Manchester Derby W+Ls GFXGetty/GOAL

Ruben Amorim peut-il survivre à une nouvelle humiliation ? Les gagnants et perdants du derby de Manchester

Dimanche, alors que Phil Foden venait d'ouvrir le score pour Manchester City, les supporters se sont mis à chanter le nom de Rúben Amorim. On a d'abord cru à un chant de soutien des 3 000 fans de United présents. Mais non. C'étaient bien les supporters de City qui entonnaient, avec une ironie cruelle, le chant que les fans des Red Devils avaient composé pour leur coach. Un coup de génie, qui montre à quel point le vent a tourné. Car aujourd'hui, l'idée qu'Amorim puisse redresser la barre semble, en effet, risible.

Son équipe a eu ses moments en début de match, mais la seconde mi-temps a ressemblé à une corrida. Et la question qui se pose est simple : quand va-t-on mettre fin à la souffrance ?

Amorim l'a répété : il ne démissionnera pas et ne changera pas sa méthode. Il mourra avec ses idées. Sir Jim Ratcliffe a donc un choix à faire : serrer les dents et supporter le calvaire, ou mettre fin à l'expérience maintenant. « Si je veux changer ma philosophie, je le ferai. Sinon, il faudra changer d'homme », a déclaré Amorim. Mais il est sans doute le seul à encore croire en sa méthode, alors que United vient de confirmer son pire début de saison depuis 1992. Cette saison-là s'était terminée par un titre. Mais croire qu'Amorim va faire une "Sir Alex Ferguson" relève de l'utopie.

GOAL décrypte les gagnants et les perdants de ce derby à sens unique.

  • Erling Haaland Man City 2025-26Getty/GOAL

    GAGNANT : Erling Haaland

    Erling Haaland a annoncé la couleur dès la première minute, d'une volée qui a frôlé le poteau. Et même avant de marquer en seconde période, il a montré des progrès impressionnants dans son jeu de remise, combinant avec Jérémy Doku, Tijjani Reijnders et Bernardo Silva.

    Après la pause, il a fait ce qu'il fait de mieux : terroriser les défenses avec sa vitesse et sa puissance, et finir avec une efficacité redoutable. Il a littéralement mangé Luke Shaw sur son premier but et a ridiculisé Harry Maguire sur le second, laissant le gardien Altay Bayındır sans la moindre chance. Il a même fait preuve d'un peu de pitié en trouvant le poteau entre ses deux buts, après un énième cadeau de la défense de United.

    Ce doublé porte son total à 15 buts lors de ses 10 derniers matchs, club et sélection confondus. Il devient également le co-meilleur buteur de l'histoire du derby de Manchester en Premier League, avec huit buts en sept matchs. La suprématie dans cette ville passe désormais par le géant norvégien.

  • Publicité
  • FBL-ENG-PR-MAN CITY-MAN UTDAFP

    PERDANT : Ruben Amorim

    Pendant qu'Haaland marque en moyenne un but par match à domicile, Rúben Amorim, lui, prend en moyenne un point par match de championnat. 31 points en 31 matchs. Seulement huit victoires, pour sept nuls et seize défaites. En d'autres termes, quand Manchester United joue en Premier League, le résultat le plus probable est une défaite.

    Amorim a eu l'honnêteté de reconnaître que ce n'était « pas un bilan que l'on devrait avoir à Manchester United », avant d'ajouter, de manière plus énigmatique : « Vous n'avez aucune idée de ce qui s'est passé ces derniers mois ». Une tentative à peine voilée de rejeter la faute sur d'autres.

    L'argument est difficilement recevable. Peu d'entraîneurs ont eu autant de pouvoir que lui pour remodeler un effectif. Il a obtenu le départ de jeunes talents comme Garnacho et Rashford, et de recrues coûteuses de l'ère Ten Hag comme Onana, Højlund ou Antony. Il a façonné l'équipe à son image, mais les résultats sont les mêmes. Et plutôt que de chercher des solutions, il s'entête dans son système, sans le moindre succès.

  • TOPSHOT-FBL-ENG-PR-MAN CITY-MAN UTDAFP

    GAGNANT : Phil Foden

    Quand Phil Foden a dû déclarer forfait pour le rassemblement de l'Angleterre en septembre, on a craint de ne voir aucun joueur de Manchester titulaire pour le derby. Mais le milieu de terrain s'est rétabli juste à temps. Et, comme souvent dans ce match si particulier pour lui, il a marqué les esprits.

    Après avoir ouvert le score, Foden s'est jeté dans la foule. Un moment chargé d'émotion, le jour où City a appris la disparition de l'un de ses plus célèbres supporters, le boxeur Ricky Hatton. « J'avais une motivation supplémentaire aujourd'hui, c'était pour lui et sa famille », a-t-il déclaré.

    Pep Guardiola n'a pas manqué de saluer le retour de son enfant du club, qui a connu une saison dernière difficile et un début de campagne perturbé par les blessures. « Il nous a tellement manqué », a déclaré le coach. « Phil, c'est le cœur du club, il vient du centre de formation et il aime City. Le voir de retour est une excellente nouvelle ».

  • FBL-ENG-PR-MAN CITY-MAN UTDAFP

    PERDANT : Benjamin Sesko

    Son absence du onze de départ lors des trois premières journées avait surpris. Le derby devait être son grand moment. Mais dire que Benjamin Šeško n'a pas répondu présent serait un euphémisme.

    Il a bien tenté une frappe en début de match, mais sans danger pour Gianluigi Donnarumma. Et ce fut à peu près tout. La plupart du temps, il a semblé perdu, ne sachant pas où se placer ni comment peser sur la défense de City. La seule fois où il a réussi à prendre la profondeur, il a contrôlé le ballon du bras avant de manquer son face-à-face.

    Ses débuts fantomatiques ont été d'autant plus cruels qu'en face, Erling Haaland a livré une performance de monstre. Et pour ne rien arranger, au même moment, celui qu'il a remplacé, Rasmus Højlund, a marqué pour ses débuts avec Naples. La comparaison est douloureuse pour le Slovène. Le pari à 87 millions d'euros de Manchester United ressemble pour l'instant à une nouvelle erreur de casting.

  • FBL-ENG-PR-MAN CITY-MAN UTDAFP

    GAGNANT : Jeremy Doku

    Jérémy Doku peine souvent à être régulier. Pour sa troisième saison à City, il n'est jamais sûr d'être titulaire. Il était d'ailleurs sur le banc lors des deux matchs précédents. Mais la blessure d'Omar Marmoush lui a offert une place dans le onze de départ pour le derby. Et il a su saisir sa chance.

    Ses dribbles sont à l'origine des deux premiers buts de City. Sur l'ouverture du score, alors que United semblait prendre le dessus, il a fait la différence en éliminant Luke Shaw avant de trouver Phil Foden. C'est ensuite sa passe en profondeur qui a lancé Haaland pour le 2-0.

    Sa performance signifie qu'il devrait être le premier choix pour remplacer Marmoush. Et s'il parvient à maintenir ce niveau, il pourrait bien garder sa place pour de bon. Le derby ne fut d'ailleurs que le début d'une journée mémorable pour Doku, qui est allé se faire baptiser juste après le match.

  • Manchester City v Manchester United - Premier LeagueGetty Images Sport

    PERDANT : Luke Shaw

    Dimanche, Luke Shaw était le joueur le plus ancien des deux clubs sur le terrain. Et ça s'est vu. Le latéral gauche a réussi l'exploit d'être impliqué sur les trois buts de City, en commettant quatre erreurs grossières au passage.

    Il a été comme un lapin pris dans les phares face à Jérémy Doku en première période. Une fois éliminé, il a complètement oublié de suivre Phil Foden, qui s'est engouffré dans l'espace pour marquer.

    À la mi-temps, Roy Keane s'est déchaîné sur Sky Sports, affirmant que Shaw avait « abandonné ». Mais le pire était à venir. Il s'est fait martyriser par Haaland sur le deuxième but, avant de rendre directement le ballon à Bernardo Silva sur le troisième.

    À la fin du match, Keane était furieux : « Je pense que Shaw s'en tire à bon compte depuis des années à United. Il est toujours blessé, jamais vraiment en forme. Et quand il joue, il prend des décisions comme s'il ne voulait même pas tacler ». Une analyse sans concession pour un joueur qui, d'une manière ou d'une autre, est non seulement toujours au club, mais aussi titulaire dans un derby.

  • Manchester City v Manchester United - Premier LeagueGetty Images Sport

    GAGNANT : Gianluigi Donnarumma

    Le derby de Manchester est un environnement impitoyable pour faire ses débuts, comme Claudio Bravo l'a appris à ses dépens il y a neuf ans. Mais Gianluigi Donnarumma, lui, joue des matchs à haute pression depuis ses 16 ans. Et son premier derby s'est déroulé à la perfection, avec un "clean sheet" et un arrêt de grande classe face à Bryan Mbeumo.

    Compte tenu de son expérience, il n'est pas surprenant de l'avoir vu aussi à l'aise. On a beaucoup parlé du contraste entre son jeu au pied et celui d'Ederson. Mais il ne faut pas oublier que le Brésilien a commis de nombreuses erreurs lors de ses deux dernières saisons, encaissant souvent sur le premier tir qu'il subissait.

    Donnarumma, lui, a instillé la peur chez les attaquants de United. L'Italien n'offrira jamais ce qu'Ederson apportait dans la construction du jeu. Mais pour sa première sortie, il a prouvé qu'il était un meilleur gardien sur sa ligne. S'il continue à réaliser des arrêts de classe mondiale, il se révélera être un excellent remplaçant, quelles que soient ses lacunes.

  • Sir Jim Ratcliffe Getty

    PERDANT : Sir Jim Ratcliffe

    Le co-propriétaire de United, Sir Jim Ratcliffe, affichait un large sourire lors du dernier derby à l'Etihad, quand Amad Diallo avait offert une victoire inespérée aux siens. Dimanche, à la fin du match, il ne pouvait même plus regarder. Assis devant un Sir Alex Ferguson renfrogné, Ratcliffe avait la tête dans les mains.

    Il y a dix mois, avec son équipe, il a décidé que Rúben Amorim était l'homme de la situation, malgré les réserves de Dan Ashworth, qui s'inquiétait de l'adhésion stricte du coach à son 3-4-3. Aujourd'hui, Ashworth, qui a depuis quitté le club, a tout l'air du type le plus intelligent de la pièce.

    En ce moment, la relation personnelle solide que Ratcliffe entretient avec Amorim est sans doute la seule chose qui empêche le Portugais d'être limogé. Si l'on ne se basait que sur les résultats, son contrat aurait déjà été déchiré.

    Le patron d'INEOS a admis regretter d'avoir maintenu Erik ten Hag en poste à l'été 2024. Maintenir Amorim beaucoup plus longtemps pourrait bien se révéler être une erreur encore plus grande.