Napoli Manchester rejects GFX 16:9Getty/GOAL

Naples, refuge des parias de Manchester : De Bruyne, McTominay et Højlund, l'heure de la revanche

Pour les joueurs mis au ban par Manchester City et Manchester United, Naples est devenue une terre d'accueil, un refuge. Ce fut le premier choix de Kevin De Bruyne, poussé dehors par Pep Guardiola après une décennie de gloire. Il y a déjà inscrit deux buts en trois matchs.

Rasmus Højlund, éjecté de United après l'arrivée de Benjamin Šeško, a lui aussi réussi ses débuts, avec un but pour son premier match.

Et que dire de Scott McTominay ? Loin du chaos de Manchester, il a non seulement trouvé un havre de paix, mais il a aussi relancé sa carrière, devenant une machine à buts, menant son équipe au titre, étant élu meilleur joueur de Serie A et même nommé au Ballon d'Or.

Jeudi, ce trio de "rejetés" s'apprête à retourner dans son ancienne ville pour affronter Manchester City en ouverture de la Ligue des Champions. Et ils auront à cœur de montrer à quel point la Dolce Vita leur a fait du bien.

  • FBL-ITA-SERIEA-NAPOLI-TORINOAFP

    L'obsession de Conte pour la Premier League

    Alors que Højlund et McTominay étaient considérés comme des flops à United, et De Bruyne sur le déclin à City, ils étaient des cibles de choix pour Antonio Conte. L'entraîneur italien a toujours eu un respect particulier pour les joueurs de Premier League. Un championnat qu'il a lui-même conquis dès sa première saison avec Chelsea, transformant une équipe à la dérive en machine à gagner.

    Lors de ce triomphe, il s'est appuyé sur des stars comme Eden Hazard ou Diego Costa, mais il a aussi su tirer le meilleur de joueurs plus modestes, comme Victor Moses, qu'il a métamorphosé en piston. Cette expérience lui a donné un goût prononcé pour le profil physique des joueurs de Premier League.

    Lorsqu'il a rejoint l'Inter, il a donc logiquement peuplé son effectif d'anciens du championnat anglais : Matteo Darmian, Aleksandar Kolarov, Christian Eriksen, Romelu Lukaku, Alexis Sánchez, Ashley Young... C'est avec cette légion de "Britanniques" qu'il a offert à l'Inter son premier titre en 11 ans, avant de claquer la porte, comme souvent, pour un désaccord sur les transferts. Son obsession, elle, est restée intacte.

  • Publicité
  • Napoli v Parma - Serie AGetty Images Sport

    La quête du physique

    À son retour en Italie, après son passage mouvementé à Tottenham, Conte s'est de nouveau tourné vers l'Angleterre. Billy Gilmour est arrivé de Chelsea, il a de nouveau recruté Lukaku. Mais la pièce maîtresse, arrachée juste avant la fin du mercato, fut Scott McTominay.

    « Conte est un entraîneur très méthodique, passionné par les joueurs physiques qui courent beaucoup, qui sont forts, rapides et capables de suivre ses consignes tactiques », explique le journaliste italien Antonio Moschella. « C'est avant tout pour cela qu'il voulait McTominay. Il est clair que, comme tout le monde, il aime les joueurs de Premier League ».

    Moschella ajoute que le succès d'André-Frank Zambo Anguissa, arrivé de Fulham et devenu le capitaine inspirant de l'équipe, a encouragé le Napoli à poursuivre dans cette voie. « Depuis, ils recherchent des joueurs qui n'ont pas réussi en Premier League, en pensant qu'ils pourraient briller en Italie, où le niveau est moins élevé ».

    Et il n'y a pas de meilleur exemple de cette réussite que Scott McTominay.

  • Scott McTominay Napoli 2024-25Getty

    L'erreur de United, le coup de génie de Naples

    Après une défaite inaugurale 3-0 contre le Hellas Vérone, où il avait déclaré que ses joueurs avaient « fondu comme neige au soleil », Antonio Conte avait identifié un manque de caractère dans son équipe.

    Avec l'arrivée de McTominay, il a changé son système, passant en 4-3-3 et positionnant l'Écossais en pointe haute du milieu. McTominay avait déjà commencé à trouver le chemin des filets, que ce soit avec l'Écosse ou avec Manchester United. Mais même après avoir sauvé la tête d'Erik ten Hag avec un doublé, il restait un simple joker, une solution de dernier recours.

    Alors, quand United a eu besoin de liquidités à l'été 2024, c'est lui que le club a décidé de sacrifier. Ten Hag ne voulait pas le perdre, mais n'a pas non plus opposé une grande résistance. Au Napoli, Conte n'en croyait pas sa chance. McTominay a inscrit 12 buts en Serie A, dont six lors des sept derniers matchs, se montrant absolument crucial dans la quête du titre, remporté avec un seul petit point d'avance sur l'Inter. Le paria de Manchester était devenu le roi de Naples.

  • Scott McTominay Sassuolo NapoliGetty Images

    Le roi mal-aimé

    « Il n'a jamais eu un rôle de premier plan à Manchester United, alors qu'ici, nous lui en avons donné un », a déclaré Conte en fin de saison dernière. « Il se sent plus complet, il a travaillé dur et il est devenu un joueur total ».

    McTominay a qualifié ce titre de meilleur moment de sa carrière, bien au-dessus de sa victoire en FA Cup avec United. Il a surtout senti qu'à Naples, on l'appréciait d'une manière dont on ne l'avait jamais apprécié à Manchester. « Quand je suis arrivé en équipe première, mon profil était mal utilisé », a-t-il confié à The Athletic. « Ma force a toujours été de me projeter dans la surface, de marquer. Mais on m'utilisait comme numéro 6, ou même en défense centrale, ce qui n'a jamais vraiment été mon jeu ».

    « Je pense qu'il voulait prouver à Manchester United et à la Premier League qu'ils avaient tort. Et il a réussi », a ajouté son coéquipier en sélection, Andy Robertson. « C'est tout à son honneur, à son attitude et à sa détermination. Maintenant, là-bas, c'est un roi ».

  • Hojlund ConteGetty Images

    Le pari Højlund

    Après le succès de Scott McTominay, surnommé "McTomadona", il n'est pas surprenant que Naples ait sauté sur l'occasion de recruter un autre flop de Manchester United, Rasmus Højlund. Le club avait besoin d'un nouvel attaquant après la grave blessure de Romelu Lukaku. Et la saison décevante du Danois à United, avec seulement quatre buts en Premier League, n'a pas refroidi les ardeurs du président De Laurentiis.

    « J'arrive avec beaucoup de choses à prouver », a déclaré Højlund à son arrivée. « Je veux me montrer dans la meilleure équipe d'Italie. Je veux mourir sur le terrain, tout donner pour l'équipe, marquer des buts, créer, me battre pour tout ».

    Et pour ses débuts contre la Fiorentina, il n'avait plus rien à voir avec le joueur en manque de confiance que l'on avait vu à Old Trafford. Il a marqué au bout de 14 minutes, d'une frappe pleine de sang-froid. Il a ensuite percé la défense et a servi De Bruyne sur un plateau.

    « Højlund n'a que 22 ans, nous l'avons pris à Manchester United, en espérant que ça nous porte chance comme avec McTominay », a déclaré un Conte ravi. « Nous connaissons ses qualités, il a un grand potentiel et il peut encore progresser ». Le pari est déjà en passe d'être réussi.

  • US Sassuolo Calcio v SSC Napoli - Serie AGetty Images Sport

    Le dernier mot de De Bruyne

    Si McTominay et Højlund avaient tout à prouver, Kevin De Bruyne, lui, n'avait plus rien à démontrer après sa décennie incroyable à Manchester City. Pourtant, il s'est senti blessé par la manière dont il a été poussé vers la sortie, se disant « choqué » quand Guardiola lui a annoncé que son temps était révolu. Il a eu le sentiment que cette décision était due aux difficultés collectives de l'équipe, et non à ses performances individuelles. Et il sentait qu'il avait encore « beaucoup à donner à ce niveau ».

    « Je ne me serais sans doute jamais attendu à venir jouer en Italie », a déclaré De Bruyne lors de sa présentation. « J'étais en Angleterre, j'adorais ça et j'étais très heureux. Puis je me suis retrouvé dans une situation où j'avais tellement d'options. J'ai pris cette décision à l'instinct ».

    Pour l'instant, la décision semble être la bonne. De Bruyne, qui a même eu l'honneur de porter le n°10 retiré de Maradona lors de son premier entraînement, s'épanouit dans une équipe qui a remporté ses trois premiers matchs. Et le retour de jeudi sur la pelouse de son ancien club est le scénario idéal pour montrer à City qu'ils ont eu tort de le laisser partir.

    Il recevra sans doute un accueil de héros de la part des supporters de City, qui seront probablement moins tendres avec les anciens de United. Mais les trois joueurs sont en train de prouver qu'il y a bien une vie après Manchester. Et qu'elle peut même être bien plus belle.

0