Paul Bernardoni France U21Getty

ENTRETIEN - Paul Bernardoni : "Je n'ai jamais caché que je me plais énormément à Nîmes"

Paul Bernardoni sera le gardien des Espoirs au Championnat d'Europe (16 au 30 juin en Italie et Saint-Marin). En marge des discussions sur son avenir entre Bordeaux et Nîmes, où il pourrait revenir en prêt la saison prochaine, le portier de 22 ans se prépare avec l'objectif d'atteindre a minima les demi-finales de l'Euro, qualificatives pour les JO de 2020 à Tokyo. Au fond, il espère aller au bout de la compétition comme à l'Euro U19 remporté en 2016. Pour Goal, il s'est confié lors du rassemblement, s'expliquant notamment sur son rôle de porte-parole du groupe, aux côtés du néo-capitaine Lucas Tousart.

Comment vous sentez-vous à quelques jours maintenant du début de l'Euro ?

Paul Bernardoni : Je sors d'une saison aboutie avec Nîmes. Je me suis bien senti, j'ai été plutôt régulier. C'est une sorte de nouveau départ pour moi aussi, mais j'arrive très épanoui et super heureux par rapport à la saison que j'ai réalisée.

Quel regard portez-vous sur la question du leadership qui fait beaucoup parler en Espoirs depuis l'annonce de la liste ? Aurez-vous un rôle à jouer en tant que porte-parole du groupe ?

On n'est pas beaucoup à avoir ce rôle de porte-parole, mais le coach a confiance en nous. C'est un rôle d'écoute. Si on doit transmettre des choses, on va le faire. Pareil, si le coach a des choses à nous dire. Chacun a un petit rôle de son côté, c'est intéressant. Le groupe sait que s'il faut dire des choses, on le fera. C'est un rôle que je ne connais pas spécialement, mais je le découvre et j'apprécie beaucoup.

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Comprenez-vous qu'on puisse être inquiet du fait de l'absence d'Abdou Diallo qui était votre capitaine et un relais important du sélectionneur ?

Bien sûr, c'est normal. Abdou est là depuis très longtemps. C'était le taulier au niveau des cadres. On en fait partie avec Lucas (Tousart), mais il gérait beaucoup de choses. On aurait tous aimé qu'il soit là. Malheureusement, ça n'a pas été possible. C'est comme ça et on va essayer de le remplacer au mieux.

Comment se passent concrètement les échanges avec ce petit "conseil des sages" du vestiaire dans lequel il y a aussi Moussa Niakhaté et Moussa Dembélé ?

Dès qu'on a une idée, on se réunit tous les quatre. On en discute, on pèse le pour et le contre avant d'en informer les gars. On leur demande leur avis si c'est important parce que le principal, c'est qu'on aille tous dans la même direction. Habituellement, on préfère prendre une décision à quatre au départ avant d'en parler au groupe pour voir si la décision qu'on a prise est la bonne. C'est assez sympa et ce sont des choses qui font grandir aussi je pense.

Vous sentez-vous visé quand Sylvain Ripoll annonce que certains joueurs devront prendre leurs responsabilités durant la préparation et tout au long du Championnat d'Europe ?

Peut-être, même si je pense qu'il parle un petit peu à tout le monde. C'était souvent Abdou qui prenait la parole avant les matches. Aujourd'hui, il n'est pas là. Mais il faut que ça se fasse naturellement. Si à un moment donné, un joueur ressent le besoin de parler, ce sera avec plaisir qu'on l'écoutera.


"Les JO de 2020, c'est un vrai objectif pour moi"


Lucas Tousart et vous étiez ensemble à l'Euro U19. Sentez-vous une alchimie similaire à celle de 2016 ?

Ce qui est assez étonnant, c'est qu'à l'Euro U19 c'était arrivé au fur et à mesure. Il y avait une superbe ambiance de base, comme ici, mais ce n'était pas comme à la fin. Là, je pense que ça va se faire au fil du temps même si l'ambiance est déjà très bonne.

Vous êtes donc globalement optimiste sur cette notion de groupe si chère au sélectionneur Sylvain Ripoll...

Oui, d'autant qu'on a deux objectifs. Il y a la qualification pour les Jeux Olympiques et, on l'espère, la victoire à la fin. On est tous dans le même bateau. On sait pourquoi on est là, on représente la France et on sait pourquoi on se prépare.

Pour un joueur de football, la Coupe du monde est la reine des compétitions. Et les JO, ça représente quoi réellement ?

La Coupe du monde, c'est le Graal, mais les Jeux Olympiques c'est une opportunité qu'on a qu'une fois dans une vie. C'est quelque chose d'énorme, un vrai objectif pour moi et ce serait une fierté déjà si on se qualifie.

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Vous avez connu la victoire à l'Euro U19 et l'échec au Mondial U20. Quelles erreurs ne faudra-t-il par reproduire ?

Au Mondial U20, certaines règles de vie n'ont peut-être pas été respectées. Des petits retards, par exemple, qu'on n'avait pas à l'Euro. On a laissé passer un peu trop de choses. Sur le terrain, on n'a pas non plus fait ce qu'il fallait alors qu'à l'Euro on sentait qu'on était presque imbattable. Il aurait pu se passer n'importe quoi qu'on aurait gagné. Il va falloir être vigilant, qu'on soit dans le même mood, mais sur ça je ne m'en fais pas énormément.

Il faudra aussi faire abstraction de tout ce qui se dit sur votre avenir. Est-ce compliqué ?

Très sincèrement, non. J'ai la chance d'avoir l'Euro comme objectif. Je laisse mes conseillers travailler. On a calé un rendez-vous avec les dirigeants bordelais pour se dire les choses. C'est en route et on verra bien. Dans mon esprit, j'espère être là pendant un mois, ça ne me perturbe pas.

Benoît Costil n'a pas caché son agacement en fin de saison sur la question du gardien de but à Bordeaux...

Je le comprends. La situation n'est pas très agréable pour lui comme pour moi et j'espère qu'elle sera réglée très vite pour passer à autre chose. Tout ce que je veux, c'est jouer.


"Retourner à Nîmes ? La possibilité est clairement là"


Peut-on croire à un retour à Nîmes où vous étiez prêté par les Girondins la saison dernière ?

Je n'ai jamais caché que je me plais énormément à Nîmes. J'ai passé une superbe année, ils m'ont fait confiance, j'ai pu jouer toute la saison. On a terminé neuvième donc on verra, mais la possibilité est clairement là.

Que retenez-vous de votre première saison là-bas ?

J'ai découvert une atmosphère, un stade, un public, une ambiance et un club familial. Ce qui est assez paradoxal, c'est qu'on a aussi découvert une sorte de pression du résultat. Je m'y suis vraiment retrouvé et mon année à Nîmes m'a vraiment plus.

Sur quels aspects pensez-vous avoir progressé ?

Un petit peu tout, j'ai progressé de match en match dans mon jeu de gardien et j'ai aussi pris quelques responsabilités dans le vestiaire en donnant mon avis sur quelques discussions importantes. J'ai trouvé un rythme de travail qui me plaît vraiment et ce n'est pas négligeable.

Ne pensez-vous pas avoir atteint la deuxième phase de votre évolution justement ?

Tout n'est pas encore parfait, mais à Nîmes j'ai eu la chance d'être apprécié par le public, par les joueurs. Je me suis senti important dans le groupe et j'ai senti une petite évolution. Je parle davantage, c'est venu naturellement par des prises de parole et des petits mots durant la saison. L'entraîneur des gardiens m'a aussi poussé. Il m'a dit "fais-le, maintenant tu es légitime". Mais ce n'était pas quelque chose d'écrit.

Propos recueillis par Benjamin Quarez.

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