Olivier Echouafni Bernard Mendy PSG MontpellierGetty

EXCLU - Olivier Echouafni (PSG féminin) : "Ça s'est peut-être joué à 48 heures près..."

"Le principal, c'est que tout le monde soit en bonne santé." Confiné comme l'ensemble des Français, Olivier Echouafni, l'entraîneur du PSG féminin, a pris connaissance des décisions du gouvernement et de la FFF concernant l'arrêt des championnats professionnels. 

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La décision est frustrante mais juste pour le coach parisien, deuxième de D1 Arkema à trois points de l'OL. Il rappelle que son équipe devait affronter Lyon juste avant le confinement et attend des réponses désormais concernant la poursuite ou non de la Coupe de France et la Ligue des champions.

Suite à l'annonce du gouvernement, la FFF a confirmé l'arrêt de la saison 2019-2020 en D1 féminine. Une décision logique ?

Olivier Echouafni : Je n'étais pas favorable à ce qu'on continue au vu de la situation sanitaire. Maintenant, si on nous avait dit de reprendre, bien sûr qu'on aurait été content parce qu'on avait des enjeux sportifs relativement élevés et qu'on allait rentrer dans une période décisive. Mais en toute logique, il faut quand même que les joueuses, le staff et l'ensemble des acteurs soient dans les meilleures dispositions pour continuer. Et là, ce n'est pas le cas.

Au regard du discours tenu par Noël Le Graët, le PSG devrait finir 2e derrière l'OL. Quel bilan tirez-vous de cette saison de D1 pour votre équipe ?

C'est tellement paradoxal d'évoquer une fin de championnat de la sorte. Mais ce qui est incroyable, c'est que ça s'est peut-être joué à 48 heures près. Je vous dis ça, parce qu'on devait recevoir Lyon le samedi 14 et qu'à la sortie on ne les affronte pas. On ne sait pas ce qui aurait pu se passer... On va attendre sagement les décisions de la Fédération Française pour savoir si le classement restera figé ou non. En tout cas, effectivement, si le classement était figé aujourd'hui, on serait deuxième.

Avez-vous échangé avec vos joueuses depuis mardi ?

Non, pas vraiment. La situation est tellement changeante qu'on veut avoir plus d'infos encore. On attend aussi la position de l'UEFA parce qu'on est quand même qualifiés en quarts de finale de la Ligue des champions. Leur décision peut être différente de celle prise par la FFF. Il est possible qu'on puisse terminer cette Ligue des champions à un moment donné. Reste à savoir quand ? Aujourd'hui, on ne peut pas annoncer aux joueuses que tout est stoppé alors qu'il y a encore une possibilité de jouer cette Ligue des champions, sans oublier la Coupe de France. Le Président (Noël Le Graët) a aussi dit qu'il voulait finir cette compétition. On est forcément dans l'attente.

"On peut jouer à l'étranger, mais dans quelles conditions ?"

Que doit faire la FFF et l'UEFA pour ces deux compétitions ?

Il faut d'abord rappeler que pour nous c'est un travail de longues semaines, de longs mois. La Ligue des champions a commencé en septembre 2019. Là, on rentrait dans des phases finales, avec les quarts, une demie voire une finale. On s'adaptera aux décisions de l'UEFA et des instances. L'idée, ce serait peut-être de terminer cette Ligue des champions l'année prochaine. Et pourquoi pas, en sachant qu'il reste huit équipes, faire deux poules de quatre via un tirage au sort qui permettrait d'anticiper l'arrivée des phases de poules qui était prévue pour la saison à venir. On pourrait annuler l'édition 2020-2021 pour finir l'édition 2019-2020 sur cette période. C'est une idée, mais on va attendre les décisions qui vont être prises.

Nasser Al-Khelaïfi est favorable à ce que l'équipe masculine joue ses matches à l'étranger pour terminer la Ligue des champions. Ça vous paraît adaptable chez les filles ?

Chacun va y aller de son idée et défendre sa paroisse. On peut jouer à l'étranger, mais comment ? Dans quelles conditions ? Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi non plus.

Vous préparez-vous encore à devoir reprendre à un moment donné ?

On se prépare à tout. Reprendre, tout arrêter aussi... À un moment donné, il faut rester dans un certain cadre, et le cadre établi par le gouvernement exclut la proximité et les réunions sportives avec autant de personnes. Alors, évidemment, on est professionnel. On aimerait reprendre le plus vite possible. Ça nous manque, bien sûr. Mais on doit être lucide sur la situation et faire extrêmement attention. Il faut être vigilant.

"Un sentiment d'inachevé pour tous les entraîneurs"

Êtes-vous inquiet pour l'état psychologique de vos joueuses avec ce confinement ?

On est forcément inquiets, parce que les taux de stress sont relativement importants. On essaye d'être assez proche de celles qui sont un petit peu plus isolées, même si on a fait en sorte qu'elles ne le soient pas. L'idée, c'est d'avoir des retours réguliers sur leur état physique et psychologique. On essaye de les motiver, mais ce n'est pas évident.

Comment vous êtes-vous organisé d'ailleurs au niveau des entraînements ? On est sur de l'individuel ou du collectif en visio ?

On est axé sur de l'individuel, parce qu'on a quand même des joueuses qui sont rentrées dans leur pays. Aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil... Les décalages horaires sont relativement importants. Jusqu'à ce qu'on soit mis au chômage technique, elles avaient un programme individuel qu'on gérait quasi tous les deux jours. En fonction des outils et de l'espace qu'elles avaient, chaque cas était un petit peu différent. Il a fallu s'adapter par rapport à ça aussi.

Durant cette période, on a appris le départ de certaines joueuses comme Hanna Glas. C'est difficile de se dire qu'on ne les reverra peut-être pas avant leur déménagement ?

On fera tout pour qu'on puisse les voir. On a passé du temps ensemble, et peu importe si on est en fin de contrat ou qu'on souhaite relever un nouveau challenge, on a eu des bons moments avec le groupe. Après, dans le sport, c'est comme ça... La frustration aujourd'hui, c'est qu'on ne peut pas les voir. Mais j'espère de tout coeur que je pourrai les saluer bientôt, et souhaiter bonne chance pour la suite à toutes celles qui partiront.

Vous êtes vous-même en fin de contrat. Si d'aventure ça devait se finir dans ce contexte, ça ajouterait un goût d'inachevé ?

Ce sentiment d'inachevé, il ne sera pas que pour moi. Il le sera pour tous les entraîneurs. Que ce soit en D1 féminine, en Ligue 1, en Ligue 2, en National... Pour tous les clubs ! Ce sera frustrant, oui, surtout que nous, on rentrait dans une période de matches décisifs, avec de fortes émotions. Mais ça fait partie des aléas. Ce qui se passe est assez exceptionnel. Je souhaite d'abord que tout le monde soit en bonne santé. L'avenir dira ce qu'on fera dans les prochaines semaines...

Propos recueillis par Benjamin Quarez

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