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ENTRETIEN - Martin Dahlin : "L'esprit collectif, c'est la force de l'équipe suédoise actuelle"

Au bout d'une absence de douze ans, la Suède renoue avec une phase finalle de Coupe du Monde. Bien qu'ayant écarté l'Italie en barrages, les Scandinaves s'avancent vers ce rendez-vous sur la pointe des pieds et avec comme unique ambition déclarée : franchir le cap des poules. L'exploit de 1994 lorsque cette sélection avait terminé sur le podium au bout d'un parcours exceptionnel relève d''un rêve et les Forsberg, Durmaz et cie n'ont pas la prétention de le réediter.

Il y a vingt-quatre ans, aux Etats-Unis, un certain Martin Dahlin était présent dans le camp suédois. Il était même l'un des atouts maitres de l'équipe dirigée par Tommy Svensson. Goal l'a retrouvé pour qu'il revienne sur cette épopée, analyse l'évolution du football suédois depuis cette date-là et nous éclaire sur le potentiel de la sélection actuelle. Celui qui officie actuellement comme agent de joueurs, avec sa propre boite (Instagram : martindahlinmanagement) qui regroupe une trentaine des plus grands talents scandinaves, s'est confié avec beaucoup de sincérité, et aussi une petite dose de nostalgie.

Que devenez-vous ? Que faites-vous ?

Je suis toujours dans le football. J'opère pour le compte de MD Management, qui est la première agence de football en Scandinavie. Nous gérons les intérêts de beaucoup de joueurs. 

Vous êtes donc resté dans le circuit. Quels sont les joueurs que vous représentez justement ?

Oui, nous sommes dans le circuit car nous avons dans notre écurie des joueurs internationaux suédois, finlandais, danois. En gros, quelques-uns des meilleurs talents de la Scandinavie.

La carrière d'entraineur n'était pas intéressante pour vous ?

Non. En tous cas, pas pour le moment.

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La Coupe du Monde vient de démarrer. C'est une compétition qui est certainement très spéciale pour vous à titre personnel.

Bien sûr. Disputer une Coupe du Monde c'est quelque chose d'exceptionnel. Nous, on l'a fait à l'époque. On a réalisé une belle campagne qualificative et ensuite on a connu une remarquable phase finale. C'est un rêve qui était devenu réalité. Donc oui, c'était une très belle expérience. Aussi bien pour moi, pour l'équipe de l'époque que pour toute la Suède. 

Ce tournoi aux Etats-Unis en 1994. Est-ce le plus beau souvenir de votre carrière ? On vous en parle encore aujourd'hui ?

Oui, ça reste l'une des meilleures expériences de ma carrière. La Coupe du Monde est l'une des plus grandes compétitions qui existe. Et, en plus, nous y avons bien figuré, aussi bien collectivement que moi individuellement. C'était magnifique. Et je suis encore reconnaissant pour l'opportunité qu'ai eue.

Etait-ce d'après vous la meilleure génération que le football suédois a eue ?

Je n'aime pas vraiment comparer les équipes à travers les générations. Parce que tout est différent. Nous on était différents de la sélection de 1958 qui avait atteint les demi-finales de la Coupe du Monde à domicile. Et nous sommes différents de l'équipe d'aujourd'hui. C'est vrai que nous étions une équipe très forte, et on a obtenu beaucoup de bons résultats. On a atteint les demies de l'Euro 92 et aussi celles de la Coupe du Monde 1994. D'une certaine façon, la Suède s'est décomplexée à travers ces deux bons résultats. Mais dire qu'on était plus forts qu'avant, ou dire que notre génération est meilleure que celle d'aujourd'hui, ça serait inapproprié. Mais, c'est sûr qu'à notre époque, on était forts et on était parmi les meilleurs au monde.

Vous avez fait des parcours exceptionnels, mais n'y a-t-il pas un regret de ne pas être allé jusqu'à la fin, et avoir remporté un trophée ? Car, vous en étiez tout proches.

Des regrets non, mais c'est sûr qu'il y a une part de déception. On était proches de triompher en 1992 lorsqu'on a perdu en demi-finale de l'Euro contre l'Allemagne avant que l'Allemagne ne cède face au Danemark en finale. Lors de ce tournoi, nous avons été les seuls à battre le Danemark. C'est vrai donc que c'était décevant de ne pas être allé au bout. Même chose pour la Coupe du Monde 1994 où on avait perdu face au futur vainqueur, le Brésil. On a bataillé sans complexes face aux meilleures sélections du monde. Et aujourd'hui, en y repensant, on mesure que c'était quelque chose de grand. 

Pourquoi cette brillante génération n'a-t-elle pas pu confirmer après ? On pense notamment à l'Euro 96 et au Mondial 98, pour lesquels vous n'êtes pas parvenus à vous qualifier ?

Je pense qu'il y a plusieurs raisons à cela. La première d'entre elles, c'est qu'à l'époque, il n'y avait pas autant de sélections qu'aujourd'hui qui participaient à la phase finale du championnat d'Europe (16 contre 24, ndlr). Donc c'était plus difficile de se qualifier. Peut-être aussi qu'il y avait une part de décompression après avoir autant brillé avant. Enfin, je crois qu'il nous manquait des joueurs. Tous n'étaient pas opérationnels lors de ses campagnes qualificatives et certains cadres, qui étaient partis à la retraite, n'avaient pas été vraiment remplacés. 

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Que pensez-vous de la sélection suédoise actuelle ?

C'est une équipe qui est très bien organisée. C'est aussi une équipe où chacun travaille dur pour l'autre. Il y a un vrai esprit collectif. Il n'y a pas beaucoup de grandes stars, mais le rendement collectif prime. Et on constate qu'ils font du bon travail. 

Quels sont les joueurs qui vous plaisent dans cette équipe et qui pourraient nous surprendre durant le Mondial ? Peut-être de la même façon que vous vous l'avez fait en 1994 ?

Je pourrais vous citer (Emil) Forsberg, (Jimmy) Durmaz ou (Viktor) Claesson. Globalement, je pense que c'est en milieu de terrain que vous pourrez avoir des joueurs qui pourraient vous surprendre.

Quelles sont les chances de la Suède de briller à l'occasion de ce tournoi ? De franchir le premier tour notamment ?

Je pense qu'ils ont de bonnes chances d'atteindre au moins le deuxième tour. Je pense qu'ils peuvent battre la Corée du Sud et éventuellement le Mexique. Ça sera très certainement plus difficile contre l'Allemagne. Mais, c'est certain qu'ils ont toutes leurs chances pour atteindre au moins les huitièmes de finale.

Le match Suède-Allemagne sera spécial pour vous, vu les attaches que vous avez avec l'Allemagne ?

Oui, c'est vrai. J'ai passé de longues années là-bas. Ça va être un match spécial c'est vrai. Pour moi, mais surtout pour l'équipe actuelle. En face, on aura l'une des sélections les plus compétitives du moment. C'est sûr que ça va être compliqué. Mais, en Coupe du Monde, on ne sait jamais. Tout peut se passer.

Un mot sur la France, que pensez-vous de cette sélection ?

Je pense que cette sélection a de bonnes chances d'aller très loin. C'est une équipe qui possède quelques bons joueurs. On a pu le voir il y a deux ans à l'occasion de l'Euro que c'est une équipe très forte. Oui, c'est sûr qu'ils peuvent réaliser de belles choses. 

Propos recueillis par Naïm Beneddra

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