Neymar à Santos : guerre avec les fans et humiliation 6-0, le retour de rêve a viré au cauchemar

Tout n'a pas été noir pour Neymar. Son premier match après la trêve du Mondial des Clubs aurait difficilement pu mieux se passer. Contre Flamengo, il a offert la victoire aux siens d'un but génial en fin de match, se retournant, éliminant deux joueurs et trouvant le chemin des filets. Une victoire de prestige face au deuxième du championnat, qui aurait dû servir de tremplin.

Mais l'euphorie n'a duré que deux jours. Le temps d'un déplacement à Mirassol, où Santos a été ramené sur terre par une dure défaite 3-0. Après le match, Neymar n'a pas pu cacher sa frustration : « Il a tout manqué, c'est pour ça qu'il y a 3-0. On n'a même pas joué la moitié de ce qu'on a fait contre Flamengo au marquage. Flamengo était supérieur dans la possession, et aujourd'hui Mirassol l'a été aussi, dans tous les domaines ».

Une analyse juste, mais qui omettait de mentionner sa propre performance indigente. Le capitaine de Santos n'a pas cadré le moindre tir, n'a pas tenté un seul dribble et a perdu 17 ballons. Un bilan indigne d'un joueur de son calibre et de son expérience.

La réception d'Internacional, un club de milieu de tableau, était cruciale. Une défaite, et Santos basculait dans la zone de relégation. Mais cela n'a pas suffi à piquer l'équipe au vif. Menés dès la 9e minute, les hommes de Cléber Xavier se sont finalement inclinés 2-1, malgré une réduction du score tardive. Et cette fois, c'est Neymar qui a été pris pour cible.

Sur le chemin des vestiaires, sous une pluie d'insultes, Neymar s'est arrêté pour dire à un supporter de « la fermer ». Le ton est monté, et il a fallu l'intervention du gardien Gabriel Brazão pour séparer les deux hommes. Le supporter en question s'est ensuite excusé sur les réseaux sociaux, mais le mal était fait. Neymar n'était pas d'humeur à pardonner.

« Dans le feu de l'action, il est difficile de se contrôler quand on est injustement offensé », a-t-il écrit dans un long message sur Instagram. « Je ne discuterai jamais avec un fan qui m'interpelle sur mes performances. Il a le droit de dire si j'ai bien ou mal joué, il a le droit de siffler. Ce qu'il ne peut pas faire, c'est m'insulter, comme il l'a fait. Dire que je suis un mercenaire, parler de ma famille... Santos est l'une de mes plus grandes passions, et tant que j'en aurai la force, je ferai de mon mieux pour ce club. Je courrai, je crierai, et je me battrai s'il le faut pour remettre Santos à sa place ».

Neymar a tenu parole. Lors des deux matchs suivants, il a été le leader créatif de Santos. Il a d'abord permis aux siens d'arracher un match nul 2-2 sur la pelouse de Sport Recife, alors que l'équipe était menée de deux buts et réduite à dix. Puis, face à Juventude, il a livré une performance de très haute volée.

Ce soir-là, devant un stade Vila Belmiro plein à craquer, l'international brésilien a inscrit un doublé et a orchestré le jeu comme à ses plus belles heures au Barça ou au PSG, mystifiant ses adversaires par ses dribbles et ses passes lumineuses. Un récital qui n'a pas échappé au staff de la sélection brésilienne, présent en tribunes.

Sa dernière de ses 128 sélections remonte à octobre 2023, mais un retour pour les prochains matchs de qualification au Mondial, en septembre, est désormais une possibilité réelle. « Tout le monde connaît mon style de jeu. Je suis disponible », a déclaré Neymar après le match. « Je suis un athlète, je me sens encore bien, donc ça dépend entièrement de lui [Ancelotti]. Je suis heureux d'avoir fait un bon match et d'avoir regagné. C'est le plus important ».

Le sursaut s'est poursuivi avec une victoire 2-1 sur le terrain de Cruzeiro, un candidat au titre. Neymar a de nouveau impressionné, réussissant même une feinte de corps sublime qui a fait le tour des réseaux sociaux. L'espace d'un instant, tout semblait de nouveau possible. Santos était 14e, avec cinq points d'avance sur la zone rouge, et s'apprêtait à recevoir Vasco da Gama, 17e. Un adversaire idéal pour confirmer le renouveau.

Mais ce climat d'optimisme a laissé place au plus mortel des poisons : la suffisance. Santos a été balayé 6-0. C'est sa plus lourde défaite contre Vasco en 98 ans, et la plus large de toute son histoire en première division brésilienne. C'est aussi la plus grosse déroute de la carrière de Neymar. Ce soir-là, il a été totalement éclipsé par son ancien coéquipier en sélection, Philippe Coutinho, auteur d'un doublé magnifique et qui a martyrisé la défense de Santos du début à la fin.

Au coup de sifflet final, Neymar s'est effondré, en larmes. Le premier à le consoler fut Fernando Diniz, son ancien sélectionneur devenu entraîneur de Vasco. L'accolade entre les deux hommes fut un moment poignant, qui a cruellement rappelé à quel point Neymar avait chuté depuis leur première rencontre, en 2023.

Les supporters de Santos ont exprimé leur fureur en tournant le dos à l'équipe à sa sortie du terrain. Après le match, Neymar a fait face aux médias : « J'ai honte. Je suis totalement déçu par notre performance. Les fans ont le droit de protester... S'ils veulent nous maudire et nous insulter, ils en ont le droit ». Interrogé sur sa réaction émotive, il a ajouté : « C'est un sentiment de honte extrême. Je n'ai jamais vécu ça. Malheureusement, c'est arrivé. Les larmes, c'était la colère, tout. C'était de la merde totale, voilà la réalité ».

Quelques jours plus tard, de retour au centre d'entraînement, les joueurs ont été accueillis par un large groupe de supporters venus leur demander des comptes. Neymar, debout au premier rang, a dû faire face à leur colère. Selon ESPN, l'ancienne idole du club a même été « menacée de violence ».

« Santos essaie de changer les choses », a-t-il tenté de calmer la foule. Mais tant que l'équipe restera menacée d'un retour immédiat en deuxième division, d'autres confrontations violentes sont à craindre. Sans entraîneur et avec seulement deux points d'avance sur la zone rouge, Santos est en pleine crise. Et Neymar, au milieu de la tempête.

Santos est désormais sous une pression énorme avant son déplacement sur le terrain de Bahia, quatrième. Un match qu'ils devront disputer sans Neymar, suspendu. Ce n'est pas la première fois que le Brésilien laisse tomber son équipe cette année, et ce ne sera sans doute pas la dernière.

Pourtant, l'espoir d'une fin heureuse subsiste. Il reste 18 matchs à Santos pour se sauver. Assurer le maintien serait déjà une victoire. Et si Neymar parvient à être le leader de cette opération sauvetage, il sera sans doute conservé six mois de plus. Une place pour le Mondial 2026 redeviendrait alors un objectif réaliste.

Mais le jury délibère encore sur sa capacité à redevenir un joueur de très haut niveau. « Il n'est pas encore dans sa meilleure condition physique », analyse Bruno Lima, journaliste pour le média brésilien Trivela. « Je ne sais pas s'il tiendrait un match international de haut niveau. Quand il essaie de dribbler, il n'y arrive plus. Le problème pour Neymar, c'est peut-être d'accepter que sa réalité d'athlète a changé ».

Si Neymar n'arrive pas à adapter son jeu et à être régulier, non seulement son rêve de sélection s'envolera, mais sa carrière pourrait aussi s'éteindre tristement. Pour l'instant, il reste la plus grande énigme du football.