Depuis 1998 et Reynald Pedros aucun tricolore n'a porté les couleurs de Napoli. Le club phare du Sud de l'Italie n'attire peut-être pas autant les "Francese" que les autres cadors de la Serie A, mais en ce moment un joueur issu de la Ligue 1 s'y illustre. Et pas qu'un peu. Le latéral algérien Faouzi Ghoulam enchaine les bonnes performances avec cette brillante formation. Depuis l'entame de la saison en cours, il y est même un titulaire inamovible sur son flanc gauche. Qui l'eut cru il y a sept ans lorsqu'il effectuait ses premiers pas dans l'élite française ?
Celui qui enchante aujourd'hui le San Paolo par ses montées incessantes, ses centres chirurgicaux et ses interventions pleine d'assurance, a effectué ses débuts en pro le 1er décembre 2010. C'était à Valenciennes sous le maillot de son club formateur de l'ASSE. Lancé dans le grand bain par Christophe Galtier, il cueillait alors les fruits des années de travail chez les jeunes. Mais, personne ne se doutait alors qu'il allait devenir un arrière de haut niveau.
À l'ASSE, il a appris les rudiments du métier
À la lecture des commentaires qui avaient accompagné ses premières sorties, le natif de Saint-Priest-en-Jarez ne sortait pas du lot. Et aux yeux de ses coéquipiers chez les Verts, c'était un bon jeune, mais dont le talent ne sautait pas forcément aux yeux. Laurent Battles, l'ancien milieu stéphanois, en témoigne pour Goal : "Il était arrivé chez nous en début de saison. Il avait tout à prouver. Il a commencé par faire des matches amicaux avec nous et cela s'est bien passé. Même si, quand on est jeune, on commet toujours des erreurs. Mais, c'était un garçon travailleur. C'est quelqu'un qui a aussi démontré des aptitudes physiques très importantes. Lors de la première année, c'était un peu dur. Il n'a pas trop joué. Mais lors de la deuxième, il a commencé à jouer, beaucoup plus".
La première saison pleine que Ghoulam réussit avec Saint-Etienne est donc celle de 2011/2012. Il y dispute 32 matches. En gagnant la confiance de son coach, il se libère et réussit plus fréquemment ce qu'il entreprend. Au fil des rencontres, il gagne aussi en rigueur sur le plan défensif. Et c'est là que le basculement s'opère d'après Battles : "au début, ce n'était pas facile de déceler qu'il s'agissait d'un futur grand. Surtout lorsque le jeune commence à peine sa carrière. Il sortait du centre de formation. On parlait plus de l'aspect offensif et pas trop du défensif. Après, il fallait apprendre les bases d'un latéral. Et je crois qu'il a bien travaillé. Et il a bien écouté aussi, et cela lui a permis d'être aujourd'hui au niveau où il est".

À Naples, il enrichit sa palette et parfait son apprentissage
Après avoir prouvé sa valeur, Ghoulam a pris son envol. Au sens propre, comme au figuré. En janvier 2014, et au bout de 87 rencontres en Ligue 1, il prend la direction de Naples. En Italie, il découvre un championnat d'une qualité supérieure. Par la force des choses, il est contraint d'élever son niveau. Ce n'est pas facile au début, mais comme à l'ASSE il prend ses marques progressivement. D'abord mis en concurrence avec le Croate Ivan Strinic sous la direction de Rafael Benitez, il apprend et évolue. Puis, avec l'arrivée de Sarri, il s'impose définitivement. Non sans avoir atteint entre-temps une nouvelle dimension.
Ayant autant apprécié l'homme que le joueur, Battles a continué à suivre les progrès de son ancien coéquipier. Pour lui, il ne fait aucun doute que ce dernier a choisi la bonne destination lorsqu'il a quitté le Forez. "Le fait d'aller en Italie lui a été très profitable, juge l'actuel coach de la réserve stéphanoise. Car c'est un championnat où défensivement on apprend beaucoup de choses. Ça a été très intéressant pour lui. Avec notamment des entraineurs avec un esprit tactique. Ils apportent pas mal de choses aux joueurs. Et je pense aussi que Faouzi a fait un bon choix en allant dans un club comme Naples".
Prochaine étape : une expérience chez un grand d'Europe ?
Aujourd'hui, Ghoulam a tout pour être heureux à Naples. Il est un élément important du dispositif de Sarri (seulement 4 minutes de Serie A manquées cette saison) et ses qualités se marient bien avec le jeu très attrayant que produit la formation transalpine. À première vue, il n'a donc aucune raison de vouloir changer d'air. Cela étant, il ne lui est pas interdit d'être ambitieux et d'essayer d'aller voir encore plus haut.
De grands clubs européens commencent à lui tourner autour (PSG, Real Madrid, Manchester City). Est-il suffisamment armé pour relever un tel challenge ? "Cela dépendra de ses performances, pense notre témoin. En club, mais aussi avec l'équipe d'Algérie. Aujourd'hui, sa sélection est un peu en difficulté. L'image de l'équipe nationale est très importante aussi. Il y a tout un ensemble, mais je le souhaite car il le mérite. Mais, dire s'il peut y réussir ou pas, on ne peut pas le savoir avant d'avoir tenté la chose. Cela dit, il est déjà dans un grand club et qui joue régulièrement la Ligue des Champions".
Hamsik "obsédé" par le record de Maradona
La balle est donc dans le camp de Ghoulam (et ses agents), sachant que son contrat expire en juin prochain. À lui de prendre la bonne décision pour son futur. Comme il a toujours su bien le faire jusqu'ici. Quoi qu'il en soit, on peut être certains qu'il continuera à tracer son chemin avec beaucoup de détermination et d'humilité. Et c'est d'ailleurs peut-être là que se situe sa plus grande qualité. "Il a toujours été très respectueux de tout. Des consignes, des anciens, assure Battles. Que ça soit sur le terrain ou en dehors, c'était un jeune qui était très réceptif. Personnellement, j'ai beaucoup parlé avec lui à l'époque. Et je serais heureux de le revoir car c'est un passionné et avec qui on a envie d'échanger". Ce n'est donc pas que balle au pied que Ghoulam marque les esprits de ceux qu'il côtoie.




