Depuis son départ de l'AS Monaco à l'été 2017, Abdou Diallo est en constante ascension. Parti à Mayence puis à Dortmund en juin dernier, le défenseur axial gauche n'a pas mis longtemps à s'affirmer en Bundesliga. Un championnat qu'il suivait peu au départ. "Je n'étais pas focalisé sur la Bundesliga, disait-il à Goal l'an passé. Mais j'ai découvert bien mieux que ce que je pouvais espérer." Bild l'a cité plusieurs fois dans sa traditionnelle équipe type. Un mariage réussi qui n'étonne pas ses proches. "Je ne suis pas surpris par ce qui lui arrive. Au centre de formation, c'est rare que les jeunes prennent la parole. Mais lui, je m'en souviendrai toujours. Il n'était pas là pour rigoler et on a tout de suite vu son leadership", raconte Dylan Bahamboula, d'un an plus âgé, et qui partageait le même vestiaire en Principauté.
"Jardim l'a toujours pris pour un petit du centre"
Dans son entourage, on dit qu'il aurait aimé faire une grande partie de sa carrière à Monaco. Mais son faible temps de jeu avec Leonardo Jardim a eu raison de leur aventure commune. "Il n'y a rien qui remplace un match et à Monaco je sentais qu'on ne me faisait pas forcément confiance", confiait-il après son arrivée en Allemagne. Ce qui n'enlève rien à l'affection qu'il porte au club et sa ville. "C'est un pur Monégasque. Il s'est même marié avec une femme de là-bas, confirme Dylan Bahamboula. Jardim lui parlait souvent. Il lui disait de se tenir prêt, mais Abdou n'a jamais senti une réelle volonté de sa part de le lancer. Il le mettait parfois en Coupe, mais il l'a toujours pris pour un petit du centre de formation."
"Abdou, tous ses choix, il les a fait pour jouer. Et même si c'était improbable quand il est parti à Mayence, je pense que s'il avait une offre du Real Madrid, il l'aurait refusée", nous dit-on. Un plan de carrière réfléchi par un joueur à la maturité décapante, que Sylvain Ripoll a nommé capitaine de l'équipe de France Espoirs. "Abdou, il est comme ça. On ressent sa maturité dans sa façon de parler. On peut échanger sur tout avec lui. C'est naturel et il n'a pas du tout changé depuis qu'il est en Allemagne. Sa façon de parler, son caractère. Dans tout, c'est le même", explique Dylan Bahamboula, qui le décrit comme "quelqu'un de posé, qui ne cherche pas du tout l'exposition".
Avec les champions du monde jeudi ?
L'été dernier, Lyon comme Dortmund souhaitait son arrivée. Il avait apprécié sa rencontre avec Bruno Génésio. "Et financièrement, c'était presque la même chose, précise Dylan Bahamboula. Il a surtout fallu se décider par rapport au reste. Le foot et sa vie de famille. Abdou n'aime pas trop être dans la lumière. Il veut vivre tranquillement et à Lyon il serait arrivé avec le statut de recrue vedette alors qu'à Dortmund il garde un cadre qu'il connaît bien avec un coach (Lucien Favre) qui lui a tout de suite parlé comme si c'était un joueur de son effectif." Et l'équipe de France dans tout ça ? "La question s'est posée aussi, reprend l'ancien dijonnais. Il a fallu se demander dans quel club on allait lui mettre l'étiquette de joueur sélectionnable en équipe de France. Il a pesé le pour et le contre, en sondant ses amis proches, et il a fini par choisir Dortmund."
Abdou Diallo est l'un des plus capés de sa génération en équipe de France jeunes (58 sélections). Ses statistiques parlent d'elles-mêmes en Espoirs.
Au BvB, où il dépanne aussi comme latéral gauche, Abdou Diallo "pense avoir tout pour progresser techniquement et tactiquement" aux côtés de Lucien Favre. Quant à l'équipe de France de Didier Deschamps, il en est question depuis la blessure de Samuel Umtiti, et son incertitude pour la liste de jeudi. "Ce serait exceptionnel. Il en rêve depuis toujours et ce serait une belle récompense", dit un ami de la famille. Certains lui ont pourtant conseillé d'opter pour la sélection allemande, qu'il peut encore choisir aujourd'hui. Mais lui préfère les Bleus. Un choix du cœur. En espérant bientôt avoir à son tour quelques étoiles au dessus de la tête.
