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Inter Miami Club World Cup GFXGetty/GOAL

Messi seul contre tous : les vraies raisons pour lesquelles l'Inter Miami va échouer au Mondial des Clubs

« Soyons clairs, nous n'avons pas le niveau pour rivaliser à la Coupe du Monde des Clubs. » La phrase, lâchée par Sergio Busquets sur DAZN juste avant le premier match de l'Inter Miami dans cette nouvelle édition du tournoi, a de quoi surprendre. « Mais nous allons essayer de nous battre dans ce groupe, prendre les matchs les uns après les autres, et avec un peu de chance, passer au tour suivant, même si ça va être très difficile. »

Naturellement, cette franchise déconcertante a fait sourciller. Après tout, Busquets est l'une des quatre légendes du FC Barcelone évoluant à Miami, aux côtés de Lionel Messi, Luis Suárez et Jordi Alba, sans compter leur entraîneur, Javier Mascherano, une autre ancienne gloire catalane. À eux cinq, ces hommes ont remporté un total combiné de 10 Coupes du Monde des Clubs avec le Barça. Mais c'était dans l'ancien format à sept équipes, et à chaque fois, ils étaient les grands favoris.

Le contraste est aujourd'hui saisissant. Miami participe pour la première fois de son histoire à une compétition d'envergure mondiale et pointe à la 146e place du classement Opta des clubs professionnels, ce qui en fait l'une des neuf équipes les moins bien classées parmi les 32 engagées.

Sans surprise, donc, Miami n'a pu faire mieux qu'un match nul 0-0 contre les Égyptiens d'Al Ahly pour son entrée en lice. L'équipe de Mascherano aurait même pu s'incliner dans ce qui était, sur le papier, son match le plus facile du groupe, sans les exploits de son gardien, Oscar Ustari.

Porto et Palmeiras, leurs prochains adversaires, risquent fort d'exploiter les faiblesses criantes de l'équipe floridienne. Le constat de Busquets semble tristement juste : Miami est dépassé par l'enjeu. Et même si Messi, à 38 ans, continue de défier admirablement le poids des années, sa première campagne au Mondial des Clubs risque fort de se terminer par une immense désillusion.

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    Le spectacle en tribunes, le néant sur le terrain

    Gianni Infantino, le président de la FIFA, rêve que cette nouvelle version quadriennale de la Coupe du Monde des Clubs devienne « le summum du football de club professionnel masculin ». La cérémonie d'ouverture, elle, a parfaitement rempli ce contrat. Les 60 927 spectateurs massés dans le Hard Rock Stadium – l'antre des Miami Dolphins de la NFL, et non de l'Inter Miami – ont eu droit à des feux d'artifice, des danseurs, des effets pyrotechniques et des performances des rappeurs French Montana et Swae Lee. Le tout avant que les speakers du stade n'introduisent les joueurs de chaque équipe, un par un, sur la pelouse. Pas besoin d'être devin pour savoir qui a été appelé en dernier. La plus grosse ovation, évidemment, a retenti lorsque Messi est apparu pour clore la cérémonie. Le stade n'était pas tout à fait plein, mais aucune dépense n'avait été épargnée. L'ambiance, de l'avis de tous, était électrique.

    Sur le terrain, le spectacle fut également au rendez-vous, même s'il a fallu du temps à Miami pour se réveiller. Al Ahly a dominé la première mi-temps, forçant Ustari à quatre arrêts décisifs, dont un penalty de Trezeguet repoussé avec brio. De quoi donner à Javier Mascherano une sérieuse mission de remobilisation dans les vestiaires à la pause.

    Quels que soient les mots de l'entraîneur argentin, ils ont fonctionné. Miami est revenu beaucoup plus agressif en seconde période et Messi a commencé à prendre le jeu à son compte. Le huituple Ballon d'Or a vu un coup franc lointain frôler le poteau avant de finir dans le petit filet, puis a cru arracher la victoire dans les derniers instants, mais sa magnifique frappe enroulée a été détournée sur la barre par le gardien d'Al Ahly, Mohamed Elshenawy. Ce fut un duel haletant malgré l'absence de buts, mais une chose est sûre : sans Messi, Miami n'aurait représenté quasiment aucune menace offensive.

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  • Al Ahly FC v Inter Miami CF: Group A - FIFA Club World Cup 2025Getty Images Sport

    « Donnez le ballon à Messi », et puis c'est tout

    L'Inter Miami est bien trop dépendant de Messi. Quiconque a regardé leurs matchs de MLS durant la première partie de la saison 2025 pourrait en témoigner. Mais, et c'est le plus inquiétant, Mascherano ne semble pas y voir un problème. « L'amour que Messi porte à ce sport est admirable », a déclaré l'Argentin après le coup de sifflet final au Hard Rock Stadium. « Après tous les matchs qu'il a joués, il est toujours là, à tout donner. Bien sûr, nous voulions gagner, mais je suis content de la performance de l'équipe aujourd'hui. Il est clair que c'est lorsque nous trouvons Leo dans de bonnes positions et que nous lui donnons le ballon dans les meilleures conditions que nous avons le plus de chances. »

    Le plan de jeu se résume donc à servir Messi et à espérer un miracle ? Cette stratégie est peut-être suffisante pour grappiller assez de points pour atteindre les playoffs de MLS, mais elle ne les mènera jamais en phase à élimination directe de la Coupe du Monde des Clubs.

    Cela ne veut pas dire que Messi n'est plus capable de faire la différence au plus haut niveau. Sa vision du jeu et sa qualité de passe étaient toujours aussi fascinantes contre Al Ahly, et il fut tout aussi brillant lors du match nul de l'Argentine contre la Colombie en qualification pour la Coupe du Monde la semaine précédente. Le véritable problème, c'est que la structure de l'Inter Miami autour de lui est trop faible. En attaque, il n'y a pas de schéma de jeu clair, tandis que défensivement, l'équipe est complètement désorganisée.

  • Luis Suarez Inter Miami 2025Getty Images

    Suárez et Busquets, les reflets d'un déclin inévitable

    On a beaucoup parlé du temps que Messi passe à marcher sur le terrain, mais il conserve cette capacité unique à changer le cours d'un match d'un seul coup de génie de sa patte gauche. Pour Luis Suárez et Sergio Busquets, en revanche, le passage à la fin de la trentaine est beaucoup plus difficile à gérer.

    Aucun des deux n'a perdu sa rage de vaincre, mais leurs jambes, elles, ne suivent plus. Suárez n'a plus ce démarrage explosif qui lui permettait de mystifier son adversaire ou de couper au premier poteau sur un centre. Il décroche désormais plus bas pour tenter d'influencer le jeu, avec des résultats souvent mitigés. Dans cette équipe de Miami désarticulée, il ressemble parfois à un poulet sans tête.

    Busquets, de son côté, n'a plus la mobilité qui a fait de lui le meilleur milieu défensif de la planète. Miami ne peut pas compter sur lui pour casser les lignes comme le faisait le Barça, et il est bien trop lent pour se replacer à la perte du ballon.

    Jordi Alba doit lui aussi faire face au déclin physique, puisqu'il a été contraint de déclarer forfait pour le match contre Al Ahly en raison d'une blessure aux ischio-jambiers. On ne s'attend pas à le revoir sur les terrains de ce Mondial des Clubs, à moins que Miami n'atteigne les tours finaux – un scénario hautement improbable si Mascherano ne trouve pas un plan solide contre Porto et Palmeiras.

    Pour l'instant, comme le faisait remarquer l'entraîneur d'Al Ahly, José Riveiro, avant ce premier match du groupe A, l'Inter Miami n'est rien de plus qu'« une équipe avec de grands noms ».

  • AHLY-FC-vs-INTER-MIAMI-FC-FIFA-Club-World-Cup-2025-Opening-MatchAFP

    Une vulnérabilité qui saute aux yeux

    Mascherano a au moins identifié le problème le plus urgent de son équipe : sa fragilité sur les contre-attaques. « Nous devons nous améliorer dans les transitions », a-t-il concédé lors d'une interview à la mi-temps pour DAZN samedi. « Nous perdons le ballon et nous ne sommes pas toujours bien organisés pour stopper la contre-attaque. Ils sont très dangereux. Nous le savions, donc nous devons être bien meilleurs dans cette phase de jeu. »

    Le constat est simple : Miami projetait trop de joueurs vers l'avant en phase de possession. Telasco Segovia et Tadeo Allende rentraient dans l'axe pour combiner avec Suárez et Messi, tandis que les latéraux Noah Allen et Ian Fray montaient très haut pour apporter de la largeur, laissant Busquets et son partenaire au milieu, Federico Redondo, complètement exposés.

    Ce déséquilibre nous ramène au même problème : tout doit passer par Messi. Le huituple Ballon d'Or décroche souvent près de la ligne médiane pour recevoir le ballon, avant de se retourner et de chercher la passe décisive pour les cinq joueurs devant lui. Le souci, c'est que Messi ne participe à aucun effort défensif. Ainsi, dès qu'une offensive échoue, Miami se retrouve systématiquement en infériorité numérique.

    Face à Porto, qui possède une vitesse et une qualité technique bien supérieures à celles d'Al Ahly, cette faille pourrait se transformer en véritable cauchemar. Si Mascherano ne trouve pas une solution d'ici jeudi, son équipe risque de subir une défaite humiliante.

  • FBL-MLS-USA-MIAMI-MONTREALAFP

    Mascherano, un coach pieds et poings liés

    À la décharge de Mascherano, il faut admettre que l'effectif de Miami manque cruellement de profondeur dans plusieurs secteurs clés, et qu'il n'a reçu aucune ressource supplémentaire pour bâtir une équipe compétitive pour ce tournoi. La FIFA avait pourtant offert à tous les participants la possibilité de se renforcer avant le coup d'envoi en créant une fenêtre de transferts exceptionnelle. Beaucoup en ont profité, à l'image du Real Madrid qui a accéléré l'arrivée de Trent Alexander-Arnold, ou de Manchester City qui a signé Tijjani Reijnders, Rayan Cherki, Rayan Aït-Nouri et Marcus Bettinelli.

    Miami a connu un début de saison 2025 très irrégulier en MLS, ne remportant que huit de ses seize premiers matchs, avec comme point d'orgue une déroute 4-1 face à Minnesota. Résultat, le club ne pointe qu'à la sixième place de la Conférence Est et aurait vraiment eu besoin de renforts pour cette Coupe du Monde des Clubs. Même quelques prêts à court terme auraient pu faire une différence significative.

    Mais les suppliques de Mascherano ont été ignorées, comme il l'a lui-même confirmé à demi-mot lors de sa première conférence de presse avant le tournoi : « J'aurais aimé avoir de nouvelles recrues, c'est évident, surtout pour une telle compétition. C'est sans doute le tournoi le plus important de l'histoire du club. C'est un club avec une histoire courte, mais c'est la compétition la plus relevée à laquelle il ait participé. Je ne peux me préoccuper que de ce que je peux contrôler. Au final, chacun devra assumer ses responsabilités. »

    L'ancien milieu de terrain de Liverpool avait toutes les raisons d'être en colère contre le co-propriétaire David Beckham et le reste de la direction. C'est le plus grand moment de la jeune histoire du club, et la préparation aurait dû être bien plus rigoureuse.

  • Lionel Messi Inter Miami 2025 FIFA Club World CupGetty

    Une infime lueur d'espoir

    Il y avait toujours un risque que la décision de la FIFA d'accorder une "invitation spéciale" à l'Inter Miami se retourne contre elle. Certes, le club a remporté le Supporters' Shield en 2024, récompensant le meilleur bilan de la saison régulière, mais la défaite qui a suivi dès le premier tour des playoffs de la MLS Cup face à Atlanta United a quelque peu terni cet exploit.

    Miami n'était pas la meilleure équipe de MLS l'année dernière, et a sans doute même régressé depuis que Mascherano a remplacé Gerardo Martino sur le banc. Leur participation a permis de remettre Messi sur le devant de la scène internationale, ce qui est une bonne chose pour le football en général. Mais pour la FIFA, une élimination de Miami dès le premier tour et la sortie prématurée de sa tête d'affiche serait un véritable désastre.

    Pourtant, une infime lueur d'espoir subsiste. Comme Porto et Palmeiras se sont également neutralisés sur un score de 0-0 lors de la première journée, une victoire surprise contre le géant portugais mettrait Messi et ses coéquipiers dans une position idéale pour atteindre les huitièmes de finale.

    Malgré les obstacles qui se dressent devant son équipe, Mascherano y croit encore. « Avec ce niveau de jeu, nous pouvons battre n'importe qui », a-t-il ajouté en référence à la seconde mi-temps contre Al Ahly. Avec Messi, tout est possible, c'est une certitude. Mais si Porto parvient à le museler, l'après-midi risque d'être très longue pour l'Inter Miami au Mercedes-Benz Stadium d'Atlanta.