Monsieur Letexier a-t-il tué le Classique OM - PSG ?

A la 20^e minute de jeu, l'arbitre a fait le choix de montrer un carton rouge direct à Amine Harit. Ce dernier s'était alors rendu coupable d'une faute sur Marquinhos. A première vue, la charge paraissait dangereuse. Mais au bout de quelques instants il était évident que le geste était plus spectaculaire plus violent. Le milieu marocain ne méritait clairement pas de se faire indiquer le chemin des vestiaires.

Pourtant, la VAR a validé la décision prise par Monsieur Letexier. L'ancien nantais a eu beau clamer qu'il n'avait pas vu venir le défenseur brésilien, son expulsion était actée. L'OM allait devoir jouer les 70 dernières minutes du match en infériorité numérique. Et, contrairement à ce qui avait été le cas lors de l'Olympico, c'était un désavantage trop important pour espérer arracher un résultat positif.

Le Classique aurait-il eu une physionomie différente si le "referee" s'était montré moins sévère dans son jugement ? Certes, Marseille était déjà mené 0-1 à la marque quand il y a eu ce fait de match (but de Joao Neves dès la 7^e minute), mais il est légitime de penser que la bataille aurait été un peu moins déséquilibrée. Avant ce match, tout le monde s'accordait à dire que ce Marseille-là pouvait gêner le champion de France. Que c'était même l'année ou jamais de venir mettre un terme à la longue disette de matches sans victoire contre Paris à domicile.

Letexier aurait clairement dû se montrer plus pédagogue. Prendre en compte le contexte et aussi l'importance de l'affiche avant de sévir de manière assez brutale. C'est ce qu'a pensé notamment l'ancien international Johan Micoud. S'exprimant sur la chaine L'Equipe à la pause, il a déclaré : "On n'arbitre pas un match OM – PSG comme les autres. En plus c'est l'affiche de la Ligue 1 et les deux équipes sont en haut du classement. C'est la vitrine de notre championnat. Dans le sens où si tu mets un rouge c'est qu'il y a quelque chose de flagrant". Un sentiment partagé par Benoit Cheyrou, qu commentait le match pour DAZN : "Le pied est haut, mais dans l'esprit il n'y avait pas faute. La dangerosité était limitée".

Le champion d'Europe 2000 a ensuite commenté l'action qui a fait basculer la partie dans un sens unique. Il a blâmé le capitaine parisien pour avoir, selon lui, trop fait du cinéma : "Je suis d'accord avec Harit. Il ne l'a pas vu arriver. Et le contact en plus est léger, il l'effleure. J'en veux à Marquinhos. Franchement, on a tous joué au football, il n'a pas mal. Il a dû prendre un coup de crampons, ça a dû lui écorcher le torse. Mais il est resté cinq minutes au sol, et on a eu l'impression qu'il y a eu un impact fort sur les côtes. On a peur pour lui, mais quand tu vois le ralenti il n'y a presque rien. Un jaune, je veux bien, mais quand Letexier met un rouge aussi rapidement et derrière il y a la VAR là-haut et ne dit rien. Je suis d'accord pour dire que l'OM n'était pas bien dans son match, mais cette action là tue le match".

Après ce tournant, Paris a effectivement scellé les débats, avec deux autres buts marqués. A la pause, on avait même craint une déroute historique pour Marseille devant son public. Finalement, les visiteurs ont un peu levé le pied, ne voulant pas rajouter aux malheurs de leurs hôtes. Cela n'altère en rien cependant l'impression générale que ce bras de fer entre Provençaux et Franciliens a été gâché par une décision d'arbitrage. Une décision qui n'est certes pas erronée, et encore moins scandaleuse, mais qui, clairement, est regrettable. Dommage, car tout est réuni pour un bras de fer inoubliable, à commencer par l'ambiance régnant dans les tribunes. Les Marseillais ne diront assurément pas le contraire.

Letexier s'est vu offrir la possibilité de s'expliquer sur sa décision. Il l'a fait, sans chercher à convaincre qui que ce soit selon ses propres. Il s'est présenté au micro de DAZN pour dire qu'est ce qui l'a motivé à sortir le rouge : "Je vois Harit arriver avec la jambe tendue. Marquinhos enlève son maillot et je vois cette trace. La conséquence du geste m’oblige à exclure Harit. Je juge l’intégrité physique du joueur." Et à la question s'il avait conscience qu'il allait ôter à la rencontre l'essentiel de son intérêt, sa réponse a été la suivante : "J'ai conscience que mettre un rouge en 20 minutes, je vais changer le match. Mais j'applique des décisions techniques".

A défaut de s'être montré totalement persuasif, l'homme en noir s'est donc justifié. Une initiative qui l'honore, car ce n'est pas tous les jours que les arbitres viennent au micro de diffuseur pour apporter des précisions techniques.