Manchester United regrette d'avoir enrôlé Erik Ten Hag plutôt que Pochettino

Il est devenu très clair ces dernières semaines et ces derniers mois qu'il s'agit de deux managers qui adoptent des approches totalement différentes en matière de gestion des hommes, et cela commence à avoir des conséquences pour Ten Hag. Si l’on en croit les bruits récents, il est devenu le dernier d’une série de managers de United à « perdre le vestiaire ». Cela est probablement dû en grande partie à son approche intransigeante, admettant lui-même en 2022 qu'il peut être "sévère".

Pour être honnête envers Ten Hag, son équipe de joueurs lui a causé pas mal de de problématiques, mais s'il a géré avec aplomb la sortie très publique de Cristiano Ronaldo, sa gestion des situations de Jadon Sancho et d'Antony a été très décriée. Le premier reste un paria n'ayant pas jugé bon de s'excuser pour un dérapage sur les réseaux sociaux en septembre, ce qui a provoqué des frictions entre le reste de l'équipe, tandis que le second a été de nouveau accueilli dans le giron bien qu'il soit au centre d'une enquête en cours pour violence conjugale.

Pochettino, quant à lui, est réputé comme un manager accompli, se familiarisant avec ses joueurs et adoptant une approche pratique pour donner à chacun ce dont il a besoin pour réussir. Lorsqu’il a besoin de discipliner ses joueurs, il garde cette interaction privée. Noni Madueke a ressenti sa colère plus tôt cette saison après avoir été photographié lors d'une soirée malgré sa blessure, mais les retombées ont été réduites au minimum absolu.

En effet, GOAL est en mesure d'affirmer que lors de la nomination de Ten Hag que Pochettino était la préférence des joueurs pour les relancer et ils auraient aimé que leur avis soit pris en considération.

Compte tenu de l’adversité à laquelle il a été confronté au cours de son mandat relativement bref, il serait remarquable que Ten Hag n’ait pas laissé des plumes en route. Mais malgré le succès relatif de la saison dernière, où il a remporté un trophée, une sorte de défi pour le titre et une place parmi les quatre premiers, une certaine partie des fans, un groupe de joueurs et ceux extérieurs au club ne l'ont pas apprécié.

Sa personnalité controversée a certainement été un facteur contributif, car il n'est pas très doué pour gérer les relations publiques alors que cela fait partie intégrante du fait d'être manager de Manchester United. Les conférences de presse barbelées face à des questions complexes ont été un thème récurrent de son mandat, et la décision d'interdire certains journalistes avant le choc avec le Chelsea de Pochettino - une réponse à ces dernières fuites dans les vestiaires - ne servira probablement qu'à faire plus de mal à son image.

Le défi pour Pochettino a été de convaincre une base de fans qui le considère comme l'homme du renouveau de l’un de leurs ennemis jurés à Tottenham. Il n'a pas forcément surmonté cet inconvénient, mais son attitude chaleureuse et sa personnalité désarmante en dehors du terrain ont contribué à changer les perspectives, ainsi que le mordant bienvenu dont il a fait preuve sur la ligne de touche et lors des confrontations avec les arbitres. Et ce peu importe la nature des résultats qu'il obtient.

Le poste à United est peut-être autrement plus exigeant, mais il est difficile d'imaginer Pochettino faire pire que le Néerlandais pour se faire aimer de toutes les personnes concernées.

Au train où vont les choses, le mercato estival sera considéré comme un échec monumental pour les Red Devils, avec des acquisitions importantes Mason Mount, Andre Onana et Rasmus Hojlund, prévues par Ten Hag, toutes bien en deçà des attentes qu'elles généraient.

Les choses auraient pu être très différentes avec Pochettino à la barre technique, notamment dans la poursuite ratée de Harry Kane. Alors que l'attaquant était visiblement prêt à quitter Tottenham, United a abandonné son intérêt dès juin après avoir été dissuadé par la valorisation de 110 millions d'euros des Spurs et a dépensé la somme énorme de 80 millions pour le quasi méconnu Hojlund. Kane a bien sûr depuis signé pour le Bayern Munich, où il marque des buts à un rythme impressionnant.

Il a été rapporté que Kane voulait rester en Angleterre, et la présence de Pochettino à Old Trafford aurait bien pu être suffisante pour que l'accord se concrétise - soit par l'Argentin convainquant ses patrons d'ouvrir leurs portefeuilles, soit par Kane soumettant la demande de transfert qui ne s'est jamais concrétisée.

Bien que ses nouvelles recrues n’aient jusqu’à présent pas tenu leurs promesses, le Néerlandais est aussi à blâmer en terme de gestions et de dépenses inutiles qui ont été faites. Alors que Pochettino a démontré son côté pragmatique en aidant à entreprendre une large revue d'effectif à Stamford Bridge, plusieurs reliques d'une époque ratée subsistent encore à Old Trafford.

Malgré les difficultés de United ces derniers temps, Ten Hag a hésité à se tourner vers la célèbre académie du club pour trouver son bonheur. L'ailier prodigieux Alejandro Garnacho (19 ans) vient tout juste de décrocher une place de titulaire, et à peine Kobbie Mainoo (18 ans) a-t-il réalisé une masterclass au milieu de terrain contre Everton qu'il a été renvoyé sur le banc pour le choc crucial contre Galatasaray.

Les deux, cependant, ont prouvé qu’ils sont suffisamment bons pour être des titulaires réguliers à deux postes où United a cruellement besoin de qualité. Il ne fait aucun doute que, sous Pochettino, ils le seraient. L'Argentin a bâti sa réputation à Tottenham en donnant des opportunités aux jeunes joueurs, et il a été richement récompensé par Kane, Dele Alli et Eric Dier.

L'Argentin avait déclaré à l'époque : "Je n'ai pas peur de les lancer. Si un joueur mérite de jouer, s'il a 17, 18, 19 ou 20 ans, c'est pareil pour nous, s'il mérite de jouer et de faire preuve de caractère et de maturité. "

Bien sûr, il existe différentes pressions à Old Trafford, mais lorsque les alternatives sont sous-performantes pour des joueurs aguerris qui ont eu d'innombrables occasions de faire leurs preuves, il devrait y avoir une voie permettant à leurs talents issus des équipes jeunes de saisir cette opportunité.

C'est le chant qui descendait depuis les tribunes d'Old Trafford au plus fort du brillant mandat de Sir Alex Ferguson, et c'est à peu près tout ce que les fidèles de United veulent voir ; un football passionnant et offensif pour les faire lever de leur siège.

Sous Ten Hag, cependant, ils semblent souffrir d’une crise d’identité ; incapable de jouer un football offensif cohérent et susceptible de commettre des erreurs défensives. Il ne semble pas y avoir de vision tactique bien définie. Il faut lui reconnaître le mérite d'avoir apporté de l'intensité à leur jeu à certaines occasions, mais étant donné qu'il est un disciple du « football total » néerlandais et qu'il apprécie les méthodes de Pep Guardiola, les performances que son équipe a produites jusqu'à présent ont été peu inspirantes et profondément décevantes.

Il s'agit encore d'une transition, bien sûr, mais il est difficile de défendre le tacticien néerlandais quand on voit l'impact immédiat des autres managers autour de lui en Premier League comme Ange Postecoglou, Roberto De Zerbi et Unai Emery.

Le Chelsea de Pochettino n'a pas non plus connu un très bon début de saison mais même là, il est évident que l'entraîneur principal a mis en œuvre ses idées et transformé la façon de jouer de l'équipe - avec plus ou moins de succès. Les Bleus sont passés de timorés à conquérants, même si leur défense laisse à désirer.

Les fans de United signeraient certainement tous pour ce type de football offensif de tout ou rien à Old Trafford, et ils espèrent ne pas en être victimes mercredi alors que la pression monte sur leur manager assiégé.

Regarder dans le rétro est parfois très intéressant. Alors que Pochettino avait apparemment les outils pour réussir à Manchester United, la même chose aurait facilement pu être dite de Ten Hag avant le début de son mandat.

Il y aura sans aucun doute quelques regrets du côté d’Old Trafford que Pochettino ne soit pas l’homme qui les guidera dans leur propre transition épuisante, mais son début de vie à Chelsea a montré qu’il n’est pas un faiseur de miracles.

Ten Hag a certainement ses défauts et doit réfléchir à son approche de gestion des hommes, à sa stratégie de transfert et à ses choix d'hommes, mais tout son travail a été miné par des problèmes systémiques au sein du club qui ne seront résolus que lorsque le rachat sera enfin finalisé. Jusqu’à ce que cela se produise et qu’il y ait une restructuration complète, il sera presque impossible pour celui qui est à la barre d’obtenir un succès sur la durée.