Randal Kolo Muani, le garçon « calme et dans son coin » a bien grandi. De son prêt à Boulogne-sur-Mer à sa première convocation en Bleu, l'attaquant originaire de Bondy a connu une ascension fulgurante en un peu plus de deux ans sur laquelle il est revenu avec une tranquillité déconcertante. Comme s'il n'avait pas encore mesuré tout le chemin parcouru. Pour GOAL, il raconte son déclic, ses changements mais aussi son choix de rejoindre Francfort, où il performe déjà (2 buts et 5 passes décisives en 11 matches). Sans oublier cette convocation avec l'équipe de France à deux mois du mondial au Qatar (21 novembre au 18 décembre).
Il y a un peu de deux ans vous sortiez d'un prêt à Boulogne-sur-Mer avec du bon et du moins bon. Cette expérience a-t-elle créé un déclic ?
En effet, ça a été un déclic. En début de saison, j'ai pris deux cartons rouges. Ça m'a mis un coup derrière la tête. Je restais chez moi, je ne faisais rien. C'est ma famille qui m'a beaucoup aidé et leur soutien a été précieux dans cette période. Après ça, j'ai fait beaucoup d'entraînements individuels, de vidéos. J'ai beaucoup travaillé sur moi-même.
En quoi avez-vous changé après ce passage dans le Nord ?
Je suis plus professionnel, on peut le dire depuis mon passage à Boulogne. Je fais attention à des détails sur la manière dont je vais manger, dont je vais dormir, dont je vais récupérer.
Vos débuts en L1, la Coupe de France avec Nantes, vos premiers pas avec Francfort ou la première convocation… Depuis deux ans vous êtes sur une pente ascendante…
C'est juste un sentiment. Derrière, il y a beaucoup de travail. Je suis aussi bien entouré par ma famille et mes agents qui m'ont permis de rester focus sur le terrain.
Getty ImagesAprès votre première saison à Nantes, Francfort a fait partie des clubs qui vous ont approché et convaincu. Pourquoi êtes-vous resté fidèle à ce choix alors que vous aviez d'autres possibilités ?
Je ne suis pas une personne qui voit trop loin. J'ai préféré aller dans un club où je pourrais avoir du temps de jeu. C'est le cas et en plus je joue à un bon niveau. Pour moi, il était important de trouver une suite logique après Nantes pour continuer à progresser et aller le plus haut possible.
Quels ont été les arguments de Francfort ?
J'ai un style un peu particulier dans l'équipe. Je suis un joueur qui prend beaucoup la profondeur et c'est un profil qui manquait dans leur effectif. J'ai aussi une bonne entente avec mes deux collègues derrière moi qui ont plus le ballon et qui arrivent plus à me trouver, à me lancer, à combiner avec moi. J'ai un profil atypique dans l'effectif de Francfort.
Votre départ de Nantes a suscité beaucoup de commentaires au cours de la saison passée. Mais sur le terrain ça ne vous a jamais perturbé, comment l'expliquez-vous ?
Je ne me suis concentré que sur le terrain. Ma famille est autour de moi pour me protéger et m'a aussi conseillé de ne pas aller sur les réseaux. Je suis réellement resté concentré sur mon travail. J'avais fait mon choix, j'ai donné ma parole et je n'en ai qu'une. J'avais dit que j'allais tout donner pour le FC Nantes et je l'ai fait. Je suis parti en paix en respectant ce que j'avais dit.
Le fait d'avoir choisi si tôt explique-t-il aussi pourquoi vous réalisez un bon début de saison ?
Je pense que oui. Ça a été une sorte de soulagement même si j'étais encore à Nantes de savoir que je connaissais l'étape d'après. Ça m'a libéré, j'ai su que je pouvais me donner à fond jusqu'à la fin de saison.
L'Allemagne c'était surtout une question de projet ? Le fait que beaucoup de jeunes français y réussissent a-t-il joué ?
En regardant les autres Français, j'ai vu qu'ils étaient performant là-bas et avec certains on a des qualités similaires donc ça m'a aussi titillé. J'en avais aussi discuté avec Jean-Kévin Augustin qui m'a décrit un championnat avec beaucoup d'espaces et de l'intensité. J'ai aussi compris que c'est un championnat qui correspondait à mes caractéristiques et que je pouvais me plaire là-bas.
On dit souvent qu'entre l'Allemagne et la France il y a une grande différence dans le travail et les entraînements. De la rigueur mais aussi plus d'intensité, est-ce un mythe ?
C'est une réalité. Il y a vraiment beaucoup d'intensité et c'est tout le temps comme ça. Les Allemands sont déjà très rigoureux sur les horaires. Si tu arrives 5 minutes en avance, tu seras parmi les derniers. Eux ils sont là bien avant. Avant les entraînements avant que tu arrives aux vestiaires, ils sont déjà tous en salle pour s'échauffer. Ce sont des détails mais j'avais besoin de cette rigueur-là pour passer un cap.
L'équipe de France faisait partie de vos objectifs mais pas pour cette année…
Oui, j'imaginais plus pour la saison prochaine. Je me voyais continuer à performer dans mon club et à gravir les échelons. Je ne pensais pas être appelé tout de suite après mon arrivée à Francfort.
Qu'est-ce qu'on projette quand on est appelé en Bleu pour la dernière liste avant la Coupe du monde ?
Déjà tu te dis que tu es international français. La Coupe du monde ? Tu y penses bêtement. C'est comme une sorte de réflexe. « Je me suis dit : « imagine, tu y vas ». Mais je me suis rapidement dit que je devais d'abord faire mes preuves pendant les entraînements, au cours des deux matchs mais aussi continuer à performer à Francfort, après ça sera la décision du sélectionneur. Tant que je sais que j'ai tout fait pour être dans cette liste, je n'aurais aucun regret.
