Corinne Diacre FranceGetty

Equipe de France (F) : Diacre, Le Sommer, Henry, c'est quoi le problème ?

Extrêmement attendue, la première liste de l’équipe de France féminine de la saison, dévoilée ce jeudi par Corinne Diacre, a réservé son lot de surprises. Dont deux qui ne vont certainement pas manquer de faire couler de l’encre, à savoir les absences d’Amandine Henry et Eugénie Le Sommer. Bien que faisant partie des cadres tricolores depuis de très longues années et avec un total cumulé de capes qui affiche les 267 unités, ces deux figures ont été écartées pour le début des éliminatoires du Mondial 2023. Le choix est discutable, mais il n’est qu’à moitié étonnant, connaissant le contentieux qui oppose la sélectionneuse aux joueuses en question.

L'horizon s'obscurcit pour Amandine Henry

Cela fait un an que rien ne va plus entre Diacre et Henry. Le problème est même plus vieux que cela si on se fie aux témoignages des internationales françaises à propos de l’atmosphère qui règne en sélection. La joueuse de l’OL a eu le tort de dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, à travers cette interview à charge contre sa coach accordée à Canal+. Elle y soulignait sa frustration et celle de plusieurs de ses coéquipiers par rapport au management qui leur était imposé, évoquant même des pleurs durant les rassemblements. Une sortie très offensive et qui évidemment n’a pas du tout plu à l’incriminée.

Depuis cet épisode, Diacre a bien convoqué Henry, ce qui exclut à première vue l’idée d’une fracture irréversible entre les deux femmes lié à l’entretien pour la chaine cryptée. Mais, la présence de la native de Lille au rassemblement du mois de novembre, puis sa convocation en avril n’est peut-être qu’en trompe l’œil. La relation s’était bien envenimée entre la coach et sa sociétaire et leur échange musclé durant le dernier rassemblement de 2020, et ce au vu et au su de tout le monde, prouve bien qu’un ressort s’est cassé. Et qu’il va être difficile à réparer. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Henry n’est plus réapparue depuis sous le maillot bleu. Elle a été snobée, alors que ses prestations en club sont restées très correctes.

Amandine HenryGetty Images

Diacre toujours soutenue par sa hiérarchie

Diacre a eu bien sûr à s’expliquer sur cette double mise à l’écart et qui prive les Bleues de deux atouts maitres. Droit dans ses bottes et fidèle à sa ligne de conduite, elle a assuré que ses choix sont uniquement motivés pour des considérations sportives. « C’est un choix à l’instant T, vous savez très bien que la sélection d’aujourd’hui sera différente de celle d’octobre. J’ai simplement, pour faire cette liste, décidé de rester sur la continuité de la fin de saison dernière en essayant d’allier du mieux possible des joueuses d’expérience mais aussi de la jeunesse (…) Amandine n’est pas venue avec nous depuis un petit moment mais elle a quand même été convoquée régulièrement en fin de saison dernière. Elle n’est pas dans la liste aujourd’hui, mais choisir, c’est aussi renoncer », a-t-elle lâché. On n’est pas obligé de la croire sur parole, mais tant qu’elle a le soutien de sa hiérarchie elle peut se permettre de manquer de crédibilité sans que sa position n’en soit fragilisée.

En effet, l’ancienne entraineuse de Clermont dispose toujours de l’appui du président de la fédération. A l’instar de Sylvain Ripoll avec la sélection espoirs, elle est constamment confortée dans son rôle, indépendamment des conflits qui existent avec ces joueuses et son staff (deux adjoints lui ont claqué la porte au nez depuis le début de son mandat en 2017) et aussi malgré les résultats en dents de scie qu’elle accumule. Car oui, son bilan sportif est loin d’être reluisant. Le décevant Mondial 2019 (élimination quarts et sans aucun fait d’arme) ne plaide guère en sa faveur, et il n’est pas sûr que la qualification pour l’Euro dans un groupe très abordable contrebalance le tout.  

Le Sommer, comme les autres lyonnaises

Il serait exagéré d’avancer que Diacre dispose d’un crédit intact auprès de la FFF, mais il est certain qu’il est bien plus important que celui dont elle jouit auprès de l’opinion publique et aussi au sein de son vestiaire. Ses méthodes rigides, son absence de communication et ce refus de se remettre en question malgré les reproches qui lui sont formulées participent à créer un fossé avec son groupe. Pourtant, les alertes ne datent pas d’hier. Sarah Bouhaddi a été la première à lui signifier qu’elle faisait fausse route, mais cette dernière l’a payée au prix fort avec la fin prématurée de sa carrière internationale. Pour l’avoir imité, Amandine Henry pourrait donc bien connaitre le même sort.

Et pour Le Sommer, quel a été son tort ? L’attaquante aux 86 buts internationaux ne s’est jamais plainte publiquement de sa sélectionneuse. Mais, et à l’instar de ses anciennes compères lyonnaises, elle a aussi connu des différends avec la patronne. Son exil dans le championnat américain a peut-être un prétexte à son éviction, même si Diacre s’en est défendue. « Le fait qu’elle soit aux Etats-Unis n’a pas du tout influencé mon choix du jour sur la sélection. Je regarde ses matchs, on prend le temps de regarder les performances des joueuses évoluant à l’étranger, on a des moyens à la fédération qui nous permettent de voir tous les matchs », a-t-elle clamé. 

Celle qui compte 121 capes comme joueuse pourrait très bien dire vrai. A savoir que ses décisions du jour sont ponctuelles et sont amenées à évoluer. Ou alors, elle refuse d’assumer pour ne pas avoir à se justifier et nourrir un peu plus la polémique qu’elle suscite. Chacun se fera une idée. Mais, il y a une vérité et qu’elle lui sera difficile de contester. Si son équipe de France continue de vaciller, elle ne sera pas à l’abri de tout perdre. Et son poste et l’estime de toutes celles qu’elle a côtoyées durant son mandat de sélectionneuse. 

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