Christophe Galtier Laurent Battles ASSE SC BastiaGetty Images

EXCLU GOAL - Management, schéma de jeu, anticipation… Laurent Batlles décrypte Christophe Galtier

Laurent Batlles et Christophe Galtier se sont connus à Bastia, quand le premier était encore joueur et le second adjoint de Gérard Gili (2001-2004) sur le banc corse. Quelques années plus tard, les deux hommes se retrouvent à Saint-Etienne. L'ancien milieu de terrain a côtoyé le nouveau coach du PSG d'abord comme joueur (2010-2012) puis comme entraîneur adjoint (2015-2016) après avoir reçu un coup de fil de Galtier pour lui proposer le poste. Pour GOAL, il décrypte le fonctionnement de l'ex-technicien lillois et niçois, revient sur « leur relation particulière ».

SC Bastia 2002 Christophe Galtier Gérard GiliGetty Images
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Quelle relation entretenez-vous avec Christophe Galtier ?

A Bastia, il était adjoint et il avait déjà cette proximité avec les joueurs. A Saint-Etienne, nous étions très proches car j'étais l'un de ses relais sur le terrain avec d'autres joueurs. On avait une relation où l'on se disait les choses avec franchise. Je lui disais sur quels points ça marchait ou ne marchait pas et sur quoi il fallait faire attention. Par moments sur certains matches, quand il mettait des choses en place, on échangeait. C'était une relation très franche, on essayait de se parler pour que l'équipe et lui s'y retrouvent

Quel type d'entraîneur était-il à Saint-Etienne ?

Je pense qu'il a voulu fonctionner de la même manière que lorsqu'il était adjoint, c'est-à-dire en mettant beaucoup d'humanité dans ses relations et en imposant sa tactique et sa façon de voir les choses. Et en essayant de se construire en tant que numéro un. Mais dans le management, il était très attentif aux valeurs humaines et à tout ce qui se passait autour. Ça se traduisait par beaucoup de réunions et sur le terrain par beaucoup de discussions. Il était malgré tout assez proche de ses cadres mais aussi des autres car il ne faut jamais laisser aucun joueur de côté. Il avait cette façon de manager tout étant assez direct et dur par moments quand il fallait l'être.

A Nice et à Lille, il a beaucoup joué en 4-4-2, est-ce sa philosophie de jeu ou est-il beaucoup plus pragmatique ?

Quand j'étais dans le staff avec lui, il n'avait pas un schéma préférentiel. Sa façon de jouer et son modèle était plutôt en 4-3-3 à l'époque parce qu'il s'adaptait aussi à l'effectif qu'il avait construit. Après, il est vrai que depuis deux ou trois, quand il est parti à Nice ou à Lille, il est passé dans un 4-4-2. Mais quand vous avez été champion dans un système et que vous avez des choses qui marchent, peut-être que vous voulez remettre ces choses en place. Avec nous par moments, il avait la capacité de changer de système en passant à cinq défenseurs ou quand une équipe adverse jouait à cinq il passait dans un autre système. C'est vrai que depuis un moment, il est resté dans un schéma rationnel vu que ça marchait bien.

Avez-vous des souvenirs de ces changements de schéma ?

Une année, je me rappelle qu'il avait aligné une défense à cinq lors d'un derby contre Lyon. Et il avait dit que l'on allait jouer de la même façon que l'OL pour se calquer sur eux. Personne ne s'attendait à ce qu'il joue dans ce système-là. Ça avait malgré tout chamboulé ce que Lyon avait mis en place.

Lorsque vous êtes passé sur le banc, votre perception de Christophe Galtier a-t-elle changé ?

Elle n'a pas vraiment changé mais sur le banc vous vous rendez compte de tout le travail qu'il y a en amont et de tout ce qu'il faut mettre en place lorsqu'on est numéro 1. Le terrain prend énormément de temps mais l'extérieur aussi. Là où je le regardais beaucoup c'est dans l'anticipation, dans le fait de ne pas laisser grand-chose au hasard. Il travaillait beaucoup mais il déléguait aussi sur certains points.

Sur quels points pouvait-il déléguer par exemple ?

Il déléguait notamment sur l'aspect analyse vidéo. A l'époque mon travail était par exemple de travailler sur l'équipe adverse. Après il venait mettre sa patte par rapport à ce que l'on avait vu de l'adversaire. Et à l'entraînement, il nous laissait de temps en temps animer les séances.

Aujourd'hui, vous êtes entraîneur numéro un à Saint-Etienne, qu'avez-vous repris de lui dans votre manière d'entraîner ou de manager ?

On avait déjà des choses en commun. Notamment dans l'aspect humain, dans le fait de donner de la place à chacun et dans l'idée de créer une cohésion de groupe. Mais il y a surtout le fait de ne rien laisser au hasard. Quand on est entraîneur numéro 1, il faut anticiper beaucoup de choses et il est important de tout réfléchir pour ne pas faire d'erreur. Je ne dirai pas que j'ai la même minutie que lui car je débute ma carrière mais il est vrai que dans beaucoup de choses j'essaie d'exister par moi-même et sur deux ou trois points, je me suis dit ça serait intéressant de pouvoir le mettre en œuvre par la suite.

Dans sa gestion du mercato, était-il plutôt un entraîneur qui soumettait des noms de joueurs ou des profils ?

A Saint-Etienne, je ne me mêlais pas du recrutement. Je pense qu'il est plus en demande sur des profils. Il dit comment il voit le joueur. Mais c'est juste mon analyse personnelle car quand on voit ce qu'il a fait à Lille et à Nice l'année d'après, on se dit qu'il a voulu faire du copié-collé pour essayer d'amener certaines garanties techniques et tactiques : des joueurs de vitesse dans les couloirs, de l'expérience derrière et au milieu. L'équipe de Lille qui a été championne ressemblait beaucoup à ce qu'il s'est passé à Nice l'année d'après.

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