Apparu à deux reprises sur le banc des pros la saison dernière, Éric Junior Dina Ebimbe (19 ans) a fait le choix de quitter le PSG. Prêté au Havre en début de saison, le milieu de terrain a ressenti le besoin de découvrir autre chose. Une première expérience en Ligue 2 aussi étonnante qu'enrichissante pour celui qui a intégré l'équipe de France U20 au mois d'octobre. L'ascension tout en discrétion d'un joueur prometteur, qui s'est confié à Goal.
Racontez-nous votre parcours jusqu'ici...
Éric Junior Dina Ebimbe : J'ai commencé le foot à 7 ans. J'ai joué à Sarcelles jusqu'à mes 11 ans, puis j'ai rejoint la préformation du PSG. J'ai fait trois années de préfo, à 15 ans je suis parti au centre. J'ai signé mon premier contrat pro à 17 ans. Et aujourd'hui, après tout ce qui s'est passé, je suis au Havre.
Dit comme ça, on a l'impression que tout a été facile. Est-ce que ça a vraiment été le cas ?
Dans mon parcours, je n'ai pas eu de blessures, mais avec ma morphologie, ça été compliqué. Ma première année au centre a été difficile. Mon jeu ne collait pas avec mon corps. J'ai dû faire des choses que mon corps ne pouvait pas assumer. J'étais plus petit que les autres, plus frêle, plus maigre, du coup physiquement je ne tenais pas la route par rapport aux autres joueurs. J'étais surclassé avec les 99 comme Boubakary Soumaré, Antoine Bernède et Stanley Nsoki. C'était des monstres par rapport à moi. Donc j'ai bossé ma technique en apprenant à sortir du duel. J'ai pu élargir ma palette aussi. Après, j'ai grandi et petit à petit, j'ai commencé à regagner le jeu que j'avais avant. Mais c'était une étape difficile pour moi, parce que physiquement j'étais trop faible.
On vous disait quoi au PSG à ce moment-là ?
Mon entraîneur m'a toujours dit de ne pas m'inquiéter, que ce n'était pas maintenant que je devais attendre des résultats, mais plus tard. Et je pense qu'il avait raison. Mais quand tu as 16 ans, c'est frustrant d'être parfois mis de côté. Aujourd'hui, je comprends ce qu'il voulait dire.
"Je voulais partir et je ne regrette pas mon choix"
Qu'est-ce qui vous a séduit au Havre et quel discours a tenu Paul Le Guen ?
Il m'a dit qu'il m'avait vu jouer, qu'il avait apprécié mon jeu et mes qualités. Il m'a fait comprendre que pour se faire une place, ça n'allait pas être facile car il y a de la concurrence et qu'il allait falloir se démarquer des autres, mais je n'ai pas hésité à venir. J'aurais pu être prêté à Troyes, et ici, je sens que je progresse sur des points qui sont essentiels.
Sur quoi précisément ?
L'an dernier, avec la réserve du PSG, on avait tout le temps le ballon et j'étais dans une situation de confort. Au Havre, j'ai l'impression que je suis passé dans la réalité. Je travaille beaucoup plus, les séances sont doublées, je fais beaucoup de travail en salle, de courses, beaucoup de cardio. Au PSG, je m'entraînais avec la réserve et quand il y avait une trêve internationale je montais avec les pros. Je ne pensais pas jouer autant cette saison. Je croyais que j'allais intégrer la rotation pour une première saison en pro, j'étais plus en découverte. Aujourd'hui, j'ai fait 22 matches, c'est bien, je ne m'y attendais pas.
GettyComment jugez-vous votre polyvalence ? C'est un atout ?
Pour moi, tant que ça reste offensif, c'est un atout. Je peux jouer à droite, à gauche, en dix, en faux neuf, ça ne me dérange pas même si je n'ai pas été formé à ce poste-là. Au PSG, j'ai été formé en tant que relayeur mais vu que j'ai des qualités d'explosivité, de puissance et que j'arrive à me projeter, ça fait que je peux aussi jouer à des postes offensifs.
"Tout le travail que je fais, c'est pour revenir plus fort à Paris"
À quel moment vous vous êtes dit qu'un prêt serait une bonne option ?
En fait, je voulais partir tout court. Parce que j'ai vu comment ça se passait avec tous les joueurs qui sont partis l'été dernier. Pratiquement toute la réserve a été dispatchée. J'ai vu que Moussa Diaby, Stanley Nsoki, Christopher Nkunku quittaient le club. Et je me suis dit "si tout le monde part, peut-être que c'est parce qu'il n'y a rien à gratter là-haut". On a beaucoup discuté de ma situation avec mes proches parce que je jouais avec la CFA mais je montais rarement avec les pros. Du coup, j'avais le sentiment que le club ne me portait pas beaucoup d'attention, ce que je pouvais comprendre parce qu'il y ait beaucoup de cas à gérer. Mais je voulais vraiment jouer avec une équipe professionnelle et ne pas faire une deuxième année en CFA. Je ne regrette pas mon choix.
Où s'inscrit votre avenir la saison prochaine ?
Je n'oublie pas que je suis un joueur prêté par le PSG. L'objectif, c'est que je revienne l'année prochaine en étant un joueur aguerri avec l'équipe première. On ne sait pas ce qui va se passer, mais tout le travail que je fais, c'est pour revenir plus fort à Paris.
Cela signifie-t-il que vous jugez Paris capable de donner davantage sa chance aux jeunes aujourd'hui ?
Il y a Tanguy (Kouassi). Ils ont donné leur chance à Adil (Aouchiche) ou Arthur (Zagré) aussi. Franchement, je pense que si le club poursuit cette politique, c'est possible. J'ai l'impression qu'il y a eu un changement. Moi, j'aurai faire un certain nombre de matches en Ligue 2, je pense qu'il regarde mes performances et qu'ils pourront me donner ma chance.
Qu'en est-il de vos ambitions en équipe de France ?
Cette année, ça faisait partie de mes objectifs. Je voulais jouer en pro et intégrer l'équipe de France (4 buts en 3 matches avec les U20), tout se passe bien.
Propos recueillis par Benjamin Quarez.