Fode Ballo Toure France U21

ENTRETIEN - Espoirs, Fodé Ballo-Touré : "Je n'ai pas encore montré toute ma vraie valeur"

Les premiers mois de Fodé Ballo-Touré chez les professionnels n'ont pas été de tout repos. Transféré en juillet 2017 de l’académie du PSG à Lille dans la peau de la jeune promesse, le latéral gauche a connu des difficultés pour s'acclimater aux exigences de la Ligue 1 sous les ordres de Marcelo Bielsa. Mais fort de cette expérience, le jeune joueur de 22 ans a changé. Grâce à un travail ciblé et un degré d’écoute qui lui ont permis de s’étoffer, Fodé Ballo-Touré s’est révélé cette saison. En première partie d'abord, avec le LOSC de Christophe Galtier, puis à Monaco où tout n'a pas été simple non plus depuis son transfert l'hiver dernier. Une nouvelle étape qui l'a forgé un peu plus pour se projeter maintenant sur l'Euro avec l'équipe de France Espoirs. Un challenge qui démarre ce mardi avec le premier match face aux Anglais (21h).

Que de chemin parcouru depuis votre départ du PSG...

Fodé Ballo-Touré : C'est allé très vite, je ne m'y attendais pas. Plus jeune, j'avais un objectif, c'était de signer mon premier contrat professionnel et de jouer des matches en Ligue 1. Après mon départ du PSG, tout s'est accéléré. J'ai été lancé directement dans le grand bain. Il m'a fallu du temps pour m'adapter à la Ligue 1, mais cette année j'ai trouvé mon rythme et me voilà à l'Euro avec l'équipe de France Espoirs.

Quel sentiment vous habite aujourd'hui ? La fierté de porter ce maillot tricolore ?

C'est une grande fierté bien sûr. Quand je regardais des matches de l'équipe nationale, je me disais "pourquoi pas, un jour je serai là-bas". Mais avant d'espérer être appelé, il fallait que je sois performant en club. J'ai dû bosser et j'ai été récompensé.

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Votre saison a été particulière puisque vous avez d'abord joué le haut de tableau avec Lille, puis le maintien avec Monaco. Comment l'avez-vous vécue ?

Je reconnais qu'au départ c'était difficile. Avec Lille, on restait sur une bonne première partie de saison et je ne m'attendais pas à partir. J'étais bien, je ne voulais pas quitter mes potes, mais il a fallu passer à autre chose pour assurer le maintien avec Monaco. Ça n'a pas été simple. Après la trêve, on a commencé à perdre. C'était dur. Pas uniquement pour moi, mais pour toute l'équipe et quand toute l'équipe va mal ça se ressent sur les prestations individuelles. Heureusement, on a atteint l'objectif.

Aviez-vous en tête que la situation était à ce point délicate à Monaco au moment de votre signature ?

Sincèrement, non, parce qu'en première partie de saison je ne regardais pas vraiment leurs matches. Il y avait beaucoup de blessés, ils ont fait jouer des jeunes qui n'avaient pas encore démarré en pro. C'était compliqué ça aussi...


"J'ai amélioré beaucoup de choses sur et en dehors du terrain"


Vous pensiez que ce serait plus simple d'obtenir ce maintien ?

Je savais que ce serait difficile. Mais c'est vrai qu'après nos sept victoires d'affilée, je me suis dit que ça allait le faire, qu'on allait remonter au classement. Puis, il y a eu ce trou d'air et là j'ai compris que ce serait dur et qu'il faudrait batailler jusqu'à la fin.

Toutes ces épreuves vous permettront peut-être de grandir encore.

Je le vois comme ça. Ce sont des choses qui me renforcent mentalement et si un jour je suis amené à revivre une saison comme celle-ci, ce que je n'espère pas, j'aurais cette expérience et ce sera bénéfique pour le groupe.

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Malgré la deuxième partie de saison délicate de Monaco, maintenu sur le tard, Fodé Ballo-Touré assure qu'il se sent bien sur le Rocher.

Malgré tout, vous sentez-vous bien à l'AS Monaco ?

Oui, malgré cette deuxième partie de saison difficile, je me sens très bien à Monaco. Le coach a confiance en moi, mes coéquipiers aussi.

Avez-vous l'impression d'avoir changé ces dernières années avec les multiples expériences que vous avez connues ?

J'ai énormément changé. J'ai amélioré beaucoup de choses sur le terrain, même si je fais encore des erreurs que je dois gommer. J'ai corrigé des choses défensivement. Je suis plus concentré, je fais plus attention à mon placement. Même en dehors, j'ai changé. Quand j'ai vu tout ce qui se passait hors du terrain, avec les interviews et tout ça... Au départ je me suis dit "ah le football, c'est ça ?". Parfois, j'étais dégoûté. Mais j'ai sacrifié mon enfance pour le football et je ne devais pas baisser les bras.


"Les critiques, c'était très difficile mais ça m'a renforcé"


Le déclic, vous l'avez eu avec le LOSC de Marcelo Bielsa ?

C'est une conséquence de ma première saison en Ligue 1 forcément. C'était très difficile pour moi, j'ai été critiqué, mais ça m'a renforcé. Je voulais prouver que je n'étais pas le joueur qu'ils pensaient. J'ai attaqué la saison déterminé, et j'ai su le faire, avant de partir. C'est comme ça... Je ne pensais pas changer de clubs autant, mais c'est peut-être bien pour moi.

Avez-vous l'impression d'avoir déjà montré toute l'étendue de vos qualités ?

Je ne pense pas avoir encore montré toute ma vraie valeur et j'espère qu'un jour j'y arriverai à 100%.

Qu'entendez-vous par là ?

Aujourd'hui, je suis un bon latéral, mais j'ai encore quelques soucis à régler. Si je les règle, je deviendrai peut-être un top latéral européen. C'est mon ambition.

Vous allez pouvoir vous confronter aux meilleurs joueurs européens de votre génération à l'Euro. Quelles sont vos ambitions là-bas ?

J'espère qu'on ira le plus loin possible. Notre premier objectif va être de passer les poules. C'est déjà une bonne mission.

Et avec Monaco, qu'espérez-vous pour la saison prochaine ?

J'espère qu'on va remonter comme les années passées, qu'on jouera le podium, les premières places et qu'on ramènera le club en Ligue des champions.

Propos recueillis par Benjamin Quarez

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