Il y a vingt-sept ans, la sélection des Pays-Bas glanait le seul et unique titre de son palmarès. Chez son voisin allemand, elle s’offrait le Graal continental et mettait un terme à de très longues années d’attente. Une ascension au sommet édifiée par un collectif bien huilé et une génération de joueurs très talentueuse.
Pourtant, dans la mémoire collective, le triomphe des Oranje porte l’empreinte d’un élément en particulier. Un génie nommé Marco van Basten et dont le coup de grâce, une volée somptueuse en finale contre l’URSS, demeure à ce jour comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire de ce sport.
On jouait la 54e minute de cette finale face aux Soviétiques. Il y avait 1-0 au tableau d’affichage depuis l’ouverture du score de Ruud Gullit à la demi-heure du jeu, mais les Hollandais n’étaient pas vraiment à l’abri d’un renversement de scénario. Pour plier tout suspense et éviter une fin de match stressante, il fallait un deuxième but aux protégés de Rinus Michels. Quand le latéral André van Tiggelen a servi Arnold Mühren sur le côté gauche, il était loin de se douter qu’il enclenchait l’action du break ainsi que le mouvement qui allait aboutir sur une exécution d’anthologie de son illustre coéquipier aux avant-postes.
Goal.comAvant ce rendez-vous à l’Olympiastadion de Munich, Van Basten avait déjà scoré à quatre reprises dans ce tournoi. Ses talents de finisseur étaient indéniables, mais on attendait encore de lui qu’il fasse parler son côté esthète. L’enfant d’Utrecht a, en fin de compte, fait bien plus que cela. Son geste, sur la transversale de Mühren, était une pure merveille ; une volée spontanée et somptueusement exécutée alors qu’il était dans une position excentrée et devant un angle de but complètement fermé. Dans la cage adverse, Rinat Dassaev, considéré pourtant comme l’un des meilleurs portiers à l’époque, s’était complètement laissé surprendre par cette sublime reprise.
Il est des buts qui restent gravés dans les annales et celui marqué par Van Basten le 25 juin 1998 l’est en lettres d’Or. Parce qu’il était capital lors d’un rendez-vous d’une grande importance, mais aussi parce qu’il y a ce sentiment qu’aucun autre joueur que lui n’aurait eu à la fois l’instinct, l’audace et l’efficacité pour gratifier les spectateurs d’un tel bijou. En effet, la logique aurait voulu qu’il tente de contrôler le cuir pour ensuite se débarrasser de Vasili Rats qui était à son marquage. Ou alors, qu’il réalise une passe en retrait pour son partenaire Ruud Gullit qui se trouvait dans la surface. Van Basten, lui, a opté pour le plus compliqué et le plus osé des choix. Et ça a payé.
L’image de Michels, son sélectionneur, se tenant le front avec la main est encore dans la mémoire de chaque Néerlandais. Une réaction naturelle à quelque chose qui ne l’était absolument pas. Un moment d'histoire, un geste unique et un but d'anthologie : Van Basten a réussi tout cela grâce à son instinct. Le cygne d'Utrecht pouvait ensuite prendre son envol en Serie A pour glaner trois Ballons d'Or.