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Brest Champions League GFXGetty/GOAL

Meilleur que Manchester City, le Real Madrid, Barcelone et le Bayern Munich ?! Comment Brest a fait pour bousculer la hiérarchie en Ligue des Champions

Brest a été battu 3-2 par Monaco vendredi soir. C'était sa troisième défaite consécutive en Ligue 1 et cela a rélégués les Finistériens à la 12ème place, à trois points seulement de la zone de relégation. L'entraîneur Eric Roy a admis par la suite qu'il était tout à fait possible que son équipe soit concernée par une lutte pour le maintien cette saison : "Je pense qu'il nous faudra regarder derrière nous plutôt que devant nous dans les semaines à venir."

Cependant, si le classement du championnat est préoccupant pour Brest, le classement de la Ligue des Champions raconte une toute autre histoire. À l'heure actuelle, seules trois équipes sont au-dessus d'eux, et seuls les leaders, Liverpool (12), ont accumulé plus de points que les Bretons (10). Et ce qui est encore plus saisissant, c'est que les prochains adversaires de Brest, les géants de Barcelone, la meilleure équipe d'Espagne du moment, sont derrière l'équipe de Roy avant le match de mardi au Montjuic.

Alors, que se passe-t-il ? Comment un petit club du nord-ouest de la France parvient-il à surpasser certaines des meilleures écuries européennes? Et les novices de la Ligue des Champions pourraient-ils réellement accéder directement aux huitièmes de finale tout en luttant pour éviter la relégation sur la scène domestique ?

  • Eric Roy Brest Ligue 1 2024-25Getty

    Un héros improbable

    Roy ne ressemblait pas au protagoniste potentiel d'un des contes de fée les plus remarquables de l'histoire du football. L'ancien entraîneur de Nice avait été un bon joueur à son époque (il a évolué à la fois Lyon et Marseille au sommet de son parcours, et a également passé une saison à Sunderland), mais lorsqu'il a pris les rênes de Brest en janvier 2023, il avait quitté le monde des entraîneurs depuis plus de dix ans.

    Roy avait passé la majeure partie des 12 années précédentes à travailler comme directeur sportif (d'abord à Lens, puis à Watford), mais était probablement mieux connu des jeunes publics en tant que consultant TV pour la couverture du football français.

    Il était facile de deviner qu'il avait été éloigné du banc assez longtemps au cours de ses premiers mois à la tête, Brest ne gagnant qu'un seul de ses huit premiers matchs de championnat sous sa houlette. Une série de performances médiocre qui les a vus tomber dans la zone de relégation.

    Cependant, cet ancien milieu de terrain a ensuite réussi à relancer avec brio sa formation. Brest n'a perdu que trois matchs à partir du mois de mars et est passé de la 18e place au classement aux hauteurs relativement élevées de la 14e place d'ici la fin de la saison 2022-23.

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  • Eric Roy Brest 2022-23Getty

    "Ne plus être sous-estimé"

    Malgré la brillante fin de campagne précédente, peu de choses étaient attendues de Brest au début de la saison suivante. Car la plupart des experts prédisaient une autre bataille pour éviter la relégation. Après tout, le budget de Brest n'était que de 40 millions d'euros. Le quatrième plus petit budget de l'élite française.

    Cependant, lorsqu'ils sont arrivés au Parc des Princes en janvier de cette année et ont fait match nul 2-2 avec les champions incontestables du Paris Saint-Germain, il était clair que quelque chose de spécial se passait. Brest était troisième au classement et il était déjà question d'une éventuelle qualification pour la Ligue des Champions.

    Roy tenait à souligner que son équipe avait déjà perdu son effet de surprise, ce qui signifiait qu'il serait de plus en plus difficile de maintenir ses résultats remarquables sur la durée. "La partie la plus difficile de la saison pour nous commence maintenant," a-t-il averti. "Nous ne sommes plus sous-estimés."

  • Denis Le Saint Brest 2023-24Getty

    "Vous plaisantez ou quoi ?!"

    Le président de Brest, Denis Le Saint, qui dirige avec son frère une entreprise de distribution alimentaire fondée par leurs parents, était encore plus sceptique quant à l'idée qu'une place dans le top quatre. Il ne considérait pas cet objectif comme réaliste. Pour lui, c'était impensable.

    Brest avait été déclaré en faillite après avoir été relégué de la Ligue 1 en 1991 et s'était retrouvé à languir dans les divisions amateurs en France pendant une décennie avant de regagner lentement les rangs professionnels. Lorsque Le Saint a pris les commandes en 2016, les Finistériens étaient toutefois en Ligue 2 et le succès, selon lui, c'était la stabilité.

    Depuis son retour en Ligue 1 en 2019, le seul objectif a été de conserver le statut d'équipe d'élite tout en construisant un nouveau stade. Alors, lorsqu'on lui a demandé vers la fin de la saison dernière si la Ligue des Champions était le nouvel objectif, il en a rigolé : "Vous plaisantez ou quoi ?! Nous devons être sérieux, notre passé à lui seul nous le rappelle. Continuons simplement. Ensuite, terminer dans le top 10 sera l'objectif."

  • FBL-FRA-LIGUE1-TOULOUSE-BRESTAFP

    "Le football est souvent comme l'amour"

    Cependant, malgré deux défaites consécutives à la mi-avril, contre Lyon et Monaco, Brest a assuré une place dans le top quatre avec un match nul 1-1 à domicile contre Reims lors de leur avant-dernière rencontre de Ligue 1.

    Roy a inévitablement été interrogé ensuite sur quel poids lourd européen il aimerait affronter en Ligue des champions et a admis : "je n'ai pas vraiment réfléchi aux adversaires potentiels, mais c'est surréaliste rien que d'en parler!"

    Il a également mis en avant le fait qu'ils n'avaient encore assuré qu'une place dans les tours de qualification. Une qualification automatique ne serait obtenue que s'ils parvenaient à dépasser Lille lors de la dernière journée de la saison. Ce qui semblait improbable, surtout quand Benjamin André a mis l'équipe de Paulo Fonseca devant au score (2-1) dans les dernières minutes de leur dernier match, contre Nice.

    Cependant, l'égalisation de Jordan Lotomba à la 93e minute a permis à Brest de finir troisième grâce à une victoire confortable 3-0 à Toulouse. Une équipe qui n'avait jamais joué en compétition européenne auparavant venait de se qualifier pour la phase finale de la Ligue des champions.

    "Si un scénariste écrivait quelque chose comme ça, les gens le traiteraient de fou et diraient que ça ne peut pas exister," s'est enthousiasmé Roy. "Mais le football est souvent comme l'amour : il a ses raisons que la raison ignore, et c'est ce que nous avons vécu tout au long de cette saison, qui a défié toutes les probabilités. Nous l'avons fait! C'est assez incroyable!"

  • brestGetty Images

    "Une bande de fous"

    Les performances de Brest dans la Ligue des Champions cette saison sont tout simplement étonnantes. D'autant plus que l'effectif a été, sans doute, affaibli cet été plutôt que renforcé. Une approche financièrement prudente du recrutement des joueurs a été l'un des éléments clés de la présidence de Le Saint, avec un accent mis sur les bonnes affaires, qu'il s'agisse de vieux briscards sous-évalués ayant encore quelque chose à offrir ou de jeunes joueurs à fort potentiel cachés dans les ligues inférieures. Néanmoins, il était attristant de voir un club qui venait de se qualifier pour la Ligue des Champions perdre plusieurs joueurs qui avaient joué un rôle important dans cet exploit, y compris Lilian Brassier, Steve Mounié et Jérémy Le Douaron.

    De plus, seuls 10 millions d'euros ont été dépensés en frais de transfert pour de nouveaux joueurs, Brest devant encore compter sur le marché des prêts et les agents libres pour améliorer son effectif. Et ce, tout en étant également obligé de jouer ses matchs européens à domicile au Stade de Roudourou de Guingamp, situé à plus de 100 kilomètres, car le Stade Francis-Le Blé ne répond pas aux normes de l'UEFA.

    Malgré tous ces désavantages, Brest se retrouve quatrième dans le classement de la Ligue des Champions avant la cinquième journée, ayant remporté trois matchs jusqu'à présent (contre Sturm Graz, Red Bull Salzbourg et Sparta Prague), et fait match nul contre le Bayer Leverkusen de Xabi Alonso.

    L'humilité et le travail acharné ont été essentiels, Roy étant à juste titre fier du fait qu'il n'y ait pas d'ego dans son vestiaire. "Tout le monde se bat les uns pour les autres," il a dit. "Nous avons une forte identité collective - ce qui est la chose la plus difficile à créer [dans un club]."

    Cela fait aussi d'eux un adversaire difficile à affronter. Alors que les joueurs font preuve d'une discipline et d'une organisation impressionnantes dans le 4-3-3 de Roy, le milieu de terrain vétéran Jonas Martin reconnaît qu'ils sont "une bande de fous".

    "Nous sommes tous un peu fous sur le terrain... parce que nous sommes des compétiteurs, nous détestons la défaite," il a dit à L'Equipe. "Nous avons [réussi] à combiner travail, intensité et caractère, avec en plus le talent de certains, et il y a une bonne alchimie entre les jeunes joueurs et les plus anciens. L'entraîneur dit souvent que nous sommes des pirates. Et nous le montrons sur le terrain."

  • Jonas Martin Brest Champions League 2024-25Getty

    "Pas à Barcelone pour faire de la figuration"

    Il y a des tests plus difficiles à venir dans la seconde moitié de la phase de championnat, à commencer par le déplacement à Barcelone ce mardi. Ils termineront aussi par le match contre le Real Madrid à "domicile" le 29 janvier. Cependant, Brest a déjà accompli l'essentiel du travail car 10 points signifient qu'ils sont sûrs à 99 % d'une place en phase de play-off.

    Alors, les néophytes du tournoi pourraient-ils réellement progresser directement vers les huitièmes de finale en terminant dans les huit premiers, étant donné qu'ils ont juste besoin de six points de plus pour le faire selon les calculs d'Opta? Bien qu'il soit évidemment possible qu'ils sortent bredouilles de leurs matchs contre les deux meilleures équipes de la Liga, les Brestois n'ont aucune raison d'être intimidés par les prochains affrontements avec le PSV et le Shakhtar Donetsk.

    Malheureusement, leurs chances ne se sont pas améliorées par la perte regrettable du milieu de terrain influent Pierre Lees-Melou, qui a été contraint de quitter le terrain lors de la défaite de vendredi dernier à Monaco et rejoint l'arrière gauche très coté Bradley Locko sur la touche. Roy a admis que la blessure de Lees-Melou, ajoutée au résultat, a fait de ce soir-là un "cauchemar" au Stade Louis II pour Brest . Mais la reprise de la Ligue des Champions signifie qu'ils peuvent de nouveau oser rêver.

    Il est évidemment difficile de défendre l'idée que les Bretons pourront réellement battre le Barça chez eux. Comme Martin l'a admis à la veille du match, c'est "extraordinaire" juste pour eux d'être là, affrontant certains des "meilleurs joueurs d'Europe". Cependant, il est aussi révélateur qu'il ait averti leurs hôtes qu'ils ne voyageaient pas en Catalogne "juste pour faire de la figuration". "Nous voulons gagner," a déclaré Martin, "et nous devons continuer à honorer notre maillot - et ne pas être vus comme des clowns."

    Il n'en est pas question, quel que soit le résultat. Brest a été la révélation de cette saison de la Ligue des Champions et, comme Roy l'a précédemment souligné, rien de très significatif dans l'arc narratif du club jusqu'à présent n'a de sens, alors pourquoi ne pas espérer un prolongement de cette anomalie ?

    Une équipe menacée de relégation de Ligue 1 dépasse actuellement Barcelone dans le classement de la Ligue des Champions, et la seule certitude est que la version française de la 'Crazy Gang' de Wimbledon va profiter de l'absurdité de la situation aussi longtemps que cela durera.

    "Nous sommes prêts à affronter une petite équipe !" plaisanta Roy avant l'affrontement historique mardi en Catalogne. "Nous allons essayer de ne pas avoir un complexe de supériorité !"