Les dessous du dossier Rashford : comment le Barça, sans argent, pourrait quand même le recruter

Dès la fin de la saison, Marcus Rashford et son entourage ont commencé à œuvrer pour un transfert à Barcelone. Son frère, Dwaine Maynard, s'est même envolé pour la Catalogne afin de rencontrer Deco, le directeur sportif du club. Rashford, de son côté, a fait sa part du travail en accordant une interview à des youtubeurs supporters du Barça, dans laquelle il a déclaré sa flamme à Lamine Yamal et son désir de jouer avec lui.

Pourtant, à ce moment-là, la spéculation semblait venir exclusivement du camp Rashford. Une sorte de vœu pieux, un fantasme plus qu'une réelle possibilité. Le Barça, lui, paraissait sur le point de signer Nico Williams pour 58 millions d'euros, un accord qui aurait absorbé une grande partie de son budget déjà fragile et ajouté un concurrent de plus pour Rashford.

Mais la décision de Williams de snober le Barça pour signer un contrat de 10 ans avec l'Athletic Bilbao a complètement rebattu les cartes. Et le nom de Marcus Rashford est revenu, timidement, sur la table des dirigeants catalans. L'opportunité était là, aussi mince soit-elle.

Jamais du genre à se laisser décourager par un refus, le Barça a immédiatement reporté son attention sur une autre cible : Luis Díaz, de Liverpool. Mais le club catalan ne semble tirer aucune leçon de ses échecs. Leur approche pour Nico Williams avait déjà agacé la Liga et l'Athletic Bilbao. Car le Barça, en infraction avec les règles du fair-play financier, est pour l'instant incapable d'enregistrer de nouvelles recrues tant qu'il n'aura pas généré de nouveaux revenus.

Et le problème, c'est que Luis Díaz est encore plus cher que Williams. De plus, le Barça n'est pas seul sur le coup. Le Bayern Munich vient de voir une deuxième offre de près de 70 millions d'euros rejetée par Liverpool. Et Díaz, comme n'importe qui suivant un minimum le football, sait que le Barça aura toutes les peines du monde à financer son transfert et à l'enregistrer, en raison de sa crise financière paralysante. C'est d'ailleurs pour cela qu'il chercherait à obtenir des compensations financières au cas où il ne pourrait pas être enregistré.

Le refus du Barça d'insérer une telle clause dans le contrat de Williams serait la raison principale de sa décision de rester à Bilbao. Ces échecs répétés, aussi étrange que cela puisse paraître, redonnent de l'espoir à Marcus Rashford. Un transfert, qui semblait impossible il y a quelques semaines, devient soudainement une option, même si le chemin reste semé d'embûches.

Si le Barça envisageait des transferts secs pour Williams et Díaz, la musique est bien différente pour Rashford. Du côté du Camp Nou, on n'envisage qu'une seule option : un prêt. « Je sais que l'intérêt du Barça pour Rashford est réel, même s'ils ont dit qu'il n'était pas la priorité », nous confie Toni Juanmarti, journaliste barcelonais. « Pour le Barça, il a le profil qu'aime Hansi Flick : il peut jouer en 9 ou sur une aile, il est direct et rapide en contre-attaque. Mais il est vrai que le Barça ne veut pas l'acheter définitivement et ne veut pas d'une option d'achat obligatoire. S'ils doivent investir, ils préfèrent le faire sur un joueur plus jeune ou qui a plus fait ses preuves. »

Cette position se heurte frontalement à celle de Manchester United, qui ne veut entendre parler que d'une vente définitive, pour un montant avoisinant les 40 millions de livres (environ 47 M€). Plusieurs raisons expliquent cette fermeté. D'abord, United veut mettre un terme au feuilleton Rashford et à son conflit avec Ruben Amorim. La preuve de leur volonté de tourner la page ? Le club a déjà attribué son numéro 10 à Matheus Cunha. Ensuite, les Red Devils ont eux-mêmes des problèmes financiers et ont un besoin urgent de liquidités pour renforcer l'effectif d'Amorim. Un prêt ne règlerait donc aucun de leurs problèmes.

Plus de six semaines après l'ouverture du mercato, aucune offre concrète n'est arrivée sur le bureau des dirigeants de Manchester United. Une situation peu surprenante. Le salaire de Rashford, estimé à 325 000 livres par semaine, est hors de portée pour la plupart des clubs, à l'exception de l'élite européenne et des grosses écuries saoudiennes. De plus, il faut bien le dire, Rashford ne joue plus comme un joueur d'élite depuis son pic de forme de février 2023.

Résultat : Manchester United pourrait bien se retrouver acculé et n'avoir d'autre choix que d'accepter un prêt. Cela permettrait au moins d'alléger sa masse salariale de près de 17 millions de livres par an. Mais même sans indemnité de transfert, le Barça ne pourrait pas automatiquement enregistrer Rashford, en raison de son bras de fer avec la Liga.

Cependant, il serait évidemment bien plus facile pour eux de combler leur déficit financier s'ils n'avaient qu'un salaire à assumer, plutôt qu'un transfert sec en plus. Le salaire actuel de Rashford ferait de lui le deuxième joueur le mieux payé du Barça, mais des rumeurs indiquent qu'il serait prêt à revoir ses exigences à la baisse pour que le transfert se fasse. Ainsi, alors que les problèmes financiers du Barça semblaient être un obstacle, ils pourraient en réalité devenir un facilitateur. Un paradoxe qui pourrait bien débloquer la situation.

« Il y a un consensus sur le fait que Rashford est l'option la moins chère en termes de rapport qualité-prix, surtout s'ils peuvent obtenir un prêt sans option d'achat obligatoire », confirme le journaliste Toni Juanmarti. L'absence d'offres pour Rashford et le désir ardent du joueur de rejoindre le Barça plutôt qu'une autre destination jouent en faveur du club catalan.

Alors qu'ils devaient rivaliser avec la puissance financière de l'Athletic Bilbao pour Williams et faire face à celle du Bayern et de Liverpool pour Díaz, ils sont aujourd'hui le seul club des cinq grands championnats à avoir manifesté un intérêt concret pour l'Anglais.

« Le joueur est obsédé à l'idée d'aller au Barça », ajoute Juanmarti. « Il y a eu des contacts. Il est prêt à attendre, et le Barça lui a dit qu'il devait attendre. Donc, nous verrons bien ce qui se passera. Mais le Barça doit d'abord résoudre sa situation avec le fair-play financier. Même pour un prêt, ils ne peuvent pas l'enregistrer. Et si le Barça ne règle pas ses problèmes, Rashford ne va pas attendre jusqu'à la mi-août. »

« Ce n'est donc pas simple », conclut-il. « Si vous me demandez si le Barça va signer Rashford, même en prêt, je vous dirais que c'est difficile. Mais si vous me demandez qui, de Luis Díaz ou de Rashford, a le plus de chances de venir, je pense que le dossier Rashford est plus réalisable. » Un pari audacieux, pour un club qui n'a plus vraiment le choix.

La volonté de Marcus Rashford de rejoindre le Barça a irrité plusieurs personnalités, dont Teddy Sheringham, l'ancien buteur du triplé historique de United. « J'espère qu'il n'obtiendra pas le transfert qu'il désire tant », a-t-il déclaré. « De mon point de vue, passer de Manchester United à Barcelone est un pas en avant qu'il ne mérite pas. On se bat toute sa jeunesse pour arriver au sommet et jouer pour un club comme Manchester United. Et quand on y est, on doit l'apprécier. On ne jette pas tout ça par la fenêtre. Je trouve tout cet épisode navrant. »

La chute de Rashford, depuis cette nuit où il a terrorisé le Camp Nou, est en effet navrante à bien des égards. Mais United n'a pas non plus agi en ange, entre les remarques désobligeantes d'Amorim et le numéro 10 déjà attribué à Cunha.

Un transfert au Barça serait donc une victoire éclatante pour l'attaquant, un formidable pas en avant alors que sa carrière semble sur une pente descendante. Et bien que cela semblait être un pur fantasme il y a encore quelques semaines, ce rêve se rapproche, jour après jour, de la réalité.