Mercato estival 2025 : Isak à Liverpool, la Premier League flambe... les gagnants et les perdants

Il y a un an, les supporters de Liverpool maudissaient leurs propriétaires, accusés de radinerie après n'avoir offert qu'une seule recrue, Federico Chiesa, à leur nouvel entraîneur. Aujourd'hui, John Henry et ses associés sont salués pour leur clairvoyance. Car la prudence de l'été dernier a permis au club de se lancer dans une frénésie de dépenses record qui a secoué le football anglais.

Bien sûr, rien ne garantit que chaque recrue sera un succès, et l'échec du dossier Guehi est un coup dur. Mais le hashtag #FSGOUT a été réduit au silence. Car Liverpool n'a pas seulement dépensé sans compter, le club a aussi vendu brillamment, récupérant près de la moitié de ses dépenses grâce aux départs et s'assurant ainsi de n'avoir aucun problème avec le fair-play financier.

En résumé, Liverpool est non seulement la meilleure équipe de Premier League à l'heure actuelle, mais aussi, et c'est peut-être le plus impressionnant, l'un des clubs les mieux gérés. Un retour en grâce spectaculaire pour ses propriétaires.

L'été s'annonçait difficile pour le Bayer Leverkusen. Il était inévitable que plusieurs héros du doublé historique de 2024 suivent leur coach, Xabi Alonso, vers la sortie. Mais personne n'aurait pu imaginer une transition aussi traumatisante.

Leverkusen a déjà limogé le successeur d'Alonso, Erik ten Hag, après seulement deux journées de Bundesliga. Le dernier jour du mercato, Piero Hincapié et Victor Boniface ont rejoint la longue liste des partants, qui comprenait déjà Florian Wirtz, Jeremie Frimpong, Jonathan Tah et Granit Xhaka.

Le pauvre Jarell Quansah, arrivé de Liverpool, doit se demander dans quel guêpier il est tombé. En l'espace d'un été, le champion d'Allemagne est devenu le nouveau club en crise du football européen. La chute est brutale.

Alexander Isak et Yoane Wissa ont été vivement critiqués pour avoir refusé de jouer afin de forcer leur transfert. À l'inverse, Marc Guehi a été salué pour son professionnalisme exemplaire tout au long de son propre feuilleton.

Le résultat ? Isak et Wissa ont obtenu les transferts de leurs rêves. Guehi, lui, est toujours à Crystal Palace, qui a fait capoter son départ à Liverpool à la dernière minute.

On ne peut s'empêcher de craindre qu'un précédent inquiétant n'ait été créé cet été. Car la triste morale de ces trois histoires, c'est que la grève, ça marche. Et ce n'est pas une bonne nouvelle pour le football.

L'émergence d'une "classe moyenne" ambitieuse fut l'une des belles histoires de la saison passée en Premier League. Comme Pep Guardiola le soulignait souvent, il était devenu de plus en plus difficile pour les grands clubs de battre des équipes admirablement coachées comme Brentford ou Bournemouth.

Cependant, le mercato a été brutal pour ces "petits" qui avaient bousculé la hiérarchie. Brentford a perdu son entraîneur et ses deux meilleurs attaquants. La défense de Bournemouth a été démantelée. Les espoirs d'Aston Villa de capitaliser sur leurs progrès ont été douchés par leur non-qualification pour la Ligue des Champions. Quant à Newcastle, le club a été douloureusement rappelé à sa place dans la chaîne alimentaire par le cas Isak.

Alors que l'élite de la Premier League a de nouveau fait parler sa puissance financière, il semble que nous pourrions assister à un retour à l'ordre ancien cette saison. Un constat qui relancera, sans aucun doute, le débat sur les inégalités financières systémiques en Angleterre.

Dans l'effervescence provoquée par les folies dépensières de Liverpool, on a presque oublié qu'Arsenal a, en réalité, dépensé encore plus que les Reds. Le club a renforcé tous les secteurs de son effectif cet été.

Avec Viktor Gyökeres, Arsenal a enfin un numéro 9 prolifique. Martín Zubimendi semble être la pièce manquante au milieu de terrain. Eberechi Eze est un "game changer" en puissance. Et Cristhian Mosquera et Piero Hincapié offrent une couverture de très haut niveau en défense.

On peut même dire que Mikel Arteta dispose aujourd'hui de la plus grande profondeur de banc de toute la Premier League. Mais il y a un revers à cette médaille : les blessures ne pourront plus servir d'excuse en cas d'échec. Arsenal a dépensé près de 1,2 milliard d'euros depuis l'arrivée d'Arteta. S'il ne transforme pas cet investissement colossal en un trophée majeur, cela pourrait bien lui coûter son poste. La pression est maximale sur les Gunners.

Manchester United a réussi à se débarrasser de la plupart de ses indésirables cet été. Chelsea s'en est également plutôt bien sorti, même s'il a fallu faire preuve de créativité, comme avec la vente de Ben Chilwell à Strasbourg. Mais un joueur est resté sur le carreau : Raheem Sterling.

Arsenal a renvoyé l'ancien international anglais à Stamford Bridge après un prêt catastrophique. On espérait qu'il trouverait un nouveau club, mais aucun transfert ne s'est concrétisé. L'attaquant de 30 ans fait donc face à la perspective peu glorieuse de passer une saison entière en tribunes.

Honnêtement, il est difficile de penser à un joueur qui a connu un déclin aussi brutal. Sterling a été la première recrue phare de l'ère Boehly-Clearlake. Il est aujourd'hui en passe de devenir leur pire affaire, ce qui, au vu du mercato de Chelsea ces dernières années, n'est pas peu dire.

Il était clair depuis longtemps que Jack Grealish devait quitter Manchester City, surtout s'il voulait avoir une chance de disputer la Coupe du Monde 2026. S'il n'a pas été retenu dans la première liste de Thomas Tuchel, l'ailier ne doit pas être loin d'un retour, après des débuts tonitruants avec Everton.

Certains diront qu'à 29 ans, il a simplement trouvé son niveau : une équipe de milieu de tableau de Premier League. Mais les premiers signes montrent surtout que l'attaquant fantasque a retrouvé cette étincelle que Pep Guardiola avait éteinte à l'Etihad. Et même s'il ne le dira jamais publiquement, Grealish doit se réjouir de voir que City semble précisément manquer de cette liberté d'expression joyeuse qui a déjà fait de lui un chouchou du public d'Everton. Parfois, un pas en arrière est le meilleur moyen de relancer une carrière.

Une pensée pour James Trafford. L'international anglais était logiquement aux anges après avoir resigné à Manchester City cet été, auréolé de son rôle majeur dans la promotion de Burnley. Avec un Ederson sur le déclin, il semblait en position idéale pour devenir le nouveau numéro 1 de Pep Guardiola.

Mais une semaine à peine après une grosse erreur contre Tottenham, qui a jeté un doute sur son potentiel, Trafford a dû assister, impuissant, à la signature de Gigi Donnarumma, sans doute le meilleur gardien du monde sur sa ligne.

Même si l'on peut légitimement s'interroger sur la compatibilité de l'Italien avec le style de Guardiola, une chose est sûre : il n'a pas été recruté pour s'asseoir sur le banc. C'est donc le rôle qui attend Trafford. Une perspective amère et frustrante pour un joueur qui avait justement quitté City pour trouver du temps de jeu. Le rêve a viré au cauchemar en l'espace de quelques jours.

L'une des raisons qui ont poussé le Real Madrid, le Barça et la Juventus à vouloir créer une Super Ligue était leur inquiétude face à la puissance financière de la Premier League. Leurs craintes se sont avérées fondées. Le fossé entre le championnat anglais et ses concurrents n'a fait que se creuser ces dernières années.

Ce mercato estival en est la preuve éclatante. Les 20 clubs de Liga ont dépensé un peu plus de 580 millions d'euros au total. Liverpool, à lui seul, a dépensé près de 470 millions. Alors que le projet de Super Ligue a échoué, il est clair que l'Angleterre a réussi à créer sa propre ligue fermée. Et il semble que le reste du continent ne puisse absolument rien y faire.

Le chemin vers les sommets est rarement un long fleuve tranquille. Un changement d'entraîneur peut brutalement freiner une progression. Kobbie Mainoo et Rodrygo viennent d'en faire l'amère expérience.

Mainoo était titulaire avec l'Angleterre en finale de l'Euro 2024. Mais le successeur d'Erik ten Hag, Rúben Amorim, a rapidement fait savoir que le jeune milieu de terrain n'était pas adapté à son 3-4-3. Mainoo a alors demandé à être prêté. Manchester United a refusé, le condamnant à un rôle de simple joueur de rotation.

La situation de Rodrygo au Real Madrid est tout aussi frustrante. Joueur clé sous Ancelotti, il a glissé dans la hiérarchie depuis l'arrivée de Xabi Alonso. On pensait qu'il serait autorisé à partir, mais les intérêts des clubs de Premier League ne se sont jamais concrétisés.

Résultat, le Brésilien, tout comme Mainoo, va devoir se battre pour grapiller du temps de jeu. Une situation très compliquée à un an de la Coupe du Monde.

Ces deux dernières saisons, les trois promus en Premier League sont immédiatement redescendus. Sunderland pourrait-il inverser cette tendance ? Le club a en tout cas mis toutes les chances de son côté. Les Black Cats ont dépensé sans compter, avec près de 210 millions d'euros investis sur de nouveaux joueurs, dont le duo de l'Ajax Brian Brobbey et Bertrand Traoré, l'ancien ailier de Brighton Simon Adingra et, surtout, l'ancien capitaine du Bayer Leverkusen, Granit Xhaka.

Et pour l'instant, le pari est payant. L'équipe de Régis Le Bris a remporté deux de ses trois premiers matchs. Des tests plus difficiles attendent Sunderland, c'est une certitude. Mais au vu de ce qu'on a vu jusqu'à présent, et avec un calendrier relativement clément pour les prochains mois, le promu semble avoir les armes pour créer la surprise.

Le FC Barcelone n'avait pas l'intention de faire des folies cet été, principalement parce qu'il n'en a pas les moyens. Mais le club espérait réaliser une signature majeure et pensait avoir bouclé l'arrivée de sa cible de longue date, Nico Williams.

Cependant, l'ailier a finalement fait volte-face. Le Barça n'était apparemment pas en mesure de lui garantir qu'il pourrait être inscrit en Liga. Il a donc préféré signer une prolongation de 10 ans avec l'Athletic Bilbao.

Les craintes de Williams se sont avérées fondées. Les Blaugrana n'ont réussi à inscrire leurs recrues, Joan Garcia et Marcus Rashford, que grâce à une blessure, tombant à pic, de Marc-André ter Stegen, qui a libéré de la masse salariale. La bonne nouvelle pour le Barça, c'est que Hansi Flick dispose malgré tout d'un effectif solide. Mais cet été a été un nouveau rappel douloureux de la situation financière précaire du club.