Blaise Matuidi appartient à une classe de joueurs rare ; celle de ceux qui ont toujours fait l'unanimité chez leurs entraîneurs à défaut de le faire aux yeux du public. "Pas élégant techniquement", "limité avec le ballon", "plus athlète que footballeur"... Toutes les critiques - et parfois même de plus véhémentes - ont été affublées à un joueur de 30 ans qui, en réponse, continue de donner un peu plus de hauteur à sa grande carrière. "Les critiques font avancer", disait-il, mardi en conférence de presse. Après avoir traversé un moment plus difficile pour achever son histoire de six ans au Paris Saint-Germain et après avoir laissé sa place de titulaire au profit de N'Golo Kanté avec l'équipe de France, Blaise Matuidi a rebondi à la Juventus où il s'éclate... et s'impose. À tel point qu'il devient difficile de l'imaginer ailleurs que sur le terrain samedi à Sofia.
Blaise Matuidi : "Mbappé peut faire gagner un match par son génie"

Retour en cadre et retour en forme
Depuis le début de sa carrière, Blaise Matuidi a, en quelque sorte, bouleversé les principes établis qui lui prédisaient une limite. À 30 ans et après 6 ans au PSG, l'international français s'en est allé débuter une nouvelle aventure. Pas de celles qui servent à se reposer avant la vraie fin de carrière, non, mais bien une de celles qui se dressent devant lui comme un défi presque encore plus grand. "On peut toujours évoluer et j'avais besoin de découvrir un autre championnat, une autre culture, expliquait-il sur son choix de rejoindre la Juventus l'été dernier (...) Même à 30 ans j'ai l'impression de pouvoir faire plus, de pouvoir faire mieux". Car l'ancien stéphanois est et restera un compétiteur de toujours qui n'a pas encore dit son dernier mot.
"Je pense que je fais partie des joueurs cadres de par mon vécu"
En l'absence de Paul Pogba (qualifiée d'à "long terme" par José Mourinho, ndlr), le revoilà donc avec des cartes en main. Celle de l'expérience, d'abord, si chère à Didier Deschamps à la veille des grands rendez-vous. "J'ai déjà beaucoup de matches dans les jambes en équipe de France et je pense que je fais partie des joueurs cadres de par mon vécu", lançait-il sobrement au sujet de sa place et de sa considération en équipe de France.
Si rien n'est définitivement acté sur la prochaine composition d'équipe de Didier Deschamps, Blaise Matuidi semble bien compter une longueur d'avance qu'il sait avoir, en témoigne une petite phrase lourde de sens lâchée mardi en conférence de presse par le principal intéressé au sujet d'Adrien Rabiot, son ex-coéquipier du PSG : "Il fait partie des joueurs de demain qui seront très importants, il l'est déjà en club et il peut le devenir en équipe de France". Pour l'heure, en Bleu, le costume lui va encore.
Titularisé à 5 reprises pour 7 matches disputés avec la Vieille Dame, Blaise Matuidi peut aussi jouer la carte du joueur en pleine possession de ses moyens. "J'ai l'impression de me sentir mieux qu'en fin de saison passée mais c'est peut être aussi la forme du moment", expliquait-il dans une pudeur toujours maîtrisée. Alors qu'il évolue dans un milieu à 2 sous les ordres de Massimiliano Allegri, tout semble indiquer son retour dans la peau d'un titulaire. De son côté, la confiance, elle, ne s'est jamais envolée. "La Juve est un club immense. J'ai connu Paris avant et ce n'est pas anodin. Ça veut dire que malgré mes pieds carrés (rires) j'avais le niveau pour évoluer dans ces équipes là". Et certainement le niveau pour fêter une 59ème sélection, à une longueur seulement du top 30 des joueurs les plus capés de l'Histoire du maillot Bleu.
Julien Quelen, à Clairefontaine.
