrêter Ronaldo dans les airs.