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Dijon Bordeaux Kwon Lerager

Kwon Chang-hoon, le discret mais talentueux milieu sud-coréen de Dijon

En zone mixte, il est rare de voir Kwon Chang-hoon s'éterniser. L’un des joueurs les plus en vue à Dijon n’est pas très avare en commentaires. Après la victoire face à Bordeaux le 1er décembre dernier, Canal+ avait eu le privilège de lui poser quelques questions. Mais le joueur ne comprenant ni le français ni l’anglais, c’est un interprète sud-coréen qui avait dû traduire les questions. Pas évident donc sur le plan de la compréhension. Pourtant sur le terrain, la barrière de la langue n’est absolument pas un frein.

Au début, "il était souvent par terre"

Arrivé en janvier 2017 en provenance du Suwon Samsung Bluewings FC, l’un des plus gros et populaires clubs sud-coréens, Kwon a su faire son trou petit à petit en graillant du temps de jeu (220 minutes en 2016-2017), avant de devenir un titulaire indiscutable lors de l’exercice actuel. Stéphane Jobard, entraîneur adjoint du DFCO, a vu le milieu grandir depuis 11 mois en terre bourguignonne. Il le raconte à Goal. "Il y a eu une adaptation progressive. Au début, ça a été le choc des cultures. Il faut remettre les choses dans le contexte : Kwon Chang-hoon, 20 ans, qui n'a connu que la Corée du sud. Il débarque en Europe, seul, sans un mot d'anglais, sans un mot de français. Vous voyez le grand écart que ça peut représenter. Donc il y a quand même eu une phase de digestion. Il était accompagné dans un premier temps par des agents qui parlent anglais. Et ensuite pour l'accompagner au quotidien, ses parents sont venus habiter ici. L'immersion s'est faite progressivement."

Au départ remplaçant, le joueur de 23 ans a su être patient et bien s’acclimater. Environ sept mois pour comprendre les caractéristiques de la Ligue 1 et enfin pouvoir jouer sa partition. "Dans un premier temps, il était souvent par terre, raconte Stéphane Jobard, parce qu'il y a beaucoup d'impacts et qu'il n'avait pas forcément l'habitude de ça en Corée du Sud. Mais par contre on a décelé tout de suite le talent. C'est à dire une habileté balle au pied hyper intéressante et une grande vitesse gestuelle." Afin de capitaliser sur ces qualités, le club lui fait découvrir la fameuse préparation physique d’avant-saison. Pratiquement six semaines à s’étoffer et prendre du coffre afin d’être prêt pour un exercice entier. Avec cinq buts et deux passes décisives en 16 apparitions, le pari est plus que gagnant.

La Russie dans le viseur

Du coup, on se demande logiquement jusqu’où peut aller Kwon qui a bien assimilé les concepts de jeu d’Olivier Dall’Oglio, son entraîneur. Au-delà du maintien de son équipe en Ligue 1 (étape plutôt bien entamée), le milieu se projette logiquement sur la Coupe du Monde 2018 avec l'espoir de la disputer avec sa sélection, lui qui compte 14 caps depuis août 2015. Pour Manseoung Han, journaliste à Goal Corée du Sud, Kwon doit encore écrire son histoire avec son pays. "En toute honnêteté, il n'est pas parmi les footballeurs les plus populaires ici comme Son Heung-min de Tottenham. Cependant, il a attiré beaucoup l'attention ces dernières semaines grâce à son exposition en France. Il est définitivement considéré comme l'un des joueurs les plus prometteurs, mais il n'a pas encore atteint le statut de célébrité."

Chang Hoon Kwon Dijon Toulouse Ligue 1 25112017Gettyimages

À moins d’un accident comme une blessure importante, la présence du Dijonnais dans les 23 est quasiment actée selon les observateurs basés à Séoul. Pour rappel, les Guerriers Taeguk ont hérité d’une poule bien relevée, avec notamment le Mexique, la Suède et surtout l’Allemagne. "Il va être mis en lumière par la Coupe du monde, affirme Stéphane Jobard. Et aujourd'hui, à chaque fois, quel que soit le niveau de l'adversaire qu'on rencontre, il pose problème. C'est un jeune joueur, il ne faut pas l’oublier. (...) On découvre un Sud-Coréen à la sauce européenne, même dijonnaise - il y a un peu de moutarde et un peu de crème chez nous ça va bien (sourire)."

Un timide qui commence à s’ouvrir

Derrière le joueur qui ne cesse d’épater, de se montrer habile balle au pied, à l’image de son but en une touche de balle face à Amiens (28 novembre dernier) où d’une balle enroulée en première intention, il avait trompé la vigilance de Gurtner, il y a une personnalité réservée et assez effacée. Pourtant, au sein du club bourguignon, tout le monde note ses efforts : cours intensifs de français, attention poussée lors des séances vidéo et surtout des conversations avec ses coéquipiers pour ne pas rester un ovni. "Vous avez vu ? Interroge Manseoung Han. Il est très timide, Même en Corée du Sud, il est connu comme l'un des footballeurs les moins éloquents lorsqu'il s'adresse à la presse. Il est souvent calme mais reste quelqu’un de très courtois." La parole est d’argent, le silence est d’or. Avec une telle ascension, difficile pourtant d’imaginer Kwon continuer à rester dans l’ombre médiatique. Pour l’instant le joueur est protégé par son entourage et le club, qui pense déjà à l’été prochain et aux nombreuses approches à venir.

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