Yohan Demoncy OrléansGetty

ENTRETIEN - Yohan Demoncy (Orléans) : "Le plus dur au PSG, c'est peut-être de garder les pieds sur terre"

EXCLU GOAL - Il attendait ce match avec impatience, mais ne pourra finalement pas y participer. Formé au PSG, Yohan Demoncy (22 ans), qui joue depuis janvier en Ligue 2 à l'US Orléans, a été expulsé vendredi lors de la défaite de son équipe contre l'AC Ajaccio (1-3). Le milieu de terrain sera suspendu face à son club formateur en Coupe de la Ligue. Un coup dur qu'il exprime pour Goal, sans oublier ses années parisiennes, riches en souvenirs.

Vous ne serez malheureusement pas sur le terrain pour vos retrouvailles avec le PSG mardi. On imagine votre déception.

Yohan Demoncy : Franchement, oui, je suis très déçu. Depuis le carton rouge de vendredi, j'ai un goût très amer. Il ne pouvait rien arriver de pire, j'ai un vrai sentiment d'injustice. C'est une grande déception pour moi.

L'US Orléans va être privée de son joueur qui récupère le plus de ballons en Ligue 2 cette saison (132). Que vous inspire cette statistique ?

C'est un domaine dans lequel il fallait que je progresse parce qu'au PSG on a une formation basée sur la possession. Ce n'était pas forcément une de mes qualités. Mais en arrivant en Ligue 2, surtout à mon poste, c'était important d'ajouter ça à ma palette. Le coach [Didier Ollé-Nicolle] me fait bosser là-dessus. J'essaye de travailler au maximum sur la récupération du ballon, en étant plus costaud défensivement parce que c'est très important dans ce championnat.

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D'autant que vous n'avez pas le style d'une grande sentinelle, ultra-athlétique. Il vous faut jouer sur d'autres qualités.

Les temps changent. Avant, je pense que les clubs misaient surtout sur des grands, costauds, au poste de sentinelle. Là, ça évolue un petit peu. Je suis plutôt la sentinelle moderne, qui aime toucher beaucoup de ballons. J'aime jouer, un peu à l'image de ce qu'on nous apprend au PSG.


"J'ai appris beaucoup au PSG"


Que retenez-vous de votre formation là-bas ?

Je ne retiens que du positif. J'ai fait toute ma formation au PSG et j'ai appris beaucoup de choses. Si j'aime toucher le ballon, avoir la possession, c'est parce que j'ai eu cette formation. J'ai progressé aux côtés de grands joueurs. Rien que le fait d'imaginer jouer contre le PSG me faisait bizarre. Je me faisais une joie de retrouver des potes comme Colin [Dagba], Presnel [Kimpembe] ou Christo [Nkunku]. Malheureusement, j'ai pris ce rouge et je ne jouerai pas. Je suis très déçu.

Après le tirage, vous disiez que ce match serait l'occasion de montrer que vous aviez le niveau pour jouer au PSG. Doit-on y voir une pointe d'amertume du fait que vous n'ayez pas percé à Paris ?

Quand j'ai dit ça, je voulais surtout dire que j'allais avoir la chance de me confronter à ce niveau, afin de savoir si moi-même j'avais le niveau ou pas finalement. C'est sûr que j'aurais aimé rester au PSG, mais je n'ai aucun regret. J'ai tout donné là-bas. Il n'y a pas d'amertume. Je n'ai peut-être pas eu la réussite avec moi tout le temps. Il y a eu ces changements d'entraîneur, avec Laurent Blanc, Unai Emery, et maintenant Thomas Tuchel. Mais il y a de très grands joueurs au PSG, et vu leurs objectifs c'était compliqué.

PS Yohan Demoncy

Certains joueurs vous ont-ils fait progresser plus que d'autres au PSG ?

Quand on a la chance de voir des joueurs comme Thiago Motta ou Marco Verratti, c'est impressionnant. Même un joueur comme Maxwell. Malgré la carrière qu'il avait, il était toujours humble. Voir des joueurs comme lui garder cet état d'esprit, c'était vraiment incroyable.


"Tuchel a déjà fait jouer plusieurs jeunes, c'est une bonne chose"


Vous avez cité vos potes comme Colin Dagba, Presnel Kimpembe ou Christopher Nkunku. Que se dit-on quand on les voit avec le groupe professionnel aujourd'hui ?

C'est tant mieux pour eux. On est toujours content de les voir évoluer, et je pense que le PSG devait miser sur eux. À un moment donné, le club préférait aller chercher des joueurs ailleurs. Pourtant, quand on voyait les résultats des jeunes, on se disait que c'était dommage. Cette saison, Thomas Tuchel a déjà fait jouer plusieurs jeunes du club et c'est une bonne chose.

Pensez-vous que si vous étiez resté plus longtemps, vous auriez peut-être eu votre chance.

On y pense, mais je ne veux pas vivre dans le passé. Maintenant, c'est fait. Je suis parti et j'essaye de faire mon trou du mieux possible.

À Paris, on vous a souvent rabâché que vous étiez le "nouveau Chantôme". Qu'en pensez-vous et voyez-vous des similitudes ?

On me comparait surtout à Clément Chantôme dans ma façon d'être. On nous comparait aussi sur l'allure. Mais je ne sais pas si sur le terrain j'ai vraiment le même profil que lui. Je ne suis pas sûr que nous ayons le même style de jeu. 

Ce n'est donc pas un joueur qui vous a inspiré plus que cela.

Non, pas vraiment. Mais c'est un joueur qui a une carrière honorable. Il a quand même joué au PSG sous l'ère qatari. Et ça, c'est loin d'être négatif.

Quel message aimeriez-vous passer aux jeunes du PSG qui attendent leur tour dans l'antichambre des pros ?

C'est difficile pour moi de leur donner des conseils puisque je n'ai moi-même pas réussi à faire mon trou. Le principal, je pense, c'est de garder les pieds sur terre. Pour ma part, j'ai toujours été bien entouré. Je n'ai pas eu ce problème. Mais c'est peut-être ça le plus dur au Paris Saint-Germain.

Propos recueillis par Benjamin Quarez

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