Real Madrid : Xabi Alonso face à l'immense défi de la reconquête

Selon ses propres standards, le Real Madrid a terminé la saison dernière en plein chaos. Pendant que le FC Barcelone s'envolait vers le titre, les Merengue faisaient du surplace, une situation qui a conduit au départ de Carlo Ancelotti et à une refonte de l'effectif pour accueillir Xabi Alonso.

Pour sauver les meubles, le club a tout misé sur la Coupe du Monde des Clubs : transfert anticipé de Trent Alexander-Arnold, signature accélérée de Dean Huijsen, opération de Jude Bellingham reportée... tout a été fait pour ramener un trophée. Résultat ? Une correction mémorable en demi-finale face au Paris Saint-Germain, qui a fait dire à Xabi Alonso qu'il avait bien plus de travail que prévu.

Et puis, il y a le "problème" Kylian Mbappé. L'attaquant français a beau avoir marqué 44 buts toutes compétitions confondues et remporté le Soulier d'Or européen, la question de son impact réel sur le collectif se pose. Avec des joueurs comme Vinícius Jr et Jude Bellingham dont le rendement a chuté drastiquement, difficile d'affirmer que le capitaine des Bleus a rendu l'équipe meilleure.

Malgré cette atmosphère pesante, nous sommes toujours au Real Madrid, et les supporters exigent des résultats. Mais pour la première fois depuis longtemps, beaucoup se demandent si l'équipe a vraiment les moyens de ses ambitions.

L'essentiel du mercato madrilène a été bouclé avant le Mondial des Clubs, mais le club est resté actif depuis son élimination. L'arrivée de Trent Alexander-Arnold, recruté pour 10 millions d'euros un mois avant la fin de son contrat, est évidemment le gros coup de l'été. Celle de Dean Huijsen, malgré son coût de près de 60 millions d'euros, est également une excellente opération, le défenseur ayant été l'un des plus impressionnants aux États-Unis. Ailleurs, le jeune Argentin Franco Mastantuono semble très prometteur, même si son rôle exact reste à définir.

L'acquisition la plus curieuse reste celle d'Alvaro Carreras. Alors que le duo Ferland Mendy - Fran Garcia semblait satisfaisant au poste de latéral gauche, le Real a déboursé 50 millions d'euros pour cet ancien de la maison qui a brillé à Benfica. Un choix étrange, alors que le besoin d'un milieu de terrain pour combler le vide laissé par Toni Kroos semblait bien plus pressant.

Côté départs, Luka Modrić et Lucas Vázquez sont partis en fin de contrat. Mais la plus grande incertitude concerne Rodrygo. Régulièrement laissé sur le banc en fin de saison dernière et pendant le Mondial des Clubs, l'attaquant brésilien est annoncé aux quatre coins de l'Europe. Un départ avant la fin du mercato semble de plus en plus inéluctable.

Le Mondial des Clubs a laissé un goût amer. Le Real Madrid a montré de belles choses par intermittence, et Dean Huijsen a prouvé qu'il avait l'étoffe d'un titulaire en défense centrale. Mais lors de son premier vrai test, la demi-finale contre le PSG, l'équipe s'est effondrée, encaissant un 4-0 sans appel.

Ce long parcours aux États-Unis a eu une conséquence directe : des vacances prolongées pour un effectif épuisé. La préparation pour la nouvelle saison n'a débuté que le 4 août, deux semaines à peine avant le premier match officiel. Un match amical contre le modeste club autrichien du WSG Tirol, remporté 4-0 avec un doublé de Mbappé, est la seule répétition générale que les Merengue ont pu effectuer.

Le Real aborde donc une saison charnière en manque de rythme et de repères. Xabi Alonso a prévenu qu'il lui faudrait du temps pour façonner une identité et un style de jeu. Reste à savoir si le fait de devoir se roder en pleine compétition sera un avantage ou un handicap. Le pari est risqué.

Xabi Alonso souhaite mettre en place une version du 3-4-2-1 qui lui a permis d'être champion avec le Bayer Leverkusen. Le problème, c'est que l'effectif du Real Madrid ne semble absolument pas taillé pour ce système. Le club manque de défenseurs centraux de qualité et de milieux de terrain capables d'abattre un gros volume de jeu. De plus, seul Jude Bellingham a le profil pour évoluer en numéro 10, et il ne sera pas disponible avant le mois d'octobre.

Alonso va donc devoir bricoler. On peut s'attendre, tôt ou tard, à une expérimentation avec Trent Alexander-Arnold au milieu de terrain, surtout que Dani Carvajal est disponible à droite. Le coach a aussi testé un 4-3-3 pendant le Mondial des Clubs, mais sans grand succès.

Son avantage, et il est de taille, c'est qu'il est un ancien de la maison, choisi personnellement par Florentino Pérez pour succéder à Ancelotti. Cela devrait lui acheter du temps, quoi qu'il arrive. Et il en aura besoin.

C'est une constante depuis quatre saisons : les performances du Real Madrid sont directement liées à la forme de Vinícius Jr. Quand le Brésilien est au sommet, le Real est quasiment imbattable. Mais la saison dernière, après sa déception au Ballon d'Or et des difficultés de cohabitation avec Mbappé, son rendement a chuté drastiquement. Il n'a inscrit que huit petits buts après le mois de janvier.

La mission principale de Xabi Alonso est donc claire : faire en sorte que Vinícius et Mbappé puissent enfin briller ensemble. Car si Mbappé a fini par trouver son rythme, il est évident qu'il ne pourra pas porter le Real seul, sans un Vinícius à son meilleur niveau. Carlo Ancelotti a connu ses plus grands succès en bâtissant son équipe autour du prodige brésilien. Xabi Alonso serait bien avisé de suivre son exemple.

Après une fin de saison dernière prometteuse, Arda Güler semble être le candidat idéal pour exploser cette année. Même s'il n'est pas le "Messi turc" que certains annonçaient, le milieu offensif a le potentiel pour devenir un excellent joueur s'il obtient suffisamment de temps de jeu.

Un mot également pour Gonzalo Garcia. Inconnu il y a encore quelques semaines, il a été, de loin, le meilleur joueur du Real Madrid au Mondial des Clubs. Le jeune attaquant de 21 ans a été récompensé par un nouveau contrat. Il est ce qui se rapproche le plus d'un véritable numéro 9 dans l'effectif, un profil qu'Alonso apprécie particulièrement. S'imposer comme un titulaire régulier sera sans doute difficile, mais il devrait avoir un rôle à jouer tout au long de la saison.

Gagner la Liga. Gagner la Ligue des Champions. Tout gagner. Telle est la devise du Real Madrid. Toute saison qui ne se termine pas par au moins un trophée majeur est considérée comme un échec. Carlo Ancelotti a empilé les titres lors de ses deux passages au club, mais une seule mauvaise saison a suffi pour qu'il soit poussé vers la sortie. La pression sur Xabi Alonso est immense.

Au vu des performances récentes, le Real Madrid semble à des années-lumière de l'équipe qui dominait l'Europe. Le Barça a été excellent la saison dernière, le PSG, Liverpool, Arsenal et peut-être même le Bayern Munich semblent mieux armés pour la Ligue des Champions. Cela dit, il y a une règle d'or dans le football : il ne faut jamais, au grand jamais, enterrer le Real Madrid en Europe.

Joueur de la saison : Federico Valverde. L'Uruguayen n'a jamais vraiment eu la reconnaissance qu'il mérite. Xabi Alonso saura libérer tout son potentiel.

Plus grosse déception : Kylian Mbappé. Il marquera encore 30 buts, mais ce ne sera pas suffisant au vu de son salaire et de son rôle dans l'équipe. L'alchimie avec le reste de l'attaque ne prendra toujours pas.

Meilleure recrue : Dean Huijsen. Un défenseur central exceptionnel qui va s'intégrer immédiatement et stabiliser l'arrière-garde.

Meilleur buteur : Kylian Mbappé. Même s'il n'atteindra pas les sommets de la saison dernière, il restera le meilleur buteur de l'équipe.

Destin européen : Vainqueur de la Ligue des Champions. Ce serait de la folie de prédire autre chose. C'est le Real Madrid.

Classement en Liga : 2e. Le FC Barcelone semble tout simplement trop fort à l'heure actuelle.