Jerôme Alonzo

ENTRETIEN - Jérôme Alonzo : "Je n'ai pas l'impression que les anciens aient leur place au PSG"

Ce n'est pas le premier. Ce ne sera certainement pas le dernier. Jérôme Alonzo, consultant pour France Télévisions, mais toujours attentif à l'actualité du PSG a accepté de revenir avec nous sur sa nouvelle vie. Tout en regrettant que les anciens ne soient pas un peu plus considérés à Paris. L'ancien gardien évoqué également une possibilité de transmettre sa passion à des jeunes dans le futur. 

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Comment la vie se passe pour vous ?

Jérôme Alonzo : J'ai la vie que j'avais envie d'avoir. Je suis content du projet qui prend forme avec France Télévisions, ça fait 6 ans maintenant que j'y suis. J'habite dans le sud de la France, c'était ma condition pour travailler avec un média. Après, je ne vous cache pas que le deuil de ma carrière a été très dur à faire. Les deux premières années ont été très difficiles.

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Qu'est-ce qui a été le plus dur ?

Tu ne peux pas te rendre compte du sentiment de fin, tant que ce n'est pas fini. Je pense que c'est quelque chose dont les anciens ne parlent pas assez. Peut-être par pudeur ou parce qu'on a du mal à mettre des mots dessus. C'est un manque. Souvent les copains me disent : "ce qu'il te manque surtout ce sont les nanas, les voitures, l'argent...", mais c'est tout sauf ça.

Jerôme Alonzo

Moi c'est le vestiaire, les gens au stade, le café le matin avec Cissé, Yepes, Rothen, Letizi, Pauleta... et puis l'odeur. La pelouse, la nouvelle paire de crampons, les gants, tout ça a une odeur qui te reste. Il a fallu du temps pour ranger tout ça dans un coin. Puis un jour, tu vas faire un foot avec des potes et tu vois que tu n'arrives plus à plonger comme ça. Et là tu te dis : "Oui, j'ai fait le bon choix d'arrêter".

Vous avez du du mal à retourner sur un terrain ?

Au Parc des Princes oui (il s'arrête). À Saint-Etienne aussi, c'était super dur. Parce qu'il y avait encore des mecs que je connaissais dans les clubs. J'ai arrêté il y a sept ans, donc il y en a de moins en moins, donc ça aide. J'ai plus trop de potes qui jouent donc c'est mieux pour commenter les matches. J'ai fait ma première avec Orange en tant que consultant au Parc des Princes justement. Je n'en garde pas un bon souvenir. 

Consultant, ça a toujours été votre vocation pour l'après-carrière ?

Oui parce que j'ai aimé apprendre ce métier. Mais surtout, je ne me sens pas du tout l'âme d'entraîner. Je n'ai aucun problème à le dire. Mon père est entraîneur, il doit être fou de rage en sachant ça. Je n'ai simplement plus envie de me lever à 08h00 pour aller au stade.

Jérôme Alonzo

C'est contradictoire avec votre tempérament de leader, non ?

C'est une forme d'honnêteté. Après, si on me propose d'être entraîneur des gardiens en freelance, je prends (rires). Je ne viens que le jeudi... ah non, jeudi j'ai golf... Sérieusement, c'est bizarre. J'ai envie de transmettre, mais je n'ai pas encore fini de me reposer. Je n'ai pas encore envie de retourner dans l'arène tout de suite.

Transmettre aux jeunes, cela ne vous intéresse pas ?

C'est une question de moment. Je n'ai pas eu de coup de téléphone. Je pense que je renvoie l'image d'un mec heureux, donc les gens ne pensent pas forcément à toi. Je pourrais parler pendant des heures avec un gardien, c'est vrai. Je n'ai que 44 ans... Pourquoi pas un jour conseiller un jeune gardien. C'est un aspect qui peut m'intéresser. Je l'ai un peu fait au FC Antibes, le club de ma ville. 

Votre rôle de consultant vous-a-t-il aidé à comprendre le football d'une autre façon ?

Bien sûr, j'ai une vision plus globale. J'ai pris de la hauteur sur des sujets comme l'arbitrage, sur le rôle des entraîneurs et sur la presse. J'ai abordé le virage du e-football aussi sur les réseaux sociaux. À notre époque, on pouvait aller boire une bière tranquille. C'est fini tout ça. 

Du coup, comment décryptez-vous ce qu'il se passe dans un groupe ?

J'ai toujours eu une ligne de conduite : ne pas trahir le secret du vestiaire. Après, sur le PSG par exemple, ça ne m'empêchait pas de sortir qu'on savait que Zlatan tenait le vestiaire. Je discutais un peu avec Nicolas Douchez qui m'expliquait certaines choses. Mais il ne faut jamais aller trop loin. Il faut juste faire comprendre au public ce qu'il se passe sans trahir le vestiaire. 

En tant que joueur, ça ne vous ai jamais arrivé de vouloir balancer dans la presse ?

Non, moi j'étais heureux dans ma carrière. Pour balancer, il faut être malheureux. À part l'histoire de la taupe et Vahid, j'étais dans un Paris Saint-Germain très calme. Je n'ai jamais eu besoin d'appeler un journaliste. Je n'ai jamais compris cette histoire de taupe. Je me suis même demandé si cela n'avait pas été inventé pour protéger quelqu'un du staff. 

Vous restez proche du Paris Saint-Germain ?

Oui et non. Proche parce que je suis le club, mais c'est tout. C'est un peu bizarre d'ailleurs, je trouve qu'il n'y a pas vraiment de liens avec les anciens. C'est un peu dommage d'ailleurs. C'est un sujet délicat à aborder. Je n'ai pas l'impression que les anciens ont leur place au club. Pendant quelques temps on a été 8 ou 9 anciens à être ambassadeur et à aller serrer des mains dans les loges après les matches. C'est tout. Je ne suis pas amer. Le club reste ancré en moi. Il ne reste que Jean-Claude Blanc de qui je suis proche, avec Christian Gavelle, le photographe historique. On est le seul grand club en Europe sans avoir des anciens dans l'organigramme. Nous, c'est Patrick Kluivert... Il ne faut surtout pas oublier son histoire. Si le PSG fait cette erreur, il reste où il est aujourd'hui.

Qui doit venir au club pour vous ?

Je ne sais pas mais dans l'histoire du club, certains ont leur place. On a été champion de France, on a été champion d'Europe ! Il y a eu Mustapha Dalheb, Safet Sucic, David Ginola, Joel Bats, Dominique Rocheteau, Luis Fernandez... On ne manque pas de noms. Joël Bats est à Lyon... Dominique Rocheteau à Saint-Etienne... Il n'y a que Paris pour ne pas faire confiance à son passé ! Rai, Valdo... PSG-Bucarest quand même les amis ! Si j'ai un message, je leur dirais qu'il ne faut pas qu'il se trompe de combat. 

Propos recueillis par Loïc Tanzi


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C'est bien le petit Jérôme Alonzo que vous pouvez apercevoir, ballon à la main, à l'entrée des joueurs

Jerôme Alonzo
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