Daniel Van Buyten BelgiumGettyimages

ENTRETIEN - Van Buyten : "N'ayant plus rien à perdre, la Belgique jouera libérée"

Il y a quatre ans, au Brésil, il faisait partie du groupe belge qui disputait le Mondial et qui avait atteint les quarts de finale de la compétition (éliminé par l'Argentine). À la retraite depuis, Daniel Van Buyten reste cependant l'un des premiers supporters de la sélection des Diables Rouges. Ce qui est on ne peut plus normal après un parcours international long de treize ans (83 capes honorées). Actuellement, et comme tous ses compatriotes, il assiste avec beaucoup de plaisir aux exploits de la bande à Martinez en Russie. Joint par Goal, l'ancien sociétaire de l'OM a fait part de ses attentes en vue de la demi-finale de mardi soir contre l'Equipe de France. Un match spécial mais où il voit ses anciens coéquipiers signer une autre grande performance et assurer leur ticket pour la finale.


"Il y aura un bon match et avec beaucoup de spectacle"


Mardi, il y a ce match France-Belgique. Comment le pressentez-vous ? Et qu’est-ce que cette affiche vous inspire ?

On (les Belges) se sent bien par rapport à ce match. On n'a rien à perdre. C'est un match contre une grande nation. On va tout simplement se préparer pour espérer jouer une finale. Le match se jouera entre deux nations qui ont plus ou moins les mêmes effectifs. Ce sont des équipes qui ont beaucoup de joueurs à vocation offensive. Un grand potentiel dans ce domaine-là donc, et aussi des qualités athlétiques. Et elles ont aussi de très bons gardiens. Ça laisse présager un bon match et forcément du spectacle.

France-Belgique, c’est un peu un duel fraternel, il y a beaucoup d’amitié et de liens entre les deux camps. Ce facteur ne pourrait-il pas déstabiliser, voire perturber les joueurs des deux camps ?

Non, je ne pense pas. A partir du moment où tu joues une demi-finale de Coupe du Monde et que t'es concentré sur ton match et sur ton sujet, les copains tu y penses avant et surtout après le match. Mais pendant le match, certainement pas. Je n'ai aucun souci par rapport à ça.

Pour la Belgique, est-ce que tout ce qui vient c'est du bonus ? Ou alors, elle a vraiment besoin d’aller au bout pour marquer l’histoire ? Même en parlant de ses supporters, est-ce qu’il y a ce sentiment de vouloir achever le travail à tout prix ?

Oui. Attention, je n'ai pas dit que l'objectif était atteint. J'ai dit simplement qu'aujourd'hui la Belgique joue une demie de Mondial et c'est déjà une bonne chose pour nous. Et à partir de là, on n'a plus rien à perdre. Aujourd'hui, elle ne peut qu'être libérée. La France aussi peut-être, car même si elle a gagné des titres, c'est une équipe complètement différente de l'époque où elle a remporté le titre mondial. Ce sont deux nations qui ont déjà fait un bon tournoi et qui maintenant vont tout faire pour pouvoir jouer une finale. Et après ce Mondial, on verra comment ça va se passer.

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"C'est grâce à Martinez que cette sélection a franchi un palier"


On sent aussi qu’il y a une union et une communion en Belgique qu’on a rarement vu auparavant. Tout le monde est derrière cette équipe. Ressentez-vous aussi cet élan ?

Je pense que cela fait cinq, six ans que ça a commencé. Avant, ce n'était pas le cas. Mais quand vous n'avez pas de résultats et que vous ne vous vous qualifiez pas pour les grands tournois, c'est tout à fait normal que les gens ne soient pas trop motivés pour supporter la sélection. Les résultats influencent beaucoup leur état d'esprit. On a eu la chance d'avoir joué la dernière Coupe du Monde au Brésil, puis l'Euro en France et là le Mondial en Russie. Les gens redeviennent donc à fond supporters. Depuis le Brésil, le pays vibre pour le football et est derrière sa sélection. 

Vous, vous avez personnellement connu ce groupe, cette génération qu’on qualifie de dorée. Dans quels domaines a-t-elle vraiment franchi un palier en Russie ? Qu’est-ce qui fait que ça a marché cette fois et pas en 2014 ?

Il y a des concours de circonstances. Des fois, il y a un peu de la réussite, un peu de tout. Par exemple, lors de notre match contre l'Argentine (quart de finale du Mondial 2014), on n'a pas eu trop de réussite. Les Argentins n'ont eu que deux tirs cadrés et le premier a fini au fond. Nous, on a eu plusieurs tirs et on n'a pas su les concrétiser. Et sinon, je pense, qu'à partir du moment où on est quatre ans après, et des joueurs qui évoluent dans les grands championnats et des grands clubs, alors on gagne forcément en maturité. Par rapport à ça, c'est sûr que c'est une équipe qui est meilleure.

L’apport de Roberto Martinez a dû aussi être important. Que pensez-vous de son travail ? 

Au départ, je pense avoir été l'un des seuls à le soutenir. Par rapport aux nombreuses critiques qu'il a dû subir. Moi, j'avais directement remarqué qu'au niveau tactique, au niveau du jeu, il était beaucoup plus à l'aise. Et malgré ça, au début de son parcours, il a eu beaucoup de critiques. Aujourd'hui, c'est sûr que c'est grâce à tout son travail que la Belgique a franchi un palier. 

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"Mbappé est un diamant et qui est beau à voir"


L’absence de Thomas Meunier contre la France ne vous inquiète pas ? 

C'est sûr que Thomas réalise un très grand tournoi. Mais c'est vrai qu'à partir du moment où on a un joueur qui est absent, il faut rechanger un peu l'effectif, surtout que c'était un joueur qui était titulaire lors des précédents matches. Je pense quand même qu'ils ont assez de joueurs sur le côté pour pouvoir pallier à une absence et rester compétitif et performant.

Lorsqu’on compare les sélections française et belge au regard des individualités qu'elles possèdent, laquelle est aujourd’hui supérieure sur le papier ? 

Je pense que ça s'équivaut plus ou moins. Mais, ce n'est pas le papier qui est le plus important. On a vu jouer des équipes comme par exemple le Japon, qui sur le papier était inférieure à la Belgique, mais qui menait 2-0. Et finalement, par manque d'expérience, ils ont perdu 2-3. Je pense qu'aujourd'hui les deux équipes sont bonnes, mais il faut le démontrer sur le terrain et avoir aussi cette part de réussite qui nous permet justement de pouvoir se détacher.

La France a aujourd'hui un joueur qui crève l’écran, Kylian Mbappé. Il y a un débat en ce moment pour savoir s’il se rapproche plus du style de Thierry Henry ou celui de Ronaldo, le Brésilien. Vous, qui avez eu la chance de croiser et affronter les deux, qu’en pensez-vous ?

Il y a du Ronaldo chez lui, mais moi je trouve qu'il y a aussi du Cristiano Ronaldo également. Il a cette faculté d'accélération, d'être performant devant et d'être un buteur. Ronaldo (le Brésilien) avait cette faculté, mais il était plus buteur. Et Henry, c'était un buteur et un travailleur. En fait, je pense que c'est un bon mélange de tous ces joueurs-là. Mais il ne faut pas oublier que c'est un gamin. Il va encore énormément progresser. Et quand on voit ce qu'il peut déjà faire, il fait partie des joueurs les plus performants offensivement. Ce qui est intéressant c'est de savoir que dans trois, quatre ans, il sera encore plus fort. Et en plus, il n'aura alors que 22, 23 ans. C'est un diamant et il est beau à voir. Mais encore une fois, il est jeune et ce n'est pas évident à cet âge-là d'être totalement concentré sur ses matches. Mais j'espère qu'il va garder la tête sur les épaules, continuer à progresser et être performant. 

Pour finir, un petit pronostic pour mardi ?

Je pense bien sûr à une victoire de la Belgique. Pour le score, je dirais 2-1. 

Propos recueillis par Naïm Beneddra

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