Un derby, une humiliation, et deux destins français diamétralement opposés. Ce samedi, le choc de Madrid a offert un spectacle fou et une correction historique infligée par l'Atlético au Real (5-2), mais il a surtout raconté une histoire à travers ses deux têtes d'affiche tricolores. D'un côté, un Kylian Mbappé une nouvelle fois buteur, mais un but inutile, presque anecdotique, noyé dans le naufrage collectif et la passivité des siens. De l'autre, un Antoine Griezmann ressuscité, qui a choisi le plus beau des soirs pour mettre fin à une interminable disette et parachever le triomphe des Colchoneros. Une passation de pouvoir symbolique, le temps d'une soirée mémorable au Metropolitano.
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Getty Images SportLa furia Colchonera, la faillite Merengue
Car dès les premières minutes, il n'y a eu qu'une seule équipe sur le terrain. L'Atlético de Diego Simeone, fidèle à sa réputation de guerrier dans les grands soirs, a littéralement dévoré un Real Madrid fantomatique, sans âme, sans agressivité, sans plan de jeu. La furia rojiblanca s'est matérialisée d'entrée par un but de la tête de Le Normand, symbolisant une supériorité totale dans les airs et dans l'envie qui allait durer plus de 90 minutes. Le leader de la Liga était méconnaissable, subissant les vagues sans jamais sembler en mesure de réagir.
Getty Images SportVingt minutes d'illusion, un retour à la réalité
Pourtant, au milieu de ce néant collectif, le talent individuel a brièvement parlé, comme pour créer un mirage. En l'espace de dix minutes, Kylian Mbappé d'une frappe clinique, puis le jeune Arda Güler sur un service de Vinicius, ont réussi l'impensable : donner l'avantage à un Real Madrid fantomatique contre le cours du jeu (1-2). Une illusion de "pegada", une démonstration de l'efficacité individuelle de ses stars, mais une illusion vite balayée par l'égalisation pleine de rage d'Alexander Sørloth juste avant la pause, qui remettait le match sur ses rails logiques.
AFPLe récital de Julián Álvarez, le nouveau roi de Madrid
La seconde période fut le théâtre du show d'un autre homme, le véritable roi de Madrid ce soir-là : Julián Álvarez. L'attaquant argentin, champion du monde, a livré une prestation de classe mondiale, éclipsant totalement son rival Kylian Mbappé. Il a d'abord transformé avec sang-froid un penalty pour redonner l'avantage aux siens. Puis, d'un coup franc magistral en pleine lucarne, il a inscrit le but du break, celui qui a définitivement fait basculer le Metropolitano dans l'euphorie et le Real dans le cauchemar.
Getty Images SportGriezmann, la résurrection du Prince
Et le clou du spectacle, le symbole de cette soirée, est venu du pied d'Antoine Griezmann. Alors que le Real était déjà à l'agonie, "Grizou", muet en Liga depuis 22 interminables rencontres, a choisi son moment pour ressusciter. Servi par Álex Baena, il a conclu avec sang-froid pour le 5-2, la "manita", l'humiliation suprême infligée à l'ennemi juré. Une libération pour lui, un coup de poignard final pour un Real Madrid à la dérive.
AFPUn vrai coup d'arrêt pour le Real
Cette déroute historique est un terrible avertissement pour le Real Madrid de Xabi Alonso, qui a totalement échoué lors de son premier grand test de la saison. Si Kylian Mbappé continue d'empiler les buts, cette soirée a prouvé qu'ils pouvaient être bien vains sans un collectif à la hauteur. L'Atlético, porté par un Julián Álvarez de classe mondiale et un Antoine Griezmann enfin retrouvé, a montré ce qu'était la "grinta" et l'intelligence d'un derby. Ce soir, le véritable triomphe français était bien rojiblanco.



