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Liverpool, roi du "money time" : force mentale ou signe de faiblesse ?

Trois jours plus tôt, Liverpool avait battu Burnley 1-0 grâce à un penalty de Mohamed Salah dans le temps additionnel. Ce faisant, les Reds sont devenus la première équipe de l'histoire de la Premier League à remporter quatre matchs consécutifs en marquant dans les dix dernières minutes.

Il y avait donc comme un air d'inévitabilité lorsque Virgil van Dijk a offert la victoire aux siens d'une tête à la 92e minute, pour le premier match de Ligue des Champions contre l'Atlético.

Anfield a, sans surprise, explosé de joie. Mais de nombreux observateurs se sont montrés bien moins impressionnés. « On aime quand ça arrive », a déclaré l'ancien attaquant de Chelsea, Jimmy Floyd Hasselbaink. « Mais quand ça arrive cinq fois d'affilée, c'est qu'il y a un problème ».

Mais est-ce vraiment le cas ? Ces victoires à l'arraché ne sont-elles que l'arbre qui cache la forêt ? Ou est-ce le signe que les "monstres mentaux" d'Arne Slot sont en train de devenir un adversaire encore plus redoutable ?

  • Liverpool FC v Atletico de Madrid - UEFA Champions League 2025/26 League Phase MD1Getty Images Sport

    "On devrait gagner plus facilement"

    Pour avoir une analyse franche d'une performance de Liverpool, on peut toujours compter sur Andy Robertson. Et après le match contre l'Atlético, l'Écossais a admis que les joueurs auraient dû s'épargner, et épargner à leurs supporters, une nouvelle fin de match stressante. « On devrait peut-être recommencer à gagner de manière un peu plus simple », a-t-il déclaré, en faisant référence au fait que les Reds venaient de gâcher une avance de deux buts pour la troisième fois de la saison.

    « Quand Virgil a marqué, l'entraîneur adjoint s'est tourné vers moi et m'a dit qu'il se faisait trop vieux pour ça. Alors je n'ose même pas imaginer ce que les supporters ressentent ! », a-t-il ajouté. « Bien sûr, c'est une grande qualité de ne jamais rien lâcher. Mais quand on mène 2-0 après une si bonne première mi-temps, la soirée aurait dû être plus tranquille ».

    Un sentiment partagé par Arne Slot, qui a fêté ses 47 ans mercredi et qui espère sans doute que son prochain anniversaire sera un peu moins éprouvant pour ses nerfs.

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    Le coach, "un peu déçu" par la victoire

    Cependant, Arne Slot a tenu à faire une distinction entre cette victoire à l'arraché et les précédentes. Car contre l'Atlético, il n'y a eu aucune part de chance. Les statistiques de "Expected Goals" étaient largement en faveur de Liverpool (2,72 contre 0,61), le premier but de Marcos Llorente n'aurait jamais dû être accordé, et le second a été dévié.

    Résultat, le coach néerlandais s'est même avoué « un peu déçu » que son équipe ait marqué si tard, car cela a éclipsé la qualité de la prestation.

    « Je sais que ce sera votre gros titre », a-t-il déclaré en conférence de presse. « Mais j'aurais préféré qu'on parle de nos attaques avant la mi-temps, ou de cette action magnifique qui finit sur le poteau en seconde période. Je peux vous citer tellement de belles actions ce soir, mais personne n'en parlera. Tout le monde parlera encore de ce but tardif, ce que je comprends, car c'est l'histoire de ce match et des cinq derniers ».

    « Mais pour moi, ce fut un match différent des autres », a-t-il ajouté. « Oui, il y a beaucoup de choses à améliorer, mais il y a aussi beaucoup de choses à apprécier ». Et il a raison. Car contre l'Atlético, Liverpool a sans doute produit son meilleur football de la saison.

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    Salah retrouve sa magie

    Les six premières minutes du match ont été exceptionnelles. D'abord avec un coup franc de Mohamed Salah dévié par Andy Robertson, puis avec un but plein de sang-froid de l'Égyptien lui-même, après un enchaînement de classe.

    Et Salah ne s'est pas arrêté là. Bien qu'il ait déjà été impliqué sur trois buts en Premier League, son début de saison était préoccupant. Il peinait à se montrer influent et commettait des erreurs techniques inhabituelles.

    Mais contre l'Atlético, presque tout a fonctionné. Chaque contrôle était parfait, chaque passe était juste. Pour la première fois de la saison, il a été une menace constante du début à la fin. Aurait-il dû marquer un deuxième but sur ce service de Florian Wirtz ? Sans doute. Mais l'essentiel est ailleurs : Salah a retrouvé son meilleur niveau.

    Avant le match, tous les projecteurs étaient braqués sur Alexander Isak. Mais avant même que le Suédois n'ait touché le ballon, le talisman de Liverpool avait déjà un but et une passe décisive à son actif. Le roi est de retour.

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    Isak, déjà affûté

    Tout le monde s'accordait à dire qu'il faudrait du temps à Alexander Isak pour retrouver son rythme, après sa grève estivale. Il n'est donc pas surprenant de l'avoir vu discret en début de match.

    Cependant, plus la première mi-temps avançait, plus l'influence du Suédois grandissait. Et Arne Slot, comme tout le monde, a été surpris par sa forme physique. « Je n'ai pas été surpris par sa qualité, on la connaît tous », a déclaré le coach. « Mais j'ai été positivement surpris de le voir aussi affûté pendant 60 minutes. Cela montre peut-être la différence entre recruter un jeune de 20 ans d'un autre championnat et un joueur de 25 ou 26 ans qui connaît déjà la Premier League ».

    « Même s'il ne s'est entraîné que pendant deux semaines, il a tellement de matchs dans les jambes qu'il était sans doute plus prêt qu'on ne pouvait s'y attendre », a-t-il ajouté.

    Et, ce qui est peut-être encore plus encourageant pour Slot, Isak semble déjà sur la même longueur d'onde que Florian Wirtz. Les deux hommes ont combiné à onze reprises contre l'Atlético. La connexion est déjà là.

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    Wirtz, ce n'est que le début

    Arne Slot ne l'a jamais nié : Florian Wirtz a eu quelques difficultés à s'adapter à l'intensité du football anglais. Après que l'Allemand a été contraint de sortir sur crampes contre Arsenal, son coach avait même plaisanté en lui souhaitant la « bienvenue en Premier League ! ».

    Mais c'est aussi ce jour-là que le joueur à 118 millions d'euros a offert à Anfield un premier aperçu de son immense talent. Wirtz a été exceptionnel en seconde période, et il a de nouveau montré toute sa qualité contre l'Atlético, créant cinq occasions, plus que n'importe quel autre joueur sur le terrain.

    Sans la maladresse inhabituelle de Salah et un raté monumental de Jeremie Frimpong, il aurait même terminé le match avec deux passes décisives. On comprend mieux pourquoi son ami et coéquipier a promis que Wirtz « ne faisait que commencer » à Liverpool. « J'ai joué avec lui pendant quatre ans à Leverkusen, donc je sais ce dont il est capable », a déclaré le latéral. « Et je le vois maintenant. Ça arrive ».

    On a aussi le sentiment que Liverpool s'apprête à envoyer un message fort à la concurrence. Et le derby de la Mersey, samedi à Anfield, serait évidemment le moment idéal pour le faire.

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    Le caractère, en attendant la manière

    Reste à savoir si Arne Slot titularisera de nouveau Isak pour le derby. Il est tout à fait possible qu'Hugo Ekitike, auteur de trois buts lors de ses trois premiers matchs, retrouve sa place en pointe. Mais on ne peut pas non plus écarter l'idée de les voir associés, Ekitike étant capable de jouer sur le côté gauche, où Cody Gakpo a déçu récemment.

    Face à un combat qui s'annonce rude, Slot pourrait aussi choisir de laisser Wirtz au repos et de revenir à son trio du milieu de la saison dernière. Ce derby ne sera donc peut-être pas encore le match où l'on verra le nouveau Liverpool dérouler pendant 90 minutes. Ce sera sans doute un match tendu, serré. Peut-être que Liverpool aura encore besoin d'un but à la dernière minute.

    « C'est bien de montrer de la résilience, mais ça ne va pas continuer à arriver éternellement », a prévenu Hasselbaink. « Il faut se rendre la vie plus facile en n'encaissant pas de buts ».

    Et il a raison. Liverpool doit retrouver sa solidité. S'en remettre à des miracles de fin de match n'est pas une stratégie viable. Mais le point essentiel est ailleurs. Une fois que le trio Isak-Wirtz-Salah aura trouvé ses automatismes, les Reds n'auront plus besoin de ces miracles. Tôt ou tard, les "monstres mentaux" de la Mersey vont prouver qu'ils ont autant de qualité que de caractère. Et cette perspective a de quoi terrifier tous leurs rivaux.