Actuellement sans club avoir été notamment le sélectionneur de la Côte d'Ivoire ainsi que l'entraîneur du Stade Rennais et de Nottingham Forest, Sabri Lamouchi, aujourd'hui âgé de 50 ans, a partagé les meilleurs et les pires souvenirs de sa carrière de joueur à nos confrères du journal L'Equipe.
Sur la bagarre générale au Vélodrome lors de Marseille-Monaco en 2000
Une embuscade dans le tunnel à la mi-temps… C'est parti de partout. Ça a commencé avec Marco Simone et ça a enchaîné avec Marcelo Gallardo. Je l'ai vu à la fin du match, assis sous la douche encore sanglotant… On aurait pu l'éviter… On était à quatre jours d'une demi-finale de Coupe de France contre Nantes. J'avais dit au coach Claude Puel qu'avec huit points d'avance en Championnat on pouvait laisser les quatre de devant à la maison (Giuly, Trezeguet, Simone et Gallardo). Mais il voulait garder l'équité par rapport aux concurrents de l'OM (à la lutte pour le maintien) et surtout il n'avait pas gagné au Vélodrome depuis longtemps… On a été traumatisés. Contre Nantes, on est amorphes et livides. On perd 1-0 (à la maison). On aurait pu faire le doublé au Stade de France contre Calais.
Sur Guy Roux, son entraîneur à Auxerre de 1994 à 1998
Il n'était pas seulement coach. À notre première rencontre, je signe mon contrat, je déjeune au centre de formation et le cuisinier lui donne du pain rassis qu'il met dans le coffre de sa 406 MI 16. Une sportive alors qu'il ne sait pas conduire ! Il prenait des trottoirs, il allait vite… Mais il n'a jamais eu d'accident. Et on va visiter la maison que j'achète dans son village d'Appoigny. On va dans la forêt de Branches, au bord de son lac. Et je me retrouve à envoyer du pain rassis à ses canards ! Il me dit : « Mon rêve, c'est de construire ma maison ici ». C'est un moment extraordinaire… Je suis avec un homme emblématique, un être simple qui me dit des choses simples. J'ai énormément appris avec lui, un Monsieur pour lequel j'ai un profond respect.
Sur son transfert avorté à la Juventus
Je suis à Parme en 2002. Je vois les dirigeants de la Juventus, Luciano Moggi, Antonio Giraudo et Roberto Bettega dans un restaurant de Parme. On se met d'accord et je file signer le contrat avec mon agent, Oscar Damiani, à Turin, quand Arrigo Sacchi (le directeur sportif) me téléphone et me dit : « Tu vas faire demi-tour, tu vas revenir, tu vas être augmenté, prolongé, tu seras mon capitaine et à la fin de ta carrière tu travailleras avec le club ou avec moi ». On a fait demi-tour. Un an après, c'est l'histoire Parmalat (scandale financier qui touche le propriétaire du club) et je signe à l'Inter… J'ai pu voir avec les Français passés à la Juve combien leur vie professionnelle a pu être transformée, c'est un regret.
