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Le transfert qui n'a jamais eu lieu : comment le "non" de Zubimendi a tout changé pour Liverpool et Arsenal

Il y a moins d'un an, Arne Slot affirmait qu'il n'y avait plus lieu de parler de la décision de Martín Zubimendi de snober Liverpool. « Nous sommes passés à autre chose »,insistait le coach néerlandais dans une interview au Times.

Difficile de lui donner tort. Les Reds ont remporté leur 20e titre de champion d'Angleterre, en grande partie grâce à Ryan Gravenberch, la solution surprise de Slot au poste de milieu défensif.

Pourtant, on peut être sûr que le nom de Zubimendi sera sur toutes les lèvres avant, pendant et après le choc très attendu de dimanche contre Arsenal. Le club que l'international espagnol a finalement choisi de rejoindre, moins d'un an après une volte-face de dernière minute qui avait laissé Liverpool sous le choc.

  • Martin ZubimendiGetty Images Sport

    Le camouflet

    La longue quête de Liverpool pour un numéro 6 de métier semblait enfin terminée. Pour Richard Hughes, le directeur sportif, le dossier était bouclé. Martín Zubimendi avait « sans équivoque » donné son accord pour rejoindre les bords de la Mersey. Il ne restait plus aux Reds qu'à payer la clause libératoire de 60 millions d'euros de l'international espagnol.

    Et puis, tout a basculé. En l'espace d'un week-end, la Real Sociedad a réussi à convaincre Zubimendi de rester, en lui rappelant à quel point jouer pour le club de sa ville natale comptait pour lui, le fier Basque. Selon la presse espagnole, l'entraîneur Imanol Alguacil lui aurait même préparé une présentation, soulignant la déception des supporters et évoquant la gastronomie locale ainsi que l'amour du joueur pour les randonnées sur le mont Ulia.

    Peu après avoir annoncé sa décision, Zubimendi déclarait à Marca : « Une grande partie de ce que je suis, je le dois à La Real. C'est ma vie ». Six mois plus tard, pourtant, il allait de nouveau changer d'avis.

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  • Martin Zubimendi Arsenal 2025-26Getty Images

    Le choix de la raison... et d'Arteta

    En janvier, la rumeur a enflé : Zubimendi avait donné son accord pour rejoindre Arsenal à la fin de la saison. Le 6 juillet, le transfert était officialisé. Naturellement, lors de sa première conférence de presse, tout le monde voulait savoir s'il regrettait d'avoir dit non à Liverpool.

    « Ce ne fut pas un moment facile », a-t-il expliqué. « La première question était de savoir si je voulais quitter la Real, et ce n'était pas le bon moment. Je sentais que j'avais encore beaucoup à apprendre là-bas ». Il a ensuite insisté sur le rôle crucial de Mikel Arteta dans sa décision. « Je ne sais pas ce qu'il a vu en moi, mais je le vois comme l'un des meilleurs entraîneurs d'Europe. Je voulais un coach de qualité, et je pense l'avoir trouvé ».

    Un argumentaire qui se tient, même si, bien sûr, il aurait aussi trouvé un entraîneur de qualité à Anfield. Mais le destin en a décidé autrement, pour le plus grand bonheur de toutes les parties concernées.

  • Liverpool v Sevilla - Pre-Season FriendlyGetty Images Sport

    Le coup de maître de Slot

    Le "non" de Zubimendi a mis Richard Hughes, le directeur sportif, dans une position délicate. Mais c'était aussi un problème majeur pour Arne Slot, même s'il n'a jamais montré le moindre signe d'inquiétude en public. « J'ai déjà dit que notre effectif était très fort », avait-il déclaré. « Zubimendi était une option, il a choisi de ne pas venir, nous allons donc de l'avant avec les joueurs que nous avons ».

    Ce qu'il n'avait pas, cependant, c'était le profil de milieu défensif créatif qu'il recherchait. Et l'absence de plan B, qui a logiquement irrité de nombreux supporters, l'a contraint à chercher une solution en interne. C'est ainsi qu'Arne Slot a demandé à Ryan Gravenberch de revenir de vacances un peu plus tôt pour discuter d'un possible changement de poste.

    « Quand j'ai parlé au coach pour la première fois, il m'a dit : 'Je te vois comme un numéro 8, mais je veux aussi t'essayer en numéro 6' », a raconté Gravenberch. « Je lui ai répondu : 'Bien sûr, on peut le faire !'. Et le reste appartient à l'histoire ». Le plan B venait d'être trouvé, et il était déjà au club.

  • FBL-ENG-PR-MAN UTD-LIVERPOOLAFP

    "Je n'aimais pas défendre !"

    Arne Slot a testé Ryan Gravenberch en sentinelle pour la première fois lors d'un match amical. « J'ai tout de suite aimé, car il était très à l'aise avec le ballon », a expliqué le coach. Il a donc décidé de commencer la saison avec Gravenberch devant sa défense. Après une prestation encourageante contre Ipswich, le Néerlandais a livré un match exceptionnel lors de la victoire 3-0 contre Manchester United à Old Trafford.

    En l'espace de quelques semaines, un joueur qui n'était qu'un simple joker sous les ordres de Jürgen Klopp est devenu une pièce essentielle du système de Slot. Gravenberch a lui-même admis avoir été surpris de sa propre adaptation, et du plaisir qu'il prenait à ce nouveau poste.

    « Pour être honnête, en tant que numéro 8, on est plus offensif », a-t-il déclaré. « À l'Ajax, chez les jeunes, je n'aimais pas défendre ! Pas du tout. Mais maintenant, quand je prends le ballon à un adversaire, je me dis : 'Oui, je l'ai !'. Et je veux en prendre un autre, et encore un autre ». La métamorphose était complète.

  • Newcastle United v Liverpool - Premier LeagueGetty Images Sport

    Le milieu "spécial" de Liverpool

    Arne Slot n'a pas caché son enthousiasme face à la manière dont Gravenberch a endossé ses nouvelles responsabilités. « Ce qui m'a le plus impressionné, c'est sa capacité à courir autant et à être aussi bon dans les duels », a-t-il expliqué.

    Mais l'influence de Gravenberch n'a pas été que défensive. En plus d'être le joueur de Liverpool qui a récupéré le plus de ballons et intercepté le plus de passes la saison dernière, il a aussi démontré une capacité remarquable à casser les lignes adverses. En tant que pur produit de l'Ajax, sa qualité de passe n'a surpris personne. Mais ce sont ses feintes subtiles et sa capacité à se défaire du pressing par le dribble qui ont véritablement bluffé son entraîneur.

    « C'est une qualité spéciale que Ryan possède, cette faculté à se retourner face à son adversaire », a déclaré Slot. « Il est l'un des rares milieux défensifs capables de créer un surnombre par le dribble. La plupart des joueurs à ce poste se contentent de passer, et Ryan est aussi très bon dans ce domaine. Mais créer le danger par le dribble, on ne voit pas ça souvent de la part d'un numéro 6 ».

  • Declan Rice Martin Zubimendi Arsenal 2025-26Getty Images

    Tout le monde est gagnant ?

    Le transfert avorté de Zubimendi s'est donc révélé être une bénédiction pour Liverpool, et en particulier pour Ryan Gravenberch, passé du statut de joker à celui de Meilleur Jeune Joueur de la saison en Premier League en moins d'un an.

    Son repositionnement a également eu un effet bénéfique sur Alexis Mac Allister, qui a pu évoluer plus haut sur le terrain, comme il le souhaitait. Le duo a formé un double pivot parfait, qui a servi de rampe de lancement pour les attaques de Liverpool. « Ils sont importants pour nos attaquants », a expliqué Slot. « Nous avons des attaquants spéciaux, et nous devons juste nous assurer qu'ils reçoivent le ballon dans de bonnes conditions. Pour cela, vous avez besoin de deux numéros 6 capables de leur amener le ballon ».

    À Liverpool, ce duo est composé de Gravenberch et Mac Allister. Et Arsenal pourrait bien avoir trouvé son équivalent. Car les premiers signes montrent qu'un joueur comme Declan Rice pourrait tout autant bénéficier de l'arrivée de Zubimendi.

    Au final, il n'y a peut-être eu aucun perdant dans cette histoire. Avec Gravenberch à la baguette, Liverpool est bel et bien passé à autre chose. Et Arsenal, en ajoutant Zubimendi à son effectif déjà pléthorique, est en position idéale pour viser encore plus haut. C'est l'un de ces rares cas où un long feuilleton de transfert a finalement profité à toutes les parties concernées.