Marc Bernal : Qui est le "nouveau Busquets" freiné en pleine ascension ?

Difficile de trouver un pur produit du Barça plus local que Marc Bernal. Né et élevé à Berga, une commune catalane située à quelques kilomètres à peine du Camp Nou, il a rejoint son premier club, le CE Berga, à l'âge de quatre ans. Deux ans plus tard, il intégrait déjà la prestigieuse académie de la Masia.

Alors qu'en Angleterre, on reproche souvent aux jeunes d'être trop petits pour réussir, en Espagne, et dans le cas de Bernal, c'est souvent l'inverse qui se produit. Selon les médias locaux, le staff du Barça a été immédiatement fasciné par ce jeune joueur qui alliait une taille impressionnante à une technique soyeuse du pied gauche. Invité par son ancien club, le Gimnàstic Manresa, à disputer un tournoi U10 alors qu'il était surclassé, il a marqué un triplé en finale contre l'Espanyol et a été élu meilleur joueur de la compétition. Un signe précoce de sa domination.

De retour à la Masia, Bernal a gravi tous les échelons du centre de formation, continuant d'impressionner pendant près de dix ans avant de goûter, enfin, au football professionnel.

Peu après son 16e anniversaire, son nom a été cité publiquement par le président Joan Laporta lui-même, qui a suggéré à Xavi de le considérer pour renforcer le milieu de terrain. « Xavi aimerait se renforcer, mais il sait que certaines options ne sont pas viables », avait déclaré Laporta en juillet 2023. « On freinerait la progression de nos jeunes. Nous avons Marc Casado, Pau Prim, Gerard Hernandez ou Marc Bernal. On doit d'abord regarder chez nous. »

Une manière subtile de dire à son coach qu'il n'y avait pas d'argent pour un milieu ? Peut-être. Mais l'engagement de Laporta envers la Masia est réel. Malgré cela, Bernal, déjà surnommé "la perle de la Masia" par la presse locale, n'a pas disputé la moindre minute sous les ordres de Xavi. Il a dû attendre la nomination de Hansi Flick en 2024 pour faire ses grands débuts. Le 17 août, il est titulaire lors de la victoire 2-1 à Valence et illumine le milieu de terrain.

« C'est un moment spécial, inoubliable, dont on rêve depuis qu'on est petit », a-t-il déclaré après le match. « Le fait d'avoir joué avec Lamine depuis notre plus jeune âge et avec Pau Cubarsi rend ce moment encore plus spécial. » Il n'a pas manqué de remercier Flick pour sa confiance : « Je ne m'y attendais pas et je m'en souviendrai toujours. Faire débuter un gamin de 17 ans n'est pas facile, et je serai toujours reconnaissant au coach pour ça. Je vois ça comme quelque chose d'unique ».

Malheureusement, le conte de fées a tourné au cauchemar. Après son premier match exceptionnel, Bernal a enchaîné deux autres performances de haut vol contre l'Athletic Bilbao et le Rayo Vallecano. Mais dans les dernières minutes de cette rencontre, le milieu de terrain s'est écroulé, se tenant le genou. Le verdict est tombé, terrible : rupture des ligaments croisés et lésion du ménisque. Avant même la fin du mois d'août, sa saison était déjà terminée.

Le Barça a ensuite réalisé une saison 2024-2025 mémorable, dominant l'Espagne avec un triplé national, mais échouant de peu en demi-finale de la Ligue des Champions. Beaucoup ont alors pensé qu'un milieu de terrain défensif et solide comme Bernal aurait pu apporter plus de stabilité à l'équipe ultra-offensive de Flick.

Pour un adolescent, il aurait été facile de sombrer après un tel coup d'arrêt. Mais Bernal a su faire preuve d'une grande maturité. « J'ai beaucoup appris, surtout à rester fort et à ne pas trop réfléchir quand les choses vont mal », a-t-il confié. « Il y a eu des moments où je voulais juste rester à la maison et dormir toute la journée ».

S'il n'a pas pu aider ses coéquipiers sur le terrain, il a profité de cette longue absence pour se renforcer physiquement. Le jeune homme frêle et longiligne d'août dernier a laissé place à un joueur plus costaud et musclé. Son talent n'est pas passé inaperçu, la Roma et le Betis se sont montrés intéressés. Mais le Barça a été clair : Bernal restera et jouera un rôle en 2025-2026. Pour preuve, quelques semaines après son opération, le club lui a fait signer un nouveau contrat, assorti d'une clause libératoire de 500 millions d'euros. Un signe de confiance absolu.

En tant que milieu défensif façonné par la vision idyllique du Barça, Marc Bernal est un joueur qui sait tout faire. Il est efficace pour ratisser les ballons devant sa défense, mais aussi pour faire tourner le jeu avec une grande propreté. Lors de ses débuts à Valence, au milieu du chaos tactique instauré par Flick, il s'est distingué par son calme et son assurance, tel un métronome.

Ses avantages physiques, déjà évidents chez les jeunes, le sont encore plus chez les professionnels, surtout dans un championnat comme la Liga où les petits gabarits sont légion. À 18 ans seulement, Bernal est déjà l'un des joueurs les plus grands de l'effectif. Et si son travail en salle de sport a porté ses fruits, il pourrait bientôt être l'un des plus solides.

Mais au-delà de ses qualités techniques et physiques, il y a autre chose. Ce qui fait la force du Barça, c'est sa philosophie, inculquée dès le plus jeune âge. Et Bernal a vécu et respiré l'ADN du Barça toute sa vie. Il comprend ce que signifie jouer pour ce club. S'il avait rejoint la Roma, il aurait sans doute progressé. Mais le Barça est un cas à part, un super-club qui croit paradoxalement en l'importance de promouvoir les talents locaux. Pour lui, être jeté dans le grand bain pourrait bien être la meilleure chose qui soit.

La grande question qui entoure Marc Bernal aujourd'hui est simple : comment va-t-il revenir d'une blessure aussi grave ? Une rupture des ligaments croisés est déjà une épreuve, mais la lésion du ménisque a rendu son cas encore plus complexe. C'est pour cela qu'un retour avant la fin de la saison 2024-2025 n'a jamais été envisagé.

En supposant que son développement n'ait pas été trop freiné, il aura avant tout besoin de temps de jeu. Il n'a disputé que trois matchs avec les professionnels. Et même s'il semble être un talent phénoménal, il faudra le voir à l'œuvre sur la durée avant de juger de son véritable potentiel. Les prochains mois seront cruciaux, avec des étapes importantes à franchir : des débuts en Ligue des Champions, une potentielle convocation avec la sélection espagnole... Pour cela, il devra reprendre exactement là où il s'est arrêté il y a un an.

Une critique plus anecdotique concerne son efficacité offensive. L'ancien buteur en série chez les jeunes n'a inscrit que deux buts en 27 matchs avec l'équipe réserve la saison dernière. Il possède une frappe puissante, mais il reste à voir s'il évoluera un jour assez haut sur le terrain pour que cela devienne une véritable arme. Chaque chose en son temps.

Un milieu défensif espagnol ? Qui joue à Barcelone ? Et qui vient de la Masia ? Forcément, il doit être le nouveau Sergio Busquets. Si la comparaison est facile, elle n'est pas totalement infondée. Au-delà des similitudes de parcours, les deux joueurs partagent une lecture du jeu exceptionnelle et une grande propreté technique. Et si l'on veut être précis, Bernal est même en avance sur son aîné au même âge. Busquets a dû attendre ses 20 ans pour faire ses débuts, même s'il est ensuite rapidement devenu un pilier de l'équipe de Guardiola.

Interrogé par SPORT cet été, Bernal a cité Busquets comme l'une de ses deux idoles, l'autre étant Paul Pogba. S'il parvient à ajouter plus de buts à son jeu, il pourrait alors se rapprocher du profil du champion du monde français.

Avec sa grande taille et sa puissance, Bernal est également comparé à Rodri. Ce dernier était moins impressionnant physiquement lors de son passage en Liga et a dû attendre son arrivée à Manchester City, à 23 ans, pour s'épanouir pleinement. Le temps joue en faveur de Bernal pour polir son jeu et, peut-être, atteindre un jour le niveau de ces légendes.

Malgré sa notoriété grandissante, Marc Bernal, qui se décrit lui-même comme un garçon très famille, est resté fidèle à lui-même. L'ancien conseiller aux sports de sa ville natale de Berga a déclaré : « Son nom est partout, et pourtant, on le croise tous les jours ici, et c'est toujours le même Marc ».

À Barcelone, on espère qu'il pourra faire son retour sur les terrains avant la fin du mois d'août, presque un an jour pour jour après cette blessure catastrophique qui, on l'espère, ne sera qu'une note de bas de page dans une longue et illustre carrière. L'attente autour de son retour est immense, tout comme la conviction qu'il pourrait devenir un joueur majeur sous les ordres de Hansi Flick.

Mais l'avenir peut attendre. Pour l'instant, Bernal prend les choses étape par étape. Ses objectifs pour la saison ? « Bien revenir, et avec de la confiance ». Quand on voit avec quelle facilité ses amis Yamal, Cubarsi et Gerard Martin se sont adaptés à l'équipe première, il n'y a aucune raison de douter de sa capacité à faire de même, une fois qu'on lui en donnera de nouveau l'occasion.