Dans moins de 100 jours, l'équipe de France Espoirs fera son entrée en lice au championnat d'Europe, organisé en Italie et à Saint-Marin du 16 au 30 juin. Une compétition majeure pour laquelle Sylvain Ripoll et son staff se préparent pleinement. Jeudi, aux alentours de 14h, le sélectionneur annoncera sa liste pour les deux matches de préparation face à l'Allemagne et le Danemark, les 21 et 24 mars prochains. Il s'est longuement confié à Goal avant cette échéance.
Vous allez aborder le dernier rassemblement avant l'Euro. Quels sont les enjeux de celui-ci et qu'est-ce qu'il va falloir travailler pendant la semaine que vous aurez tous ensemble ?
Sylvain Ripoll : C’est le dernier rassemblement avant la préparation directe pour l’Euro. On peut dire que ce sont deux matches de préparation, déjà, qui vont être importants pour continuer à se forger une identité et développer une force collective. Ce sont ces valeurs-là qui vont être importantes.
Vous allez vous confronter à deux équipes qualifiées pour l'Euro Espoirs. Était-ce une volonté de votre part d'affronter des adversaires que vous pourriez retrouver en juin prochain ?
Oui, clairement. On a identifié et choisi nos adversaires en fonction de ça. C’est la raison pour laquelle on a déjà joué l’Espagne et la Croatie au rassemblement précédent. Avec l’Allemagne et le Danemark, on voulait continuer dans cette idée. L’Allemagne sera parmi les deux ou trois gros favoris de la compétition. Le Danemark s’est qualifié de façon très nette aussi donc ce sont deux nations qui représentent quelque chose de fort au niveau européen chez les Espoirs.
Travaillez-vous sur un autre match qui pourrait être programmé avant votre départ en Italie ?
Oui. Ce n’est pas encore clairement défini mais on travaille en ce sens, sur des adversaires qui seront au niveau du championnat d’Europe. Il y aura probablement deux matches. Tout reste encore au conditionnel mais notre volonté est de conserver une adversité de ce niveau là.
Qu'en est-il de l'organisation sur place ? Sait-on où vous logerez et où se tiendront les entraînements ?
Les choses sont en train de se caler mais je ne peux pas encore les divulguer. Ce que je peux dire, c’est qu’il y aura trois phases, la première à Clairefontaine, la deuxième à l’extérieur avec un stage avant de rallier l’Italie, à peu près cinq jours avant notre entrée en lice contre l’Angleterre.
Votre équipe a été moins aérienne sur les derniers matches, du fait de l'adversité, même si on a vu de bonnes choses à l'image de Matteo Guendouzi contre la Croatie. Que reste-t-il à améliorer en termes de jeu ?
Le match contre l’Espagne était de bonne qualité et de bonne tenue également. Malgré tout, il y a des choses qu’on doit améliorer comme la capacité à faire mal à l’adversaire sur la transition offensive, la maîtrise collective, peaufiner notre organisation défensive... Ce seront les grandes lignes du prochain rassemblement et du temps de préparation qu’on aura pour être encore plus performants au championnat d’Europe. Maintenant, je m’aperçois que par rapport à des nations comme l’Espagne et la Croatie... C’est vrai qu’on n’a pas gagné mais c’est aussi vrai qu’on a tenu la comparaison et qu’on a été au moins au niveau. Même en ayant été absents de la compétition pendant longtemps, on s’aperçoit qu’on est capables de rivaliser avec ces équipes qui y sont habituées.
"La pression, on se la mettra seuls, avec une grosse envie de bien faire"
Où situez-vous l'équipe de France Espoirs dans la hiérarchie mondiale ? Est-elle favorite ou outsider ?
Ça m’est difficile de la situer de façon très exacte pour la bonne et simple raison que cela fait de nombreuses années que l’on ne s’est pas échelonné sur un championnat d’Europe. Je pense qu’il faut faire preuve de beaucoup d’humilité. Il y a des équipes qui sont présentes sur quasiment chaque édition, qui en ont gagné plusieurs. Savoir tout ça ne nous empêchera pas d’avoir beaucoup d’ambition et de montrer qu’on n’est pas là pour rien.
Avant le Mondial, Noël Le Graët avait donné pour objectif à Didier Deschamps d'atteindre le dernier carré. Quel est le mot d'ordre pour les Espoirs au championnat d'Europe ?
Ah pour ça, je pense que vous aurez l’occasion de poser la question en direct au président ! La pression, on se la mettra tout seul. Une bonne pression, très positive avec une grosse envie de bien faire et de donner du fil à retordre à nos adversaires. Après, on verra ce qui se passera.

Est-ce vraiment important de repartir sur une dynamique de victoires après cette série de trois matches nuls ?
C’est toujours bon d’enchaîner les victoires. Après, vous pouvez aussi enchaîner les victoires avec des contenus qui vous inquiètent. J’estime que les deux derniers contenus contre la Croatie (2-2) et l’Espagne (1-1) étaient plutôt prometteurs. J’espère que sur le prochain rassemblement nous aurons des victoires mais les contenus des matches, l’identité et l’état d’esprit qu’on manifeste et qu’on construit sont également capitaux.
Des joueurs comme Pavard, Hernandez et Ndombélé étaient là au début des qualifications, et sont encore sélectionnables. Y'a-t-il une chance de les voir à l'Euro ? Quid de Mbappé et Dembélé également ?
Je pense qu’on a été clair, il y a une logique dans tout ça. La priorité des priorités, c’est l’équipe A. Ce sont des joueurs qui ont basculé avec les Bleus parce que le staff l’a décidé. L’équipe de France Espoirs se doit aussi d’avoir les ressources et les réserves pour rester compétitive malgré la perte de ses meilleurs joueurs qui vont vers le haut.
Le cas de Tanguy Ndombélé est un petit peu différent puisque contrairement aux autres il n'est pas champion du monde. Doit-on en déduire qu'il ne sera pas là non plus ?
Il n’y a rien de définitif dans un sens ou dans l’autre. Les prochaines semaines nous éclaireront un petit peu. Mais il est évident que les retours dans ce sens là sont très rares et pas toujours faciles. Ce sont des choses qu’on éclaircira le moment venu et on va préparer l’Euro avec les joueurs qui constituent l’effectif actuel.
"On a rarement eu un réservoir aussi riche de défenseurs centraux"
Vous allez avoir des choix difficiles à faire. Comment abordez-vous cette problématique à l'approche d'une grande compétition comme l'Euro et quelle attitude allez-vous adopter ?
On est attentifs au maximum de choses. On multiplie les contacts, les prises d’informations, on suit l’évolution de chaque joueur. On sait qu’à cet âge là ça va vite, les méformes, certains qui au contraire sont très performants. Il y a ceux qui se blessent, ceux qui ne jouent pas. Ce sera à nous d’analyser tout ça pour construire l’effectif le plus performant possible. Les choix sont toujours discutables mais ils seront faits et ce seront les miens, les nôtres même.
Comment vit-on ces choix difficiles quand on est dans la peau d'un sélectionneur ?
Le réservoir français est large donc il y aura forcément des déçus, d’autres où il pourrait y avoir débat sur le fait qu’untel y soit et pas un autre. Ce n’est pas un problème. J’aurai en tête de construire le groupe le plus fort possible en tenant compte du potentiel individuel, de la capacité à se mettre à la disposition du groupe. Ce qui m’importe, et je l'ai dit dès le départ, c’est que les joueurs disponibles soient à la disposition de l’équipe de France Espoirs et veuillent la servir.

On a beaucoup parlé du comportement de Jean-Kévin Augustin pendant la préparation. Qu'en est-il de sa situation et entre-t-il encore dans votre réflexion ?
Il ne faut pas prendre de position ferme et définitive, ça n’amène rien de bon. Je suis l’évolution des uns et des autres. Je suis celle de Jean-Kévin également.
La porte est donc encore ouverte le concernant ?
Ce qui s’est passé, c’est passé. Ça a été commenté, on ne peut pas l’enlever. Maintenant, je suis attentif à tous les joueurs qui peuvent être amenés à rendre l’équipe de France Espoirs la plus compétitive possible lors de cet Euro en Italie.
Quand on fait un large tour de l'effectif, on note aussi qu'il y a peut-être un petit peu moins de concurrence au poste d'avant-centre qu'en défense centrale. Qu'en pensez-vous ?
Il y a des postes qui sont très très fournis, celui de poste de défenseur central notamment est très concurrentiel avec énormément de jeunes joueurs à ce poste qui sont titulaires dans des clubs majeurs. On a rarement eu un réservoir aussi riche au niveau des défenseurs centraux.
Avec des joueurs matures, à l'image de votre capitaine Abdou Diallo. Un réservoir riche et de bonnes personnes.
Il y a beaucoup de bonnes personnes. Parfois on peut se tromper, s’égarer. N’oublions pas que ce sont de jeunes joueurs et que parfois on fait des petites erreurs mais il y a beaucoup de bonnes personnes, il n’y a aucun problème.
La liste de jeudi ressemblera sûrement à peu de choses près à celle pour l'Euro. C'est l'idée ?
Dans la proportion, je ne sais pas. Mais forcément quand on arrive au dernier rassemblement avant la compétition, pour une grande majorité il vaut mieux être là que de ne pas y être, c’est sûr.
Propos recueillis par Benjamin Quarez
